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Alexandre Soljenitsyne
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Alexandre Soljenitsyne en 1998.
Nom de naissance Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne
Naissance
Drapeau de la république socialiste fédérative soviétique de Russie Kislovodsk (RSFS de Russie)
Décès (à 89 ans)
Drapeau de la Russie Moscou (Russie)
Activité principale
Romancier, nouvelliste, poète, dramaturge, essayiste
Distinctions
Prix Nobel de littérature (1970)
Prix Templeton (1983)
Grand prix de l'Académie des sciences morales et politiques (2000)
Prix d'État (Russie) 2007
International Botev Prize (2008)
Auteur
Langue d'écriture russe

?uvres principales

  • La Maison de Matriona (1959)
  • Une journée d'Ivan Denissovitch (1962)
  • Le Pavillon des cancéreux (1967)
  • Le Premier Cercle (1968)
  • Août 14 (1971)
  • L'Archipel du Goulag (1973)
  • La Roue rouge (1972-1985)
  • Deux siècles ensemble (en) (2004)

Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne ou Soljénitsyne (en russe : ????????? ??????? ??????????, ISO 9 : Aleksandr Isaevi? Sol?enicyn), né le 28 novembre 1918 ( dans le calendrier grégorien) à Kislovodsk et mort le à Moscou, est un écrivain russe et un des plus célèbres dissidents du régime soviétique durant les années 1970 et 1980.

Né dans le nord du Caucase, il fait de brillantes études de mathématiques et de littérature. Il adhère alors à l'idéologie du régime communiste. Mobilisé en 1941 lorsque commence la guerre contre l'Allemagne, il suit à sa demande une formation d'officier d'artillerie à partir de 1942. Au front, il fait preuve d'une conduite exemplaire qui lui vaut d'être décoré. Il est cependant arrêté en 1945 pour avoir critiqué Staline dans une correspondance personnelle et est condamné pour « activité contre-révolutionnaire » à huit ans de détention dans un camp de travail pénitentiaire. Libéré en 1953, il est placé en relégation dans un village du Kazakhstan et ne pourra rentrer en Russie qu'en 1959, réhabilité par la Cour suprême.

À la faveur de la déstalinisation et de l'adoucissement du régime sous Nikita Khrouchtchev, il publie un premier roman en 1962, Une journée d'Ivan Denissovitch, première ?uvre littéraire témoignant de l'existence de camps en URSS, qui fait l'effet d'une bombe. Alors que le régime se durcit sous la direction de Brejnev et que la police saisit certains de ses manuscrits, il parvient à publier quelques ouvrages en samizdat (Le Pavillon des cancéreux) ou à l'étranger (Le Premier Cercle). Ils lui valent une renommée mondiale, jusqu'à obtenir le prix Nobel de littérature en 1970.

En 1973, il donne l'ordre de publier à Paris L'Archipel du Goulag. Cette chronique minutieuse du système de répression politique en Union soviétique, nourrie de nombreux témoignages de rescapés des camps, connaît un retentissement mondial. Elle est considérée comme l'un des ouvrages majeurs du XX siècle sur le système concentrationnaire. En 1989, le travail de l'historien Viktor Zemskov sur les archives de l'administration du Goulag soviétique révélera que le nombre réel de détenus popularisé par Soljenitsyne dans son ouvrage était quatre à cinq fois supérieur à la réalité. Quand les fonds du Goulag furent déclassifiés, il apparut que les chiffres de Viktor Zemskov étaient exacts, et ont été reconnus par la communauté scientifique historienne vers 1992-1993.

Arrêté en 1974, il est expulsé d'Union soviétique et déchu de sa citoyenneté. D'abord réfugié en Europe de l'Ouest, il s'installe ensuite aux États-Unis, dans le Vermont, où il passe vingt années d'exil, au cours desquelles il écrit sa monumentale Roue rouge. Réhabilité par Mikhaïl Gorbatchev, il rentre en 1994 à Moscou, où il termine sa vie.

Figure de proue de la dissidence soviétique, il s'en démarque cependant par une vive critique du matérialisme occidental, exprimée notamment dans son Discours de Harvard sur le déclin du courage (1978).

