source wikipédia
Nom de naissance | Jean Roger Gouyé |
---|---|
Surnom | « L'enfant terrible » |
Naissance |
Les Lilas (Seine, France) |
Nationalité | Française |
Décès |
(à 69 ans) Morsains (Marne, France) |
Profession | Acteur, chanteur, humoriste, écrivain, réalisateur, producteur, compositeur |
Films notables |
Que la bête meure Le Boucher Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil Nous ne vieillirons pas ensemble Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ Attention bandits ! Regarde les hommes tomber |
Jean Gouyé, dit Jean Yanne, né le aux Lilas et mort le à Morsains, est un acteur, humoriste, écrivain, réalisateur, chanteur, producteur et compositeur français.
Amuseur provocateur satirique, parodique et parfois absurde, esprit anticonformiste au ton gouailleur, il se fait d'abord connaître à travers des sketchs ou numéros de chansonnier au cabaret, à la radio et à la télévision, se créant un personnage de râleur « à qui on ne la fait pas », puis en tant qu'animateur. Son impertinence lui vaut plusieurs renvois des médias et divise les Français. Passant à la mise en scène, il brocarde sur grand écran les sujets de société et les hypocrisies de l'époque : ses superproductions Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (1972), Moi y'en a vouloir des sous (1973), Les Chinois à Paris (1974) et Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982) remportent de larges succès.
En tant qu'acteur de cinéma, outre de nombreux seconds rôles remarqués et quelques comédies en tête d'affiche comme Erotissimo (1969), il surprend par son incursion dans le drame avec Que la bête meure (1969) et Le Boucher (1970) de Claude Chabrol puis Nous ne vieillirons pas ensemble (1971) de Maurice Pialat, ou encore sous la direction de Jean-Luc Godard et Claude Lelouch ; il y donne un côté sombre, voire inquiétant à son rôle habituel de « beauf » bourru, vachard et individualiste. Pour Nous ne vieillirons pas ensemble, il obtient le prix d'interprétation masculine du festival de Cannes en 1972.
Il est également un sociétaire historique de l'émission Les Grosses Têtes de Philippe Bouvard sur RTL pendant vingt ans, retrouvant son complice Jacques Martin.
Un de ses grand-pères s'installa à Paris en arrivant de Bretagne, de Liffré en Ille-et-Vilaine.
Les Gouyé, Gouyet, Gouyer sont à l'origine une famille de sabotiers qui, au XVIII siècle, habitent la forêt de Mayenne. Gouyé veut dire « petite mare ».
Jean Gouyé est le deuxième fils d'André Gouyé, ouvrier-lithographe avant la Seconde Guerre mondiale, puis ébéniste auprès de son frère en 1945. Sa mère, Aimée Bonabeaux (1913-2002) est couturière chez des grands couturiers, notamment chez Jeanne Lanvin.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, la famille de Jean Yanne est expédiée par son père à Celles-sur-Belle. Il y séjourne jusqu'en 1943, car son père est prisonnier en Allemagne et détenu dans un camp de travail. Ensuite, Jean Yanne effectue ses études aux Lilas dans l'enseignement primaire catholique, puis au collège. Il est renvoyé en sixième du lycée Turgot en 1945 et il entre au lycée Chaptal où il obtient le brevet d'études du premier cycle du second degré (BEPC) et participe à une activité théâtre. Il décide alors de ne pas poursuivre ses études et commence un apprentissage d'ébéniste chez son oncle, qu'il quitte rapidement, car ce dernier n'a pas les moyens de le rémunérer.
Il commence des études de journalisme au Centre de formation des journalistes (CFJ) de Paris à la rentrée 1950, où il reste cinq mois. Contrairement à ce que prétendent beaucoup de sources, il n'appartient pas à la promotion de Philippe Bouvard qui a intégré le CFJ en 1948. Ses condisciples du CFJ se souviennent de ses talents d'amuseur et de provocateur, avec lesquels il a mis en révolution cet établissement. Il est pigiste dans plusieurs journaux : L'Aurore, Paris-Presse, L'Écho de la Mode, L'Humanité Dimanche. Il couvre aussi une série de reportages pour Time-Life et s'occupe de la rubrique « Le coin du dragueur » dans le journal Dragueur de mines.
Il abandonne progressivement le journalisme pour écrire des sketches de cabaret à la suite des conseils de Bob du Pac. Ils débutent ensemble dans un petit cabaret : l'Académie des vins. Roger-Jean Gouyé devient alors pour la scène Jean Yanne, référence aux origines bretonnes de sa famille, car son nom est trop souvent transformé en Couillé. Le pseudonyme « Yanne » provient du prénom breton Yann, son père dont les racines sont bretonnes appelant souvent son fils par ce prénom.
