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Naissance |
Amsterdam (Pays-Bas) |
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Nationalité | Néerlandaise |
Profession |
Réalisateur Scénariste |
Films notables |
RoboCop Total Recall Basic Instinct Starship Troopers Black Book Elle |
Paul Verhoeven (prononcé en néerlandais : /?p?u?l v?r??uv?(n)/) est un réalisateur et scénariste néerlandais, né le à Amsterdam. Sa carrière se divise en trois grandes périodes : il obtient d'abord ses premiers succès aux Pays-Bas, puis accepte l'invitation de Hollywood et s'installe aux États-Unis, avant de rentrer en Europe, sur le tard, pour y retrouver la liberté de tourner des films plus personnels.
Formé pour l'essentiel durant son service militaire au département audiovisuel de la Marine néerlandaise, pour laquelle il tourne des documentaires promotionnels dès 1964, il réalise ses premiers films aux Pays-Bas. Il obtient rapidement des succès importants avec, notamment, Turkish Délices (1973), record d'entrées dans son pays encore aujourd'hui. Mais après le très rude Spetters (1980), la censure, de plus en plus forte, le conduit à partir aux États-Unis. Il y découvre un tout autre monde et obtient ses plus grands succès internationaux : RoboCop (1987), Total Recall (1990), Basic Instinct (1992), avant les controversés Showgirls (1995) et Starship Troopers (1997). Progressivement, le côté dérangeant et provocateur de sa production lui met cependant les studios à dos, tandis que le manque croissant de liberté le décide à rentrer en Europe pour tourner Black Book (2006). Regagnant en reconnaissance, il présente en 2016 le film francophone Elle, qui reçoit de nombreuses récompenses, parmi lesquelles une sélection en compétition officielle à Cannes, ainsi que deux César, dont celui du meilleur film.
Toute la filmographie de Verhoeven est traversée par les thèmes du sexe, de la violence et de la religion, qu'il considère comme « les trois principaux éléments sur terre ». En tant que réalisateur, il se pose en observateur froid et lucide, quitte à choquer pour mieux montrer la stricte réalité.
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Paul Verhoeven est né le à Amsterdam, d'un père instituteur et d'une mère au foyer. Très marqué par la Seconde Guerre mondiale, dont il est un témoin direct dans son pays occupé par les Allemands, il garde le souvenir de scènes terribles. Mais il se souvient également d'une enfance joueuse, qui détournait ce décor sordide pour en faire comme une cour de récréation. Après la libération, les films américains se propagent aux Pays-Bas, et son père l'emmène souvent au cinéma. Il fréquente alors le Gymnasium Haganum à La Haye, où il s'oriente vers des cours de physique et de mathématiques.
En 1955, toujours à l'initiative de son père, francophile, ses parents l'envoient passer une année en France, au lycée Henri-Martin de Saint-Quentin (Aisne) puis en pension à l'Alliance française Paris Île-de-France. Il y rencontre un professeur de français qui lui fait découvrir les grands classiques du cinéma, dans le cadre de son ciné-club. Il avoue que la naissance de sa vocation de metteur en scène remonte à cette époque ; il veut intégrer l'IDHEC, mais sa démarche est trop tardive et il rentre aux Pays-Bas.
Il reprend ses études à l'université de Leyde (Leiden) où, fasciné par le surréalisme, et de plus en plus tenté par un mode d'expression plus créatif, il prend quelques cours de peinture, et tourne en parallèle ses premiers courts-métrages. Son premier, Un lézard de trop (Een hagedis teveel), se veut un croisement entre Hiroshima, mon amour et le cinéma d'Ingmar Bergman. Le deuxième, Rien de particulier (Niets bijzonders), s'inspire plutôt de la Nouvelle Vague. Il obtient son diplôme en mathématiques et physique en 1960.
En 1964, il effectue son service militaire dans la Marine néerlandaise, où il est chargé de concevoir la forme des projectiles. Mais, toujours plus animé par son attrait pour l'art, il profite de diverses rencontres pour rejoindre le département audiovisuel. Là, il commence à tourner des documentaires, notamment un film pour fêter le tricentenaire de l'institution (Het Korps Marinier, 1965), pour lequel il reçoit un prix au Festival du film militaire de Versailles. Outre de le familiariser avec la technique sur pellicule, l'expérience lui apporte ainsi un début de visibilité. C'est là qu'il décide d'abandonner la carrière de professeur de mathématiques promise à ses camarades. Il dira en riant : « en fait, je dois tout à l'armée ».