  1. ? Le spécialiste de Soljenitsyne Georges Nivat, son éditeur Claude Durand, ou l'éditeur Fayard écrivent son nom avec un accent aigu. Aussi : couverture de La Maison de Matriona, Presse-Pocket, 1982, (ISBN 2-266-01187-1)
  2. ? Priscille de Lassus, France Mémoire, « Publication de L'archipel du Goulag, imprimé à Paris », sur www.france-memoire.fr (consulté le )

    « Le , le premier tome de L'Archipel du Goulag est publié à Paris, en russe, par une petite maison d'édition de la Montagne Sainte-Geneviève, YMCA Press. 30 000 exemplaires sont tirés. [...] Quelques jours plus tard, l'ouvrage circule déjà en samizdat à Moscou. [...] La déflagration est immédiate. »

  3. ? https://www.cairn.info/revue-politix-2015-2-page-111.htm

Biographie

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Origines et formation

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Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne naît le 28 novembre 1918 ( dans le calendrier grégorien) à Kislovodsk (kraï de Stavropol), sur le versant nord du Caucase. Les parents d'Alexandre se sont connus à Moscou lors d'une permission de son père en et se sont mariés le dans sa brigade.

Son père, Issaaki Sémionovitch Soljenitsyne, étudiant en philologie et en histoire à l'université de Moscou, engagé volontaire dans l'armée russe dès l'été 1914, sert en Prusse-Orientale et est devenu officier. De retour du front au printemps 1918, il se blesse grièvement lors d'un accident de chasse et meurt d'une septicémie le à l'hôpital de Gueorguievsk (kraï de Stravropol).

La mère d'Alexandre, Taïssia Zakharovna Chtcherbak, d'origine ukrainienne, fille d'un paysan aisé de la région de la Kouma, étudiante en agronomie à Moscou, accouche dans sa région d'origine d'Issaaki.

Jusqu'à l'âge de six ans, Alexandre est confié à la famille de sa mère, qui travaille comme sténodactylographe à Rostov-sur-le-Don. Il reçoit des rudiments d'instruction religieuse.

Venu ensuite à Rostov, il partage avec sa mère un logement de neuf mètres carrés situé à proximité de l'immeuble de la Guépéou. Il est admis au sein des Pionniers, mais l'origine sociale de sa famille maternelle lui vaut une exclusion temporaire de l'organisation.

Attiré très jeune par la littérature, ayant fait ses premiers essais littéraires au collège, Alexandre Soljenitsyne choisit néanmoins de faire des études universitaires de mathématiques et de physique, à la fois parce qu'il n'y a pas de chaire de littérature à l'université de Rostov et pour des raisons alimentaires. Il suit cependant des cours de philosophie et de littérature par correspondance, s'inscrit à un cours d'anglais et suit également des cours de latin. Comme il le reconnait volontiers, il adhère à l'époque à l'idéologie communiste dans laquelle il a grandi.

Le , il épouse Natalia Alexeïevna Rechetovskaïa, étudiante en chimie et pianiste, dont il a fait la connaissance en . Il passe avec succès ses examens finaux de mathématiques le et se trouve à Moscou pour ses examens de littérature le , lorsque le Troisième Reich déclenche son offensive contre la Russie soviétique (opération Barbarossa).

Seconde Guerre mondiale

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Lors de l'invasion allemande de 1941, il manque d'abord de se faire réformer, mais est finalement mobilisé à l'automne 1941 comme soldat de l'Armée rouge dans une unité hippomobile opérant à l'arrière du front.

Le , il obtient ? à sa demande ? une place à l'école d'artillerie. En , il en sort lieutenant et est nommé commandant d'une batterie de repérage par le son.

Blessé à deux reprises, sa conduite exemplaire au feu lui vaut d'être décoré de l'ordre de la Guerre patriotique de 2 classe après la bataille d'Orel (1943) et de l'Étoile rouge pour sa participation à la prise de Rogatchov (1944).

Il est aussi promu au grade de capitaine.

Emprisonnement au Goulag et relégation (1945-1959)

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Le , Soljenitsyne est arrêté par le SMERSH pour avoir critiqué dans sa correspondance privée la politique et les compétences militaires de Staline.

