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Naissance | Argentan |
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Époque |
Philosophie contemporaine |
Nationalité |
française |
Formation |
Université de Caen-Normandie (doctorat) (jusqu'en ) |
Activités |
Philosophe, essayiste, polémiste |
A travaillé pour | ![]() |
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Mouvements |
Athéisme, philosophie continentale, libertarianisme, matérialisme, hédonisme, euroscepticisme |
Directrice de thèse |
Simone Goyard-Fabre |
Influencé par |
Épicure, Baruch Spinoza, Friedrich Nietzsche, Lucien Jerphagnon, Simone Weil, Raoul Vaneigem |
Sites web | |
Distinctions |
Prix Médicis essai () Prix François-Morellet () |
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Michel Onfray, né le à Argentan, est un philosophe, essayiste et polémiste français.
À la suite de l'accession de Jean-Marie Le Pen, dont il combat alors les idées, au second tour de l'élection présidentielle française de 2002, il quitte sa carrière d'enseignant pour créer l'université populaire de Caen, où il délivre pendant seize ans le cours « contre-histoire de la philosophie », qui est retransmis sur la station de radio France Culture.
Il intervient régulièrement à la radio et à la télévision sur des sujets politiques et sociétaux. Ses prises de position suscitent de nombreuses controverses. Écrivain prolifique avec plus de 150 livres écrits, dont plusieurs ont été des succès critiques et commerciaux, ses ouvrages sont traduits dans plus d'une vingtaine de langues.
Alors qu'il se définit comme libertaire et proudhonien au départ, et qu'il est historiquement classé à gauche voire à l'extrême gauche, il suit une évolution intellectuelle qui le pousse progressivement vers l'extrême droite. Il cofonde et anime depuis 2020 la revue Front Populaire, que le politologue Jean-Yves Camus qualifie d'« antilibérale, populiste et souverainiste ».
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« D'autre part, cette initiative dévoile des affinités intellectuelles et permet de mieux comprendre la circulation de certaines idées. Michel Onfray, un penseur historiquement classé à gauche et qui se qualifie toujours comme tel, est de plus en plus célébré à droite où on le présente comme un défenseur de la liberté d'expression et un chevalier de la pensée libre. Lui-même, dans son livre Théorie de la dictature, utilise les écrits de l'écrivain communiste George Orwell (1984 et La Ferme des animaux) pour dénoncer les dérives totalitaires du « gauchisme culturel » et de l'« Empire maastrichien »?De telles proximités ne sont pas neuves et nombre d'auteur·e·s ont souligné combien tant l'extrême droite que le néolibéralisme ont réussi à diffuser leurs idées au-delà de leurs rangs, transformant durablement le débat public. Comme le soulignait déjà en 1999 la sociologue canadienne Dorothy E. Smith au sujet de la notion de « politiquement correct », ces termes fonctionnent comme des « codes idéologiques »? Ils sont répétés à l'envi par des locuteurs chaque fois plus diversifiés, au point que l'origine de ces termes est oubliée. La répétition de ces termes, qui organisent de manière croissante l'espace de parole et de pensée, leur permet de s'autoreproduire et d'acquérir une vie distincte de celles et ceux qui les ont inventés. À la faveur d'une certaine normalisation de l'extrême droite, ces proximités intellectuelles voire personnelles sont peut-être devenues plus fréquentes. Elles contribuent à naturaliser un certain nombre d'idées qui acquièrent de cette façon le statut d'évidence. Ces idées, élaborées il y a parfois plusieurs décennies, circulent désormais loin des cénacles souvent confidentiels où elles sont nées. Elles se banalisent et traversent les frontières, sans pour autant que leur généalogie soit visible ou connue. »