À son retour dans le civil en 1966, sa compagne tombe enceinte, et cette brusque paternité l'inquiète pour ses espoirs de carrière au cinéma. En pleine recherche sur lui-même, il se laisse convaincre par un tract reçu dans la rue, et part rejoindre une communauté pentecôtiste. L'expérience est intense, mais il ne tarde pas à y voir une certaine folie, et il y met fin après trois semaines. C'est là qu'il choisit de se « fermer les portes de la perception ». Il développe son goût pour l'hyperréalisme, qu'il fait en quelque sorte son « antidote ». Il est alors engagé par la télévision du pays, où il met déjà ses thèses en application. Son dernier documentaire, paru en 1967, porte sur Anton Mussert, le chef du parti fasciste local. Désireux de laisser chacun donner son avis, quel que soit son degré de désaccord avec les propos formulés, il interviewe d'anciens SS, qu'on voit ainsi s'exprimer pour la première fois à la télévision, ce qui était interdit jusque-là.
Son premier succès vient en 1969 avec la série télévisée Floris, qui lui permet de faire la connaissance de Rutger Hauer, avec qui il collaborera durant toute sa période néerlandaise. Il rencontre le scénariste Gerard Soeteman et ensemble ils entament une série de films, qui ne cessera là aussi qu'avec le départ du cinéaste pour les États-Unis.
Repéré pour ses premiers travaux, Paul Verhoeven est approché par le jeune producteur néerlandais Rob Houwer, familier du nouveau cinéma allemand, pour adapter un roman d'Albert Mol en le transposant dans le quartier rouge d'Amsterdam. Verhoeven et Soeteman se montrent réticents, le script proposé se révélant tendre à une suite de sketchs sans réelle trame narrative, mais ils acceptent quand Houwer leur promet le film qu'ils voudront si celui-ci est une réussite. Qu'est-ce que je vois ? (Wat zien ik!?) sort en 1971. Il s'agit d'une comédie légère centrée sur deux prostituées aux visions opposées sur la profession, et où chaque client est tourné en dérision. Ce premier long-métrage, qui réunit diverses vedettes locales du théâtre et de la télévision, remporte un immense succès aux Pays-Bas. Avec 2 359 000 entrées dans les salles nationales, il réussit ce qui reste en la quatrième plus grosse performance de leur histoire. Mais Verhoeven avoue ne pas se reconnaître dans le film, et se souvient surtout de n'avoir pas pu en faire ce qu'il souhaitait vraiment. L'expérience le met toutefois en position de force pour son projet suivant, le sulfureux Turkish Délices (Turks Fruit). Tiré d'un roman célèbre dans son pays, Loukoum, de Jan Wolkers, il met en scène une histoire d'amour empreinte de libération sexuelle, sur fond de bourgeoisie hollandaise égoïste et figée. Inspiré de nouveau par la Nouvelle Vague, Verhoeven s'y attaque férocement aux codes de la bienséance et de la religion. Le film sort en 1973, et remporte un plus gros succès encore que son prédécesseur, puisqu'en attirant 3 338 000 de spectateurs dans les cinémas néerlandais, il détient toujours en 2016 leur record d'entrées.
Le cinéaste continue de bâtir sa renommée avec Katie Tippel (1975), où il retrouve le couple principal de Turkish Délices, Rutger Hauer et Monique van de Ven. Adapté de l'autobiographie de la Néerlandaise Neel Doff, Jours de famine et de détresse, il raconte l'ascension sociale d'une jeune fille pauvre à la fin du XIX siècle, des années de prostitution à son accès à la haute société. Alors plus gros budget dans l'histoire du cinéma néerlandais, le film marque aussi la première incursion de Verhoeven dans le genre historique. Il enregistre un nouveau bon score au box-office local, avec 1 829 000 entrées, lui assurant toujours en 2016 le neuvième meilleur résultat en salles aux Pays-Bas. Le réalisateur admettra néanmoins plus tard regretter la manière dont il a géré l'histoire, considérant qu'il avait alors sans doute manqué de recul, du fait de son jeune âge, de son obsession pour le sexe et du succès de Turkish Délices.
Le premier succès international arrive en 1977 avec Le Choix du destin (Soldaat van Oranje), sélectionné notamment pour le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère. Tourné sous le parrainage de la reine, présente à l'avant-première, et avec l'appui de l'armée néerlandaise, il est basé sur les mémoires d'Erik Hazelhoff Roelfzema, légende de la résistance néerlandaise, et annonce en partie le Black Book de 2006. C'est à nouveau le film le plus cher de l'histoire des Pays-Bas. Il met en scène des étudiants de l'Université de Leyde, que Verhoeven a lui-même fréquentée, et apparaît assagi, conçu pour un plus large public qu'à l'accoutumée. Malgré des critiques réservées, Le Choix du destin totalise plus d'un million et demi de places vendues aux Pays-Bas, et surtout réussit à attirer l'?il au-delà des frontières du royaume. Le réalisateur raconte avoir été félicité pour ce film par Steven Spielberg, qui lui recommande alors de venir s'installer aux États-Unis, où il rencontrerait moins de difficultés à financer ses projets. Il se fait même approcher par la 20th Century Fox pour diriger ce qui deviendra L'Empire contre-attaque, mais le projet est avorté quand le studio découvre son film suivant, le sulfureux Spetters (1980).