Dans une lettre, Soljenitsyne reprochait au « génialissime maréchal, meilleur ami de tous les soldats » (selon les qualificatifs officiels) d'avoir décapité l'Armée rouge lors des « purges de 1937-1938 », fait alliance avec Hitler, refusé d'écouter ceux qui le mettaient en garde contre le risque d'une attaque allemande, enfin d'avoir mené la guerre sans aucun égard pour ses hommes et pour les souffrances de la Russie.

Le destinataire de la lettre est également arrêté, Soljenitsyne et lui étant considérés comme formant une « organisation contre-révolutionnaire » et tombant de ce fait sous le coup de l'article 52 du code pénal : « Nous étions deux qui échangions nos pensées en secret : c'est-à-dire un embryon d'organisation, c'est-à-dire une organisation ! ». Le , accusé d'avoir violé l'article 58 du code pénal, Soljenitsyne est condamné par le conseil spécial du NKVD, par contumace, à huit ans de détention dans les camps de travail pénitentiaire pour « activité contre-révolutionnaire ».

Au début de 1952, Natalia Rechetovskaïa, renvoyée en 1948 de l'université d'État de Moscou en tant qu'épouse d'un « ennemi du peuple », est obligée de divorcer afin de retrouver un emploi.

À sa sortie du camp en , à peine un mois avant la mort de Staline, Soljenitsyne est envoyé en « relégation perpétuelle » dans l'aoul de Kok-Terek (district de Djamboul) au Kazakhstan, où il va être instituteur à l'école du bourg.

En 1954, après une radiothérapie, il guérit de ganglions péritonéaux, suites d'un cancer du testicule (non diagnostiqué) traité par orchidectomie lorsqu'il était au goulag en 1952.

Il se remarie avec Natalia le . Le , il est réhabilité par la Cour suprême de l'URSS et revient en Russie, s'installant chez sa femme et sa belle-mère à Riazan, à 200 km de Moscou, et devenant professeur de sciences physiques.

En 1972, il divorce de nouveau. Il épouse l'année suivante Natalia Dmitrievna Svetlova, une mathématicienne de 32 ans. En plus de Dimitri, fils de son premier mariage, il a trois enfants de sa seconde épouse, Yermolai (né en 1970), Ignat (né en 1972) et Stepan (né en 1973).

Auteur en URSS (1962-1974)

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La période khrouchtchévienne (1962-1964)

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La publication d'Une journée d'Ivan Denissovitch en 1962 dans la revue soviétique Novy Mir, dirigée par Alexandre Tvardovski, grâce à l'autorisation de Nikita Khrouchtchev, donne immédiatement à Alexandre Soljenitsyne une renommée dans son pays et même dans le monde.

Ce récit d'une journée décrit les conditions de vie dans un camp de travail forcé du Goulag au début des années 1950, vues par les yeux d'un simple zek, Ivan Denissovitch Choukhov, maçon issu de la paysannerie.

Soljenitsyne est reçu au Kremlin par Khrouchtchev.

Peu après, il va pouvoir publier d'autres ?uvres assez courtes : La Maison de Matriona, Un incident à la gare de Kretchetovkva et Pour les besoins de la cause.

La période brejnévienne (1964-1973) et le prix Nobel (1970)

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À partir de la chute de Khrouchtchev (15 octobre 1964) et de l'avènement de Brejnev, la situation de Soljenitsyne devient moins favorable et il cesse de pouvoir publier en Union soviétique. Sa vie devient une conspiration permanente pour écrire en dépit de la surveillance assidue du KGB. Une partie de ses archives est saisie chez un de ses amis en .

En 1967, dans une lettre au Congrès des écrivains soviétiques, il demande « la suppression de toute censure ? ouverte ou cachée ? sur la production artistique ». Le , il est exclu de l'Union des écrivains de l'URSS.

Ses romans Le Pavillon des cancéreux et Le Premier Cercle, ainsi que le premier tome de son épopée historique La Roue rouge, paraissent cependant en Occident et lui valent le prix Nobel de littérature en 1970 ; mais il refuse de venir le recevoir à Stockholm, de peur d'être déchu de sa nationalité soviétique et de ne pouvoir rentrer en URSS, et le gouvernement suédois le lui transmet par son ambassade à Moscou.