« Laurent Joly souligne aussi la complaisance du très médiatique philosophe Michel Onfray à l'égard de Zemmour ou encore comment « le politologue Jean-Yves Camus s'est embourbé dans des distinctions oiseuses dont la conclusion est que l'auteur du Suicide français ne doit pas être classé à l'extrême droite, qu'il est surtout gaulliste ». »
« une partie de la gauche va alors recomposer son imaginaire laïc autour d'une gauche dite « républicaine » ? qui est en fait réactionnaire ?, celle incarnée par Manuel Valls, ministre de l'Intérieur en 2012-2014 et Premier ministre en 2014-2016, ainsi que par le groupuscule Le Printemps républicain, créé en mars 2016. On constate par exemple que Marianne, de centre-gauche « républicain », a à partir de cette époque une partie de ses interlocuteurs ? comme l'ancien socialiste Laurent Bouvet, le libertaire « souverainiste » Michel Onfray ou le conservateur québécois Mathieu Bock-Côté ? en commun avec la droite radicalisée du FigaroVox et avec l'extrême droite de Valeurs actuelles, notamment du fait du rôle tenu par Natacha Polony qui vient du « chevènementisme » dans sa dernière version souverainiste. »
Michel Onfray naît le à Argentan (Orne) de Gaston Onfray (1921-2009), ouvrier agricole, et d'Hélène, femme de ménage abandonnée bébé puis placée à l'Assistance publique. Il a un frère cadet, Alain.
En 1969, à l'âge de 10 ans, Michel Onfray est envoyé par ses parents à l'orphelinat de Giel, établissement catholique tenu par des prêtres salésiens. Il en garde un souvenir important et mentionne cet événement dans plusieurs de ses ouvrages . Selon un commentateur, son athéisme serait à chercher dans ces souvenirs d'enfance.
Durant ce séjour, à l'âge de 11 ans, il rédige ses premiers textes et les compile dans un cahier nommé « Carnet jaune », présenté dans le premier chapitre du Cahier de l'Herne consacré à Michel Onfray.
De 1979 à 1982, entre 20 et 23 ans, Michel Onfray est employé au sein de la rédaction d'Ouest-France à Argentan afin de financer ses études de philosophie. Il démarre ses études de philosophie à l'université de Caen, où il est notamment l'élève de Lucien Jerphagnon.
En 1986, à l'âge de 27 ans, il soutient une thèse de doctorat de troisième cycle au centre de philosophie politique et juridique de l'université de Caen sous la direction de Simone Goyard-Fabre intitulée « Les implications éthiques et politiques des pensées négatives de Schopenhauer à Spengler (1818-1918) ».
Michel Onfray enseigne la philosophie au lycée technologique privé catholique Sainte-Ursule de Caen pendant 19 ans, de 1983 à 2002. À la fin de cette période, il ne supporte plus l'autorité de l'institution qui l'emploie et déclare : « J'adore mes élèves mais j'en avais marre de la police de l'Éducation nationale » et se lasse de répéter les mêmes cours.
En 1988, Michel Onfray envoie son premier manuscrit, « une étude très fouillée consacrée à la figure oubliée du philosophe nietzschéen Georges Palante, à un petit éditeur d'Ille-et-Vilaine », Folle Avoine, qui le publie l'année suivante sous le titre Physiologie de Georges Palante : Pour un nietzschéisme de gauche.
La rééducation qu'il effectue après l'infarctus qu'il fait à l'âge de 28 ans, en 1987, est à l'origine de son deuxième ouvrage, Le Ventre des philosophes : Critique de la raison diététique, initialement intitulé Diogène cannibale, publié en 1989 chez Grasset par l'intermédiaire de Jean-Paul Enthoven.
En 1991, Onfray intègre le comité de rédaction de La Règle du jeu, revue que vient de créer Bernard-Henri Lévy et dans laquelle il publiera six articles. Il quitte celle-ci en 1998, alors qu'elle change de formule. Il affirme plus tard n'être « allé que deux fois » au comité de rédaction et ne pas s'y être senti « du tout à [sa] place ». Plus globalement, il estime s'être « fait instrumentaliser par Grasset » et avoir été traité « comme un fantassin de l'équipe BHL », avouant ne pas être fier de cet épisode.