Ce dernier est pour Verhoeven une manière de faire contrepoint avec Le Choix du destin, articulé autour du milieu intellectuel néerlandais, en montrant cette fois la part ouvrière de la société. Le script s'inspire également d'une pièce représentée à l'époque, Whose Life Is It Anyway? (dont John Badham tirera le film C'est ma vie, après tout ! en 1981), qu'appréciait particulièrement le scénariste Gerard Soeteman. Il est enfin possible de voir dans Spetters une réponse à Grease, sorti deux ans plus tôt : John Travolta est à plusieurs reprises cité dans le film, et son titre lui-même signifie à la fois « beaux gosses » et « éclaboussures », au sens de l'huile et de la graisse (« grease » en anglais) qui jaillissent des mécaniques.
Premier film du cinéaste à ne pas être tiré d'un livre, et notamment d'une biographie comme c'était jusque-là souvent le cas, Spetters se veut le témoin de la réalité présente, plus particulièrement celle des petits villages de son pays. Prenant pour décor le milieu du moto-cross, un choix motivé par son impact visuel, le film marque le retour de Verhoeven à un cinéma très cru, qui sera perçu comme « un sommet de la décadence » selon ses dires. Malgré une presse accablante quand il sort, Spetters réalise un bon score dans son pays, avec 1 124 000 tickets écoulés. Mais le réalisateur racontera combien il a peiné pour s'assurer des subventions de son gouvernement, osant même envoyer une version factice du script pour obtenir l'approbation. En lui mettant ainsi à dos critique et classe dirigeante, l'expérience est douloureuse pour Verhoeven. Les années 1980 marquent à ses yeux un tournant dans le cinéma hollandais, en ce sens que le comité public chargé de le financer, qui allouait jusque-là entre 40 et 60 % des budgets nécessaires, s'est progressivement radicalisé vers la gauche, imposant aux films de « témoigner d'un intérêt culturel ou intellectuel ». Et il estime qu'à ce titre, son succès auprès du public local jouait nettement en sa défaveur.
Pendant le tournage de Spetters, Verhoeven réalise pour la chaîne KRO un téléfilm de 65 minutes, C'est fini, c'est fini (Voorbij, voorbij), en 1979. Le scénario, à nouveau écrit par Soeteman, forme un prolongement au Choix du destin : cinq amis anciens résistants, qui se sont promis durant la guerre de venger le meurtre d'un de leurs camarades, se retrouvent trente-cinq ans plus tard devant le coupable, un vétéran des SS devenu handicapé.
Verhoeven revient au cinéma en 1983, avec Le Quatrième Homme (De vierde man), où il semble répondre aux critiques reçues pour Spetters. Il y adapte un auteur reconnu, le Néerlandais Gerard Reve, et y déploie un symbolisme omniprésent, supposément apprécié des cercles intellectuels. Le cinéaste réussit son pari sur ce point : les retours sont effectivement bien plus flatteurs. Mais le film, dont le thème de la veuve noire possiblement fantasmée annonce en partie Basic Instinct près de dix ans plus tard, est le premier à rester sous la barre du million d'entrées aux Pays-Bas. Verhoeven, qui commence à recevoir de nombreuses propositions d'Hollywood, s'oriente alors progressivement vers le cinéma international.
Il se lance dans une grosse production financée par le studio américain Orion Pictures, basée en Espagne et tournée en anglais, La Chair et le Sang (1985). Il s'agit d'une vaste fresque d'aventures médiévale, brutale et sans concession. Si le script n'hésite par à céder aux anachronismes, il s'appuie en revanche sur une documentation dense et sérieuse pour dépeindre les rapports humains alors en vigueur. Verhoeven et son scénariste Gerard Soeteman se réfèrent notamment à un essai lu à l'époque de Floris : L'Automne du Moyen Âge, où l'historien Johan Huizinga parle d'une période qui, à l'approche de la Renaissance, sent à la fois « la rose et la merde ». Le tournage est difficile, multipliant les aléas et initiant une brouille durable entre le réalisateur et Rutger Hauer, inquiet pour son image après un tel rôle. Le film sera du reste critiqué pour ses excès à sa sortie, et Verhoeven s'en avoue lui-même peu satisfait, le qualifiant d'« à moitié réussi et à moitié de transition ». Il trouve en particulier le couple d'Hauer et de la toute jeune Jennifer Jason Leigh mal assorti, mais aussi que les dialogues se ressentent de ses lacunes d'alors dans la langue anglaise. S'il a depuis accédé au rang de chef-d'?uvre pour nombre de spectateurs, La Chair et le Sang essuie à sa sortie un nouveau revers au box-office, qui achève de convaincre le cinéaste de suivre le conseil de Spielberg, et vers 1985 il émigre outre-Atlantique.