En 1969, alors qu'il est persécuté par les autorités et ne sait plus où vivre, il est hébergé par Mstislav Rostropovitch. Il manque d'être assassiné en , par un « parapluie bulgare ». Une de ses plus proches collaboratrices échappe de justesse à une tentative d'étranglement et à un accident de voiture.

L'Archipel du Goulag (1973)

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En , la version russe de L'Archipel du Goulag paraît aux éditions YMCA Press à Paris, car le manuscrit a pu être clandestinement sorti d'URSS par Anastasia Douroff (1908-1999), fonctionnaire de l'ambassade de France à Moscou et membre de la communauté apostolique Saint-François-Xavier de Madeleine Daniélou. Le manuscrit est remis à l'imprimerie Béresniak, rue du Faubourg-du-Temple à Paris, qui appartient à la famille maternelle de René Goscinny, une des rares imprimeries françaises à disposer de caractères typographiques cyrilliques. Il y décrit le système concentrationnaire soviétique du Goulag, qu'il a vécu de l'intérieur, et la nature totalitaire du régime.

Cet ouvrage a été écrit entre 1958 et 1967 sur de minuscules feuilles de papier enterrées une à une dans des jardins amis, une copie étant envoyée en Occident grâce à des amis qui risquent gros, pour échapper à la censure. La publication est décidée après qu'une des assistantes de l'écrivain, Élisabeth Voronianskaïa, a été retrouvée pendue () : après cinq jours d'interrogatoire, elle a révélé au KGB la cachette où se trouvait un exemplaire de l'?uvre.

Comme d'autres avant lui, cet ouvrage est un témoignage, mais contrairement à ceux qui l'ont précédé, il est extrêmement précis, sourcé, citant de nombreuses lois et décrets soviétiques utilisés dans la mise en ?uvre de la politique de répression, de sorte qu'il est beaucoup plus difficile aux « négationnistes du Goulag » de nier la véracité des faits décrits.

En France, la publication est accompagnée par une campagne de calomnies organisée par le Parti communiste français et L'Humanité, suivis par des journaux comme Témoignage chrétien, selon lesquels par exemple le dissident aurait des « sympathies pro-nazies ». Malgré cela, le livre connaît une grande diffusion et rend Soljenitsyne immensément célèbre. En France, l'édition est assurée au Seuil par Claude Durand.

Soljenitsyne est arrêté le et incarcéré à la prison de Lefortovo, où il prend connaissance de l'acte d'accusation de haute trahison (punissable de la peine de mort).

Le lendemain, lecture lui est faite du décret le privant de la citoyenneté soviétique et ordonnant son expulsion. Douze heures après son arrestation, il est placé dans un avion spécial à destination de Francfort-sur-le-Main.

Auteur en exil

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Soljenitsyne en compagnie d'Heinrich Böll, à Langenbroich (de) (Allemagne de l'Ouest), en 1974.

Grâce à l'aide de l'écrivain allemand Heinrich Böll, il s'installe d'abord à Zurich en Suisse où sa famille (sa femme, ses quatre enfants et sa belle-mère) est autorisée à le rejoindre un mois plus tard, puis émigre aux États-Unis. Soljénitsyne devient une « figure de proue » des dissidents soviétiques, mais déjà apparaît, à travers ses interviews, un clivage avec certains de ses interlocuteurs qui le soupçonnent d'être réactionnaire ; il se montre en effet méfiant à l'égard du « matérialisme occidental » et attaché à l'identité russe traditionnelle, où la spiritualité orthodoxe joue un grand rôle.

Après une période agitée faite d'interviews et de discours (comme le discours de Harvard prononcé en 1978) aux États-Unis, Soljenitsyne fut souvent invité à des conférences. Le , il fut invité à donner une conférence sur la situation mondiale au Sénat américain. L'Occident découvre alors un chrétien orthodoxe et slavophile très critique sur la société occidentale de consommation, et que les médias français classent dès lors parmi les conservateurs. Comme Victor Serge ou Victor Kravchenko avant lui, l'écrivain doit affronter une campagne supplémentaire de diffamation.