A des chansons enregistrées à l'Olympia, en 1957, il ajoute des chansons enregistrées en studio, écrites sous les noms de Johnny Rock Feller et ses Rock Childs, Honzalagur Pompernickel et sa Dame, dans l'album "Le misanthrope provocateur". Son spectacle à la La Fontaine des Quatre-Saisons est remarqué par la presse dès janvier 1958, qui salue "un jeune de grand avenir, le doux Jean Yanne", un "pitre, empreint d'une onction tout ecclésiastique", "obsédé par la question de la réconciliation du clergé et de la classe ouvrière", qui "se produit en compagnie de Francis Blanche, Jacqueline Maillan et Pierre Doris". Elle le suit aussi en 1960 au cabaret "Les Trois Baudets", où se produisent aussi Jean-Pierre Darras et Philippe Noiret.
En 1957, Jean Yanne pour les textes et Siné pour les dessins, animent une revue anticléricale J'y va-t-y j'y Vatican puis Ça fait des bulles.
Il commence une carrière de journaliste au Dauphiné libéré, puis d'animateur à la radio au début des années 1960. Joueur d'orgue (toute sa vie il va en posséder un) et de piano, il se lance également dans la chanson, comme compositeur et chansonnier, dans des émissions comiques avec Jacques Martin, Roger Pierre et Jean-Marc Thibault, notamment un disque de rock sous le nom de Johnny 'Rock' Feller et ses 'Rock' Child, avec des titres comme J'aime pas le rock, Le rock coco, Saint-Rock, en 1961 ; également des parodies comme celles des Élucubrations d'Antoine, écrites avec Jacques Martin : Les Émancipations d'Alphonse, Les Revendications d'Albert, Les Pérégrinations d'Anselme et Les Préoccupations d'Antime (1966). Toujours à la recherche de son style, il écrit dans l'hebdomadaire L'Os à moelle, brièvement repris par Pierre Dac en 1965. Ces textes furent rassemblés dans un recueil paru peu avant sa mort.
Avec Jacques Martin, il apparaît en 1964 dans l'émission de télévision, Un égale trois, très caustique pour son temps, qui est diffusée à 20 h 30 sur l'unique chaîne de l'époque. L'émission est arrêtée après cinq numéros car elle déplaît fortement au ministère de l'Information, en particulier son sketch sur Napoléon à la bataille de Waterloo transposée sous forme de course cycliste.
Les relations de Jean Yanne avec les directions de l'audiovisuel sont légendaires et il est décrit comme « champion en matière de licenciements ». Avec Alain Barrière, Pierre Perret, Juliette Greco, Leny Escudero et Guy Bedos, il fait partie des chanteurs qui témoignent de leur solidarité avec les grévistes de l'ORTF en mai-juin 1968, dans Le Monde du 10 juin 1968. Renvoyé pour son impertinence de la télévision française, il est embauché par RTL qui le renvoie en 1969. Il est également renvoyé d'Europe 1 et France Inter.
Sa carrière prend le tournant du cinéma en 1964 dans La Vie à l'envers d'Alain Jessua. Il tourne dans des dizaines de films, en multipliant les seconds et premiers rôles. Il incarne, avec une gouaille très parisienne et un humour grinçant, une figure de Français moyen, râleur, vachard, égoïste et roublard, mais avec un grand c?ur.
La confusion du public entre l'acteur et les rôles qu' il incarne ne sert pas son image, au début. Sa manière de plaisanter, agressive, débraillée, versant du vitriol sur des plaies ouvertes, tenant la compassion pour obscénité, choque un peu la France de l'époque. Il est de ce fait renvoyé de la radio ; son film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en parle de façon romancée.
En 1967, il joue dans Week-End de Jean-Luc Godard, puis se révèle véritablement en 1969 dans Que la bête meure de Claude Chabrol, où il incarne un homme intelligent, mais d'une absence de sensibilité qui le rend brutal ; il devient connu dans la France entière. Il enchaîne avec Le Boucher, du même Claude Chabrol, où il incarne un commerçant inquiétant, amoureux et assassin. En 1969, il écrit également une BD avec Tito Topin au dessin : La langouste ne passera pas, publiée chez Casterman. Malgré de mauvais rapports pendant la production, il tourne avec Maurice Pialat, en 1971, Nous ne vieillirons pas ensemble, où il incarne à nouveau son personnage d'insensible et pour lequel il obtient le prix d'interprétation au festival de Cannes 1972, récompense qu'il n'ira pas chercher.
Voulant changer de registre et préférant se tourner vers la comédie et l'humour satirique, il tourne ses premiers films à partir de 1972, dans lesquels il veut donner toute la mesure de son esprit caustique, anticonformiste, parodique et parfois à la limite du délire.
Avec son compagnon d'écriture Gérard Sire, il brocarde la radio, qu'il connaît bien, dans le film Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil en 1972, la politique avec Moi y'en a vouloir des sous en 1973 et Les Chinois à Paris en 1974, le monde du spectacle avec Chobizenesse en 1975 et celui de la télévision avec Je te tiens, tu me tiens par la barbichette en 1978.