Aux États-Unis, c'est encore Spielberg qui introduit Verhoeven dans le milieu hollywoodien. Il débute en tournant un épisode de la série télévisée Le Voyageur, anthologie fantastique alors dans sa troisième saison. Intitulé La Dernière scène, il s'agit d'un exercice de style, qui ouvre sur une scène de sexe et joue ensuite sur les mises en abyme. Ainsi mieux familiarisé avec la direction d'une équipe américaine, le cinéaste n'en garde pas moins le souvenir de ses difficultés avec la langue anglaise, allant jusqu'à se méprendre sur certains dialogues qu'on lui donnait à lire :
« Un personnage disait à un ami « Come on, brother », et moi je cherchais en amont où il était écrit que ces deux-là étaient frères ! (rires) »
En parallèle, il travaille à son premier film outre-Atlantique, RoboCop (1987), qui fait figure de test pour sa femme et lui : ils ne resteront aux États-Unis que si l'expérience est un succès. RoboCop marque une évolution dans le style de Paul Verhoeven. Pour la première fois, il ne collabore plus avec Gerard Soeteman, mais avec deux scénaristes locaux débutants, Edward Neumeier et Michael Miner. Ces derniers se sont associés au producteur Jon Davison, et au studio indépendant Orion Pictures, pour qui le succès surprise de Terminator a ouvert la voie aux films de cyborgs. Ils ont déjà approché différents réalisateurs, comme Alex Cox ou David Cronenberg, mais tous ont refusé. C'est sur une idée de Barbara Boyle, sous-directrice à l'époque d'Orion et qui avait aimé La Chair et le Sang, qu'ils se tournent vers Paul Verhoeven, lequel confiera avoir d'abord détesté le script proposé. Mais tandis qu'il s'apprête à son tour à décliner l'offre, son épouse lit elle-même le texte, et parvient à le convaincre de mieux l'étudier. C'est ainsi qu'il reprend le script, et réussit petit à petit à en extraire les aspects intéressants. Plus particulièrement, il entrevoit dans le personnage central la figure du Christ, envisageant l'histoire comme une parabole parlant « de crucifixion, de résurrection, et du paradis perdu ». Il s'est en effet rapproché à l'époque du Jesus Seminar, une communauté pentecôtiste qui envisage Jésus dans son aspect historique, et l'étudie de manière critique.
Pour le rôle principal, on lui propose Arnold Schwarzenegger, mais il le juge trop imposant. D'autres noms circulent comme Rutger Hauer, Tom Berenger, Armand Assante ou Michael Ironside, mais c'est finalement Peter Weller qui obtient le rôle, pour « son menton parfait ». La mise en scène de RoboCop s'inspire de l'univers de Fritz Lang, et de l'esthétique tranchée de la peinture géométrique de Piet Mondrian. Le récit est entrecoupé de scènes de propagande télévisuelle, qui visent à marquer une distance au récit. Bien que présentes dans le scénario d'origine, elles apparaissent à l'écran plus nettes, se télescopant brutalement avec la fiction, comme les formes tout en angles droits du peintre néerlandais. Présenté à l'été 1987 aux États-Unis, le film remporte un grand succès, et obtient plusieurs récompenses, notamment le Saturn Award de la meilleure réalisation et celui du meilleur film de science-fiction. Verhoeven confiera beaucoup plus tard qu'il le considère encore comme son film le plus abouti, « tant dans son scénario que dans sa dimension politique ».
Le cinéaste se lance ensuite dans le projet Dinosaur, pour Disney. Il devait s'agir d'un film muet écrit par Walon Green, scénariste de La Horde sauvage et Le Convoi de la peur, et produit par Jon Davison, déjà à l'?uvre sur RoboCop. Le studio, inquiet du résultat, préfère mettre un terme au projet. Il renaîtra pourtant douze ans plus tard, sous la forme beaucoup plus familiale d'un film d'animation.