Il s'installe avec sa famille à Cavendish, dans le Vermont, pour écrire La Roue rouge, une épopée historique qui, sur plusieurs milliers de pages, retrace la plongée de la Russie dans la violence révolutionnaire.

En 1983, il reçoit le prix Templeton.

Le , à l'occasion de l'inauguration du Mémorial de la Vendée aux Lucs-sur-Boulogne, il prononce un discours sur les guerres de Vendée et la Révolution française en compagnie de Philippe de Villiers, président du conseil général de la Vendée : il y affirme que la guerre de Vendée est la première victoire du totalitarisme moderne. À cette occasion, il condamne la Révolution française, qu'il décrit comme une « fracture de l'Histoire » source du totalitarisme à l'image de la révolution d'Octobre, et critique la devise républicaine Liberté, égalité, fraternité, qu'il estime irréalisable. En 2016, le Puy du Fou, fondé par Philippe de Villiers, lui rend hommage en insérant son discours dans le spectacle Le Dernier Panache, traitant de la guerre de Vendée et en particulier de la vie du général Charette, figure de la résistance vendéenne.

Retour en Russie et mort

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Soljenitsyne prenant le train à Vladivostok, en 1994.

Dans le cadre de la Glasnost menée par Mikhaïl Gorbatchev, sa citoyenneté soviétique lui est restituée, et L'Archipel du Goulag est publié en URSS à partir de 1989. Après la dislocation de l'Union soviétique, il rentre en Russie le , en arrivant par l'est, à Magadan, jadis grand centre de tri carcéral. Il traverse en un mois son pays en train. Il se rend notamment en compagnie de son ami Boris Mojaïev sur le lieu de l'insurrection paysanne menée par Alexandre Antonov en 1920-1921. Il résidera en Russie jusqu'à sa mort. Jusqu'en 1998, il conserve une activité sociale, anime une émission de télévision, voyage en Russie, rencontre des personnes et d'anciens déportés. La maladie interrompt cette activité.

Soljenitsyne vit ensuite retiré près de Moscou, au milieu de sa famille. Le Fonds Soljenitsyne aide les anciens zeks et leurs familles démunies en leur versant des pensions, en payant des médicaments. Après avoir pensé pouvoir jouer un rôle cathartique dans la Russie post-communiste, Soljenitsyne se rend compte que la nomenklatura a simplement changé d'idéologie, passant du communisme au nationalisme, mais qu'elle s'est maintenue aux affaires et que les démocrates, s'ils veulent convaincre, ne peuvent agir que sur les plans associatif et culturel, le plan politique étant entièrement verrouillé par Boris Eltsine, puis par Vladimir Poutine.

Un colloque international a été consacré à son ?uvre en à Moscou. Le , le président Vladimir Poutine rend hommage à Soljenitsyne en lui décernant le prestigieux prix d'État.

L'ancien dissident Viktor Erofeev estima que « c'était vraiment un paradoxe douloureux de voir comment l'ancien prisonnier pouvait sympathiser avec l'ancien officier du KGB ». Malgré plusieurs rencontres privées avec Poutine et des marques de sympathie réciproque, Soljenitsyne accusa la politique impérialiste du président russe d'épuiser à l'extérieur les forces vives de la nation et reprocha à son nationalisme de détourner les Russes des vrais enjeux de leur avenir. Ces positions sur la politique de la Russie sont expliquées dès 1990 dans son essai Comment réaménager notre Russie.

Il meurt à son domicile de Moscou à 89 ans dans la nuit du 3 au d'une insuffisance cardiaque aiguë. Il est enterré au cimetière du monastère Donskoï. Ses funérailles sont retransmises en direct à la télévision russe.