Afin de contrôler la production de ses films, il s'associe avec Jean-Pierre Rassam, qui fusionne sa société Mara Films pour fonder avec Yanne la société de production Ciné qua non, clin d'?il à l'expression latine Sine qua non, qui s'installe avenue des Champs-Élysées. La société a vite la réputation d'être dépensière et festive. L'échec de Les Chinois à Paris et de Chobizenesse a d'ailleurs raison de l'entreprise malgré l'appui financier de Gaumont et de Marcel Dassault. L'acteur tente ultérieurement de réinvestir le domaine de la production avec une nouvelle société, Productions Yanne, sans succès.
Malgré leur échec financier, Les Chinois à Paris et plus encore Chobizenesse lui valent l'attention de producteurs américains en raison des sujets traités, moins exclusivement français que dans les deux films précédents, notamment le recours aux danses et ballets.
Il réalise ensuite une parodie de péplum, Deux Heures moins le quart avant Jésus-Christ (1982), avec Coluche et Michel Serrault, qui remporte un gros succès public, puis, de nouveau, une charge contre le monde politique avec Liberté, Égalité, Choucroute.
Pour ce fils d'ouvrier, fin lettré (il est également conseiller international en achat d'?uvres d'art), l'art n'est qu'un attrape-gogos. Il lance sur RTL : « quand j'entends le mot culture, j'ouvre mon transistor » (parodie de l'aphorisme célèbre de Hanns Johst, homme de théâtre allemand [dans la pièce Schlageter] : « Quand j'entends parler de culture, je sors mon revolver »).
Jean Yanne oscille entre deux faces d'un même personnage :
Il s'expatrie, en 1979, pour raisons financières, à Los Angeles (Californie), mais revient régulièrement en France, pour se ressourcer dans sa propriété de Morsains, petit village d'une centaine d'habitants en Champagne, entre Montmirail et Esternay ; pour apparaître dans des émissions de radio, comme sa chronique matinale sur RTL et aussi pour tourner au cinéma et à la télévision. La plupart de ses derniers rôles ressemblent à ceux de ses débuts, mettant en scène des personnages râleurs et individualistes, mais au grand c?ur.
Il est l'un des sociétaires des Grosses Têtes, l'émission de Philippe Bouvard sur la station de radio française RTL, aux côtés de ses amis Jacques Martin et Olivier de Kersauson, se livrant à d'hilarants numéros d'improvisation. Il rejoint l'émission de Laurent Ruquier On va s'gêner sur Europe 1 en 2000.
Côté audiovisuel, il est également le créateur, avec Jacques Antoine, de Je compte sur toi !, jeu diffusé sur La Cinq. Présenté par Olivier Lejeune, le programme a créé une polémique, à l'époque de sa diffusion car, lors de l'épreuve finale, les candidats doivent compter des centaines de véritables billets de banque pendant qu'ils sont déstabilisés par de nombreux éléments perturbateurs. Si le compte des billets est bon, la somme est gagnée. Cet étalage d'argent en choque beaucoup, qui considèrent cela comme vulgaire et choquant. Pourtant, cette émission ne fait que parodier les codes existants des jeux télés (femmes-objets sur le plateau, étalage de cadeaux de luxe pour appâter le candidat?). De 1987 à 1990, il est invité à plusieurs reprises de l'émission culinaire Quand c'est bon ?? Il n'y a pas meilleur ! diffusée sur France 3 et animée par François Roboth.
Jean Yanne est aussi l'auteur du célèbre slogan « Il est interdit d'interdire », qu'il prononça par dérision, lors d'une de ses émissions radiophoniques du dimanche au printemps 1968 et qu'il a été tout surpris d'entendre repris ensuite « au premier degré ».
Longtemps considéré comme un simple amuseur, Jean Yanne prend, avec le temps, la dimension d'un critique des travers et des aspects ridicules de son époque.
Il épouse, le , Jacqueline Renée Guellerin Allard. En 1971, il quitte régulièrement le plateau du tournage de Nous ne vieillirons pas ensemble pour l'accompagner dans la maladie malgré leur séparation. Jacqueline meurt en 1972 des suites d'un cancer du poumon.
De sa liaison avec Sophie Garel, il a un fils Thomas né en 1970.
On lui connaît une longue liaison avec Nicole Calfan puis, à partir de 1976, avec Mimi Coutelier.
En 1990, il rencontre Christiane Fugger von Babenhausen, fille d'un aristocrate allemand et d'une brahmane indienne. En 1991, ils ont un fils, Jean-Christophe. Christiane meurt accidentellement à Dubaï, à 49 ans, en 2009.
Il meurt le d'une crise cardiaque dans sa propriété de Morsains. Ses obsèques sont célébrées en l'église Notre-Dame-du-Rosaire des Lilas, où il a été baptisé étant enfant, suivi de son inhumation au cimetière communal des Lilas (Seine-Saint-Denis).