Arnold Schwarzenegger, qui a adoré RoboCop, propose alors au réalisateur d'adapter la nouvelle de Philip K. Dick Souvenirs à vendre, dont il détient les droits. Le scénario qu'il lui transmet, qui deviendra Total Recall (1990), en est déjà à sa 41 version. D'abord aux mains de Disney, puis du producteur Dino De Laurentiis, il appartient désormais au studio Carolco Pictures grâce à l'entremise de Schwarzenegger. Avant Verhoeven, plusieurs réalisateurs ont été approchés, comme Richard Rush, Bruce Beresford, et surtout David Cronenberg, qui ne quittera le projet qu'au bout d'un an de travail. Quand vient le tour du Néerlandais, celui-ci, qui n'a jamais lu Dick auparavant, est séduit par l'idée de double réalité, et accepte de rejoindre le tournage. Fidèle à lui-même, il tire le récit vers plus de satire et de critique, et force à l'écran sa violence graphique. Doté d'un budget important de 65 millions de dollars, soit l'équivalent de celui d'Abyss (1989), articulé sur plusieurs sites et équipes, et pouvant compter sur une quarantaine de décors, le tournage est difficile et nécessite la présence permanente du cinéaste, qui s'attelle à la tâche énergiquement. Plus encore que RoboCop, Total Recall multiplie les effets spéciaux coûteux, mais toujours au service d'un mélange de divertissement violent et de critique acerbe des dérives de la société contemporaine, plus particulièrement américaine. Verhoeven explique ce second point par le choc ressenti à son arrivée dans cette civilisation, notamment par la vente libre d'armes, ou par la peine de mort en public pratiquée dans certains États.
Durant le tournage, il discute avec Schwarzenegger d'un nouveau projet centré sur les croisades, Crusade, et le propose à Walon Green. Le scénariste en fait une grande fresque historique et religieuse, où il aborde différents thèmes comme les rapprochements entre l'Église et la Seigneurie, les conflits avec le monde musulman, ou la naissance des premiers pogroms à l'encontre des Juifs. L'interprète de Total Recall y apparaît en petit escroc qui s'invente un destin mythologique, avant de finalement littéralement le vivre. Inspiré par l'Histoire, et par des livres aussi divers que Al Muqaddimah d'Ibn Khaldoun, La Papesse Jeanne d'Emmanouíl Ro?dis ou le classique du II siècle L'Âne d'or ou Les Métamorphoses d'Apulée, Walon Green compose un récit à la fois symbolique, mystique et politique qui convainc Verhoeven et Schwarzenegger. Le projet ira jusqu'à la pré-production, le cinéaste partant effectuer ses premiers repérages en Espagne, tandis que pour le casting, les noms de John Turturro, Jennifer Connelly et même Irène Jacob et Richard Anconina commençaient à circuler. Mais le producteur Mario Kassar et son studio Carolco mettent le projet entre parenthèses pour se consacrer à L'Île aux pirates, de Renny Harlin. Le film est un tel échec financier qu'il ne leur est plus possible d'investir les plus de 100 millions de dollars que réclame Crusade, lequel est alors définitivement enterré.
Le succès revient pour Verhoeven avec Basic Instinct (1992), à nouveau sous l'impulsion de Mario Kassar. Présenté en ouverture et en compétition au Festival de Cannes, il clôt ce que le cinéaste appelle sa « trilogie psychotique ». En effet, ses trois derniers films creusent chacun à sa manière la thématique du double : le policier mi-homme mi-robot de RoboCop, l'agent double amnésique de Total Recall, et cette fois une autrice de polar suspectée de meurtre. Basic Instinct fait scandale à sa sortie, et déclenche notamment l'ire des ligues féministes et homosexuelles, pour son personnage ambivalent, ses scènes d'amour explicites, et surtout la séquence où Sharon Stone décroise les jambes, nue sous sa jupe. L'actrice a déclaré avoir été piégée par le réalisateur, qui lui aurait promis que rien n'apparaîtrait à l'écran, mais celui-ci assure avoir reçu son accord, et même avec enthousiasme. Quoi qu'il en soit, le film permet à Sharon Stone d'accéder à la célébrité. À en croire le metteur en scène, elle « est arrivée à Cannes inconnue et en deux, trois heures, c'était une star ! »
Durant toute cette période, Verhoeven reçoit beaucoup de propositions qu'il refuse, parmi lesquelles certaines donneront lieu à des classiques comme Seven (1995), Le Silence des agneaux (1992) ou L'insoutenable Légèreté de l'être (1988). Il confiera regretter beaucoup moins le premier que les deux autres, pour lesquels il parle d'« erreur considérable » de sa part.
La fortune cesse brutalement de sourire avec Showgirls (1995), une critique des États-Unis à travers Las Vegas, « ce temple du kitsch et du mauvais goût ». Le film est un fiasco tant critique que commercial. Verhoeven se voit remettre le Razzie Award du pire réalisateur, en mains propres puisqu'il va lui-même récupérer son prix durant la cérémonie, fait très rare dans l'histoire de cette manifestation.
« Lorsque je faisais des films aux Pays-Bas, ils étaient considérés comme décadents, pervers et sordides. Alors je suis venu m'installer aux États-Unis il y a dix ans. Depuis, mes films sont considérés comme décadents, pervers et sordides. »
? Déclaration de Verhoeven aux Razzie Awards pour Showgirls.