En 1995, Michel Onfray participe, pour la première fois, à une émission de télévision en tant qu'auteur. Il est, en effet, invité à Bouillon de culture pour présenter son essai La Raison gourmande : Philosophie du goût (Grasset, 1995).
De 1998 à 2000, il dirige la collection « La Grande Raison », expression empruntée à Friedrich Nietzsche, extraite d'Ainsi parlait Zarathoustra, de la paire d'éditeurs Grasset et Mollat.
En 2002, Michel Onfray a déjà écrit une vingtaine d'ouvrages, il démissionne alors de l'Éducation nationale pour créer une université populaire. Il en écrit le manifeste, publié par son éditeur en 2004 sous le titre La Communauté philosophique : Manifeste pour l'Université populaire et l'implante à Caen, dans sa région d'origine, où il organise chaque année le séminaire de philosophie hédoniste, qui constitue le corps de son projet de contre-histoire de la philosophie.
Il présente son initiative en se référant aux universités populaires du XIX siècle, où des intellectuels proposaient des cours gratuits aux prolétaires. Il précise vouloir actualiser l'objectif ainsi : « démocratiser la culture au travers d'un accès gratuit au savoir, mais une culture vécue comme un auxiliaire de la construction de soi et non pas comme un énième signe de reconnaissance sociale ».
Michel Onfray est également motivé par l'accession au second tour des élections présidentielles françaises de 2002 de Jean-Marie Le Pen, candidat du Front national dont il combat les idées. Il cite Auguste Blanqui qui, selon lui, s'inquiétait en son temps de la pertinence du principe du suffrage universel pour un peuple illettré. Il fait le parallèle avec la situation présente d'une population qu'il juge entretenue « dans l'obscurantisme par le système économique libéral présenté comme l'horizon indépassable par la droite et la gauche de gouvernement ».
À l'origine, l'université compte un « noyau dur » de cinq fondateurs : Michel Onfray, Séverine Auffret, philosophe et féministe, Gilles Geneviève, ancien instituteur, Gérard Poulouin, agrégé de lettres modernes et enseignant et Raphaël Enthoven, philosophe. Ce dernier quitte l'équipe après quelques années.
L'accès à l'université est libre. Les professeurs sont bénévoles. Il n'y a pas d'examens, ni de présence obligatoire ou de diplôme. Elle est organisée par l'association Diogène & Co, qui n'a aucun adhérent. Son bureau est constitué de Micheline Hervieu, ancienne libraire d'Argentan, et de François Doubin, ancien ministre radical de gauche de François Mitterrand et ancien maire d'Argentan. Son budget est d'environ 80 000 euros par an, provenant uniquement de subventions publiques jusqu'au début des années 2010. Le Conseil régional de Basse-Normandie ayant demandé à l'association de disposer de ressources propres, celle-ci a développé les ventes de produits dérivés. Dans un article de la Revue du crieur publié en 2015, le journaliste Nicolas Chevassus-Au-Louis indique que cette instance « ne joue aucun rôle dans le fonctionnement de l'association. De fait, seul Michel Onfray et ce qu'il appelle « sa garde rapprochée » formée de vieux amis normands, dirigent l'université populaire de Caen (en particulier dans le choix, par cooptation, des nouveaux enseignants), hors de toute procédure formalisée ».
Dès la première année, elle accueille 10 000 personnes. Selon Nicolas Chevassus-au-Louis, grâce au succès de son université populaire, Michel Onfray acquiert une « aura de philosophe du peuple ». Il augmente aussi sensiblement ses passages dans les émissions de radio et télévision, passant d'une vingtaine d'apparitions par an au mieux avant 2002, à une apparition minimum par semaine ensuite.