  1. ? Le patronyme Issaïevitch est une erreur de transcription commise par l'administration de Rostov en 1936. Le patronyme correct était Issaakievitch. Après discussion, Alexandre et sa mère décident de ne pas signaler l'erreur. Saraskina 2010, p. 139.
  2. ? La Russie a maintenu le calendrier julien en usage dans l'Empire russe jusqu'en janvier 1918. À cette date, le gouvernement révolutionnaire adopte le calendrier grégorien. Mais son adoption a été retardée dans les parties périphériques du pays. Voir Passage du calendrier julien au calendrier grégorien.
  3. ? Saraskina 2010, p. 85 et 975.
  4. ? Saraskina 2010, p. 76.
  5. ? Soljenitsyne a mis en scène sa famille dans La Roue rouge (en particulier dans Août 14). Son père sous le nom de « Sania Lajenitsyne » et sa mère sous celui de « Xenia Tomtchak » Saraskina 2010.
  6. ? Taïssia Zakharovna Chtcherbak meurt le .
  7. ? Saraskina 2010, p. 118.
  8. ? Saraskina 2010, p. 115.
  9. ? Saraskina 2010, p. 140.
  10. ? Saraskina 2010, p. 149.
  11. ? « La mort d'Alexandre Soljenitsyne », sur Libération.fr, .
  12. ? Saraskina 2010, p. 150
  13. ? Saraskina 2010, p. 163, 166 et 977.
  14. ? Saraskina 2010, p. 175.
  15. ? Saraskina 2010, p. 200.
  16. ? Saraskina 2010, p. 256.
  17. ? (ru) Liudmila Saraskina, Aleksandr Solzhenitsyn, Molodaia Gvardiia, , p. 261-262.
  18. ? Alexandre Soljenitsyne, L'Archipel du Goulag, p. 56.
  19. ? Nivat 2009, p. 32.
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  23. ? Nivat 2009, p. 34-35.
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  25. ? Nivat 2009, p. 47-49.
  26. ? Armand Gaspard, « Dix années de "dégel" », Politique étrangère, vol. 28, n 1,‎ , p. 58-79 (lire en ligne)
  27. ? Nivat 2009, p. 217.
  28. ? The Economist, 12 mai 2007, nécrologie de Mstislav Rostropovitch.
  29. ? Erreur de référence?: Balise <ref> incorrecte?: aucun texte n'a été fourni pour les références nommées francememoire
  30. ? Fichier Insee des décès en France depuis 1970.
  31. ? Les éditions du Cerf.
  32. ? Saraskina 2010, p. 689.
  33. ? François Hourmant, Le désenchantement des clercs : Figures de l'intellectuel dans l'après-mai 68, Presses universitaires de Rennes, coll. « Res publica », .
  34. ? « Le choc Soljénitsyne », L'Histoire, n 223,‎ .
  35. ? Nivat 2009, p. 225.
  36. ? L'émission télévisée Apostrophes de Bernard Pivot (visible sur Soljenitsyne chez Bernard Pivot sur ina.fr) où il est invité.
  37. ? Lors de la première émission de Pivot avec Soljenitsyne, Jean Daniel demanda à Soljénitsyne de le rassurer en confirmant qu'il n'était pas pour le colonialisme. Il fut rassuré au-delà de ce qu'il espérait : les colonisateurs c'est vous ! déclara le maître en bondissant de malice dans son siège : n'essayez-vous pas d'imposer votre mode de vie au monde entier ?, cité par Georges Nivat, Soljenitsyne, Paris, Seuil, collection « Écrivains de toujours », 1980, 189 p.
  38. ? Par exemple dans Pierre Daix, Ce que je sais de Soljénitsyne, Éd. du Seuil, Paris 1973, où, sans l'écrire ouvertement, l'auteur considère pratiquement le dissident d'agent de l'impérialisme capitaliste.
  39. ? Jean-Clément Martin, La Vendée de la mémoire (1800-2018), Paris, Perrin, , p. 317
  40. ? [vidéo] INA Histoire, « Soljenitsyne », sur YouTube, .
  41. ? Georges Nivat, Le Phénomène Soljénitsyne, Fayard, , 478 p. (ISBN 978-2-213-64741-8, présentation en ligne)
  42. ? « Vladimir Poutine rend hommage à Soljenitsyne », sur Le Figaro, (ISSN 0182-5852, consulté le ).
  43. ? Alexandre Soljenitsyne, sur Bibliomonde
  44. ? « Décès d'Alexandre Soljenitsyne, conscience d'un siècle », La Croix, .
  45. ? Ségolène de Larquier, Le vibrant adieu à Alexandre Soljenitsyne, Le Point, .
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