Interdit aux moins de 17 ans aux États-Unis, Showgirls est toutefois le premier film du genre à paraître dans le circuit de salles classique. Il n'en reste pas moins un échec majeur au box-office, suffisant pour ruiner la carrière de son actrice principale Elizabeth Berkley, alors célèbre pour son rôle dans la série Sauvés par le gong, et préférée à une toute jeune Charlize Theron jugée encore trop peu connue. Vingt ans plus tard, le cinéaste admettra la chance de cette dernière, qui s'épargnait ainsi « vingt horribles années pour elle ». Showgirls sera toutefois réhabilité par une partie du public quelques années après, inspirant notamment dès 1998 une critique élogieuse de Jacques Rivette, pilier de la Nouvelle Vague, qui dira y voir le « film le plus personnel » de Verhoeven, « l'un des plus grands films américains de ces dernières années ». Suivront dans les années 2000 les louanges de célébrités américaines comme Quentin Tarantino ou John Waters ; puis c'est au tour de Jean-François Rauger, directeur de programmation à la cinémathèque française et critique au Monde, et qui dans ses colonnes avait éreinté le film à sa sortie, d'admettre en 2015 s'être « planté ». Avec le recul, il regrette son article, qu'il juge trop indécis et peu clairvoyant. Mais si le réalisateur s'amuse de voir ainsi Showgirls passer « de la crucifixion à la résurrection », il admet aussi lui-même être allé sans doute trop loin sur ce tournage, en le prenant trop personnellement, et en négligeant ainsi la ligne de conduite qu'il se fixe habituellement.
Verhoeven revient ensuite à la violence crue de ses débuts avec Starship Troopers (1997), lancé sous l'égide de Mike Medavoy, alors directeur de TriStar et transfuge d'Orion Pictures, chez qui il avait financé La Chair et le Sang et RoboCop. Il y renoue avec son esprit provocateur et iconoclaste au sein du cinéma hollywoodien. L'idée naît durant la fin du tournage de RoboCop, lors d'une discussion avec le scénariste Edward Neumeier. Les deux films sont très liés : ils partagent plusieurs membres importants de leurs équipes, et Neumeier ira jusqu'à dire que l'un est en quelque sorte une suite de l'autre. Tiré d'un roman de Robert A. Heinlein, un des piliers de ce qui deviendra l'Initiative de défense stratégique, Starship Troopers est immédiatement pensé comme une satire. Il s'attaque au culte du militarisme, décortique les mécanismes de manipulation des masses et force la caricature. Verhoven avoue avoir profité d'une grande liberté durant le tournage, du fait d'un turnover permanent à la tête de TriStar et sa maison mère Sony Pictures. S'inspirant de films de Leni Riefenstahl, comme Le Triomphe de la volonté, et d'autres documentaires de propagande nazie, il donne à Starship Troopers un style outrancier, qui emprunte à l'imagerie fasciste pour mieux la ridiculiser. Une partie de la critique américaine, notamment le Wall Street Journal, ne perçoit pas l'ironie et prend le message fascisant au premier degré. Le film est mieux accueilli à l'international, et sa critique de l'impérialisme américain finit par être mieux admise aux États-Unis après les attentats du 11 septembre 2001.
Tandis que les petits studios qui ont suivi ses premiers films américains ferment les uns après les autres, Verhoeven dirige ensuite Hollow Man (2000), surtout par amitié pour les membres de l'équipe de tournage. Il admet néanmoins que la question soulevée par l'accroche (jusqu'où irait-on si on était invisible) et la perspective de travailler avec d'importants effets spéciaux le tentaient aussi. Le film réussit un excellent démarrage, battant aux États-Unis le dernier record pour le mois d'août établi par Sixième Sens, alors qu'il est classé R (interdit aux moins de 17 ans non accompagnés) en pleine période estivale, et termine avec près de 100 millions de dollars de bénéfices. Mais s'il a pu glisser certains détails personnels, comme un hommage à Fenêtre sur cour d'Alfred Hitchcock dès la scène d'ouverture, Verhoeven raconte n'avoir pu faire ce qu'il souhaitait, obligé par exemple de ne filmer qu'en intérieur pour éviter d'être accusé de plagier L'Homme invisible d'H. G. Wells, ou contraint de couper des scènes jugées trop violentes par ses producteurs. Il avouera même plus tard regretter de n'avoir pas abandonné le projet. De plus en plus enclin à quitter les États-Unis, il travaille encore à une biographie de Victoria Woodhull, « féministe avant l'heure, probablement prostituée, qui vivait au XIX siècle », pour laquelle il espère séduire Nicole Kidman, mais il doit encore renoncer faute de financement. Comme à l'époque de La Chair et le Sang, ces désaveux coïncident avec une rupture dans sa carrière, puisqu'il décide de mettre fin à sa période américaine et de retourner en Europe poursuivre son ?uvre.