Michel Onfray lance également, en 2006, l'université populaire du goût à Argentan, avec pour objectif initial de proposer une éducation à la gastronomie. Après 2012 et un conflit entre celui-ci et certains de ses collaborateurs, Nicolas Chevassus-au-Louis estime qu'« [elle] se transforme en une succession d'événements-spectacles, bien éloignés de l'esprit originel ». Elle est délocalisée, en 2013, à Chambois, village natal du philosophe.
En , après avoir appris que France Culture, sous la direction de Sandrine Treiner, cessait la diffusion de ses conférences, Michel Onfray annonce la fin de sa participation à l'université populaire de Caen. Il dénonce, sur sa web TV, des pressions politiques du pouvoir en place et une atteinte à liberté de conscience, de pensée et d'expression. En retour, la direction de la station explique que sa décision est uniquement motivée par le respect des standards de la chaîne et le pluralisme des intervenants et que France Culture est libre de tout pouvoir.
En 2008, en compagnie de Guy Bedos, Siné et son épouse, Michel Onfray participe à la souscription de lancement de l'hebdomadaire satirique Siné Hebdo.
Depuis 2012, il dirige, aux éditions Autrement, la collection « Université populaire et C », qui compte dix-sept titres en 2021.
En , il crée avec le producteur de télévision Stéphane Simon le mook Front populaire, le avec comme intervenants Jean-Pierre Chevènement, Didier Raoult, Céline Pina, Mathieu Bock-Côté, Barbara Lefebvre, François Boulo et Philippe de Villiers. En , 70 000 exemplaires sont vendus (sur 100 000 imprimés), pour 45 000 abonnés et un million de visiteurs uniques sur le site internet en deux mois, « les souverainistes de droite, de gauche et, surtout, d'ailleurs ? à savoir ceux qui ne se reconnaissent pas dans le jeu politique bipolarisé, donc manichéen ». La création de la revue suscite de nombreuses réactions dans les médias.
Le journaliste Romaric Godin analyse dans un article intitulé « Onfray, un proudhonisme de droite ? » : « Michel Onfray peut effectivement hausser les épaules lorsqu'on lui reproche de « faire le jeu » de l'extrême droite. Dans une logique proudhonienne, cela n'a effectivement pas de sens. Finalement, il en irait de la présence dans Front populaire de Michel Onfray et d'Alain de Benoist comme de la correspondance de Proudhon avec Marx et Engels, avec lesquels il s'opposait sur bien des points ». Pour Philippe Corcuff, la revue est le « principal laboratoire du confusionnisme », qu'il définit comme le brouillage entre les frontières idéologiques de la gauche et de la droite, car elle donne la parole, sous un titre de gauche, à « des interlocuteurs d'extrême droite ou de droite radicale ». Le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite, la décrit comme « une revue antilibérale, populiste et souverainiste, mais en aucun cas un brûlot néofasciste et encore moins néonazi. [?] Cette revue était présentée et attendue, souvent crainte, comme un bouleversement transgressif au parfum vénéneux et, pour certains, « rouge-brun ». Elle est à ce stade, si je puis dire, « souverainistement » politiquement correcte ».
Il participe en 2024 au cycle d'extrême droite le « Printemps de la liberté d'expression », à Perpignan.
L'enseignante d'italien et de français Marie-Claude Ruel, née en 1951 et compagne de Michel Onfray depuis 1976, décède en . L'ouvrage Cynismes : Portraits du philosophe en chien (Grasset, 1990) et le poème Un requiem athée (Galilée, 2013) lui sont dédiés. À la suite de cette disparition, le philosophe quitte Argentan pour s'installer à Caen.
Il épouse, à la fin 2018, son assistante Dorothée Schwartz avec qui il entretenait une liaison depuis vingt-cinq ans, y compris durant son précédent mariage. Selon lui, les deux femmes étaient au courant de la situation. Sa nouvelle femme est par ailleurs salariée de l'association « Diogène & Co » qui gère l'université populaire de Caen.
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