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Naissance | Röcken, province de Saxe, ![]() |
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Décès |
(à 55 ans) Weimar, Saxe-Weimar-Eisenach, ![]() |
Sépulture |
Lützen |
Nationalité |
prussienne ( - |
Formation |
Domgymnasium Naumburg (d) (à partir de ) École régionale de Pforta (à partir du ) Université rhénane Frédéric-Guillaume de Bonn ( - Université de Leipzig (- |
Principaux intérêts |
Métaphysique, christianisme, culture, nihilisme, morale, esthétique |
Idées remarquables |
Volonté de