Verhoeven participe au Festival du cinéma nordique de Rouen en 2001, puis, en 2002, il revient aux Pays-Bas, d'abord dans l'idée d'adapter Azazel, le premier tome d'une série de romans écrits par Boris Akounine, un auteur russe très célèbre dans son pays. Il en achète les droits, et reprend contact avec son complice scénariste Gerard Soeteman pour le seconder. Dans le même temps, ils entament une adaptation de Batavia's Graveyard, de Mike Dash, sur le naufrage d'un navire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales.
Mais les deux hommes se consacrent avant tout à relancer un projet envisagé ensemble depuis 1980 : Black Book (Zwartboek), son premier film néerlandais après 22 ans à tourner aux États-Unis, sort en 2006. Le réalisateur explique son retour sur ses terres natales par les difficultés qu'il aurait rencontrées outre-Atlantique : les bons interprètes rendus inaccessibles par leurs agents, la censure morale à l'encontre de certaines scènes, et l'obligation probable de tourner en anglais, antithétique avec son souhait de conserver les langues originales de ses interprètes. Très grosse production à l'échelle des Pays-Bas, Black Book s'inspire de faits réels y ayant eu lieu pendant la Seconde Guerre mondiale (comme Soldaat van Oranje quelques années plus tôt), notamment la vie de la résistante Hélène Moszkiewiez. Très sombre, il bat en brèche un certain nombre d'idées reçues sur le conflit, comme l'antisémitisme existant dans la Résistance, ou l'absolution des responsables nazis qui rejoignaient la lutte anticommuniste. Black Book remporte un net succès, notamment dans son pays où il attire 900 000 spectateurs.
En 2007, il fait partie du jury de Zhang Yimou lors du 64 Festival de Venise. Il partage ce rôle de membre du jury pour le Lion d'or avec notamment Catherine Breillat, Jane Campion et Alejandro González Iñárritu. Il est alors de nouveau évoqué son souhait d'adapter Azazel, qui doit prendre la forme d'un thriller historique, avec Dan Stevens et Milla Jovovich dans les rôles principaux. Mais la grossesse de l'actrice met le projet en suspens. C'est aussi à cette période que Verhoeven confie son intention de tourner une suite à L'Affaire Thomas Crown, à partir du roman Topkapi, le palais d'Istanbul d'Eric Ambler. Baptisé The Topkapi Affair, le film réunirait Pierce Brosnan (déjà présent dans le remake de John McTiernan) et Angelina Jolie. Enfin, le cinéaste s'inspire d'une visite au Jesus Seminar aux États-Unis, et plus généralement de son intérêt pour la religion, pour co-écrire avec Rob van Scheers l'essai Jésus de Nazareth. Publié en 2008, le livre tente une interprétation réaliste, historique et athée de la vie du Christ. Une adaptation centrée sur ses dix-huit derniers mois est alors envisagée, avec le support de Roger Avary, et Mel Brooks et Chris Hanley à la production, mais elle ne voit pas le jour. Toujours en 2008, le festival International du film Entrevues à Belfort consacre à Verhoeven une rétrospective. Le cinéaste est pressenti un an plus tard pour diriger The Surrogates, un thriller tiré d'un roman de Kathy Mackel réadapté par les scénaristes Bruce et Roderick Taylor. L'histoire est celle d'un couple contraint de faire appel à une mère porteuse, et qui comprend que celle-ci fera tout pour garder l'enfant. Le projet est finalement abandonné mais Halle Berry, qui devait y jouer, reste en contact avec Verhoeven pour de prochains travaux.
En 2010, le réalisateur révèle à la télévision néerlandaise son projet d'adapter, avec son complice de toujours Gerard Soeteman, La Force des ténèbres, un roman de Louis Couperus paru en 1900, qui traite des rébellions contre le colonialisme et de la naissance de l'islamisme. Mais le film ne verra pas non plus le jour. Sa première réalisation depuis Black Book ne vient qu'en septembre 2012, avec la sortie aux Pays-Bas de Tricked (Steekspel). Initié un an plus tôt avec le concours de la société de production néerlandaise FCCE, il s'appuie sur le projet Entertainment Experience, une plate-forme d'échange participatif hébergée sur Internet et créée pour l'occasion. À partir d'un script de quatre pages équivalent à cinq minutes de pellicule, écrit par l'actrice Kim van Kooten et posté par Verhoeven, les internautes sont appelés à le développer en apportant leur contribution par nouvelles tranches de cinq minutes. Quelque 10 000 pages de propositions seront reçues et étudiées, jusqu'à l'obtention d'un scénario complet. Au total, environ 30 000 personnes participent, à l'écriture mais aussi au casting, aux bandes-annonces, au choix des musiques, etc. Une vingtaine de versions amateurs du film sont proposées, dont l'une, intitulée Lotgenoten, parviendra finalement à sortir dans les salles néerlandaises en mars 2014. S'y ajoutent encore une version réunissant les moments les plus appréciés par les internautes, et une enfin réalisée par Verhoeven lui-même. Celle-ci, d'un peu plus de 50 minutes seulement, sortira finalement en salles précédée d'un documentaire retraçant toute l'aventure. Le film est présenté dans différents festivals, comme Rome ou TriBeCa, et paraît en France, directement en vidéo, le . S'il se dit satisfait par cette expérience, il estime néanmoins que son format n'est pas viable à grande échelle. Les nombreuses contributions reçues se sont en effet vite révélées disparates et souvent excessives, l'obligeant à les retravailler en profondeur pour leur apporter le liant nécessaire et les modérer.
En 2015, il commence la production d'Elle, une coproduction franco-allemande avec notamment Isabelle Huppert, Virginie Efira et Charles Berling. Verhoeven envisageait d'abord de tourner le film aux États-Unis, mais les difficultés qu'il rencontre à le financer le poussent à élire finalement la France : « Pour obtenir des financements, il faut éliminer tout ce qui pourrait prêter à controverse? Tuer des gens à l'écran, ça, ça ne gêne personne vu que tout le monde est armé. » Soucieux de ne pas privilégier son confort au détriment de l'équipe, il dirige celle-ci entièrement en français. Il prend pour cela des cours intensifs pendant une semaine, à raison de huit heures par jour. Elle est l'adaptation par le scénariste David Birke du roman « Oh? » de Philippe Djian, publié en 2012 aux Éditions Gallimard. Le cinéaste confesse ne connaître au départ l'auteur que par l'adaptation de son livre 37°2 le matin, qui lui avait rappelé Turkish Délices. Il estime être resté fidèle dans Elle au roman d'origine, malgré la prise de « quelques libertés », et se félicite de s'y jouer une fois de plus du politiquement correct. Le film, tourné sous l'égide du producteur franco-tunisien Saïd Ben Saïd, sort en . Il est présenté en compétition officielle au festival de Cannes, 24 ans après l'ouverture de l'édition 1992 avec Basic Instinct, et reçoit de nombreuses récompenses, parmi lesquelles le Golden Globe du meilleur film en langue étrangère et le César du meilleur film.
Le , alors qu'il donne une classe de maître au 16 Festival international du film de Marrakech, l'organisation du 67 Festival de Berlin annonce sa nomination en tant que président du jury des longs métrages, pour remettre l'Ours d'or. Il succède ainsi à la comédienne Meryl Streep.
Le succès de Elle apporte de nouveaux projets à Paul Verhoeven, notamment une adaptation télévisée du roman Bel-Ami de Guy de Maupassant. Un film, centré sur Jean Moulin, « figure emblématique de la Résistance », et qui étudiera « les courants, les antagonismes, les trahisons » en jeu au sein du mouvement, est également évoqué.
Mais en , il est finalement révélé que son film suivant sera intitulé Benedetta et adapté du livre S?ur Benedetta, entre sainte et lesbienne (1986) de l'historienne Judith C. Brown. À nouveau porté par le producteur Saïd Ben Saïd et tourné en français, le projet permettra de retrouver Virginie Efira, déjà présente dans Elle, dans le rôle de Benedetta Carlini, une religieuse catholique italienne du XVII siècle, mystique et lesbienne. Pour avoir entretenu une relation avec une autre s?ur, en pleine période de la Contre-Réforme en Italie, Carlini sera tenue à l'écart de tout contact durant quarante ans. Initialement prévu pour le premier trimestre de 2019, Benedetta est repoussé une première fois à 2020, pour intégrer la compétition officielle du Festival de Cannes où il est de nouveau sélectionné. L'événement étant reporté à l'année suivante en raison de la pandémie de Covid-19, la sortie du film est encore décalée, cette fois à juillet 2021. Dans le même temps, le projet autour de Bel-Ami est confirmé, sous la forme d'une mini-série de huit épisodes en français que Verhoeven réalisera tous, en plus d'être nommé show runner général. Prévu pour l'été 2021, Bel-Ami constituera son premier travail pour la télévision depuis son rôle de producteur délégué sur la série issue de Starship Troopers.
Paul Verhoeven réside à Los Angeles depuis 1985, malgré l'arrêt de ses tournages aux États-Unis. En 2016, il n'envisageait toujours pas de quitter le continent américain, même s'il ajoutait alors « sauf si Trump gagne ».
Il est marié depuis 1967 avec la Néerlandaise Martine Tours. Ensemble ils ont deux filles, l'une peintre et l'autre scénariste pour la télévision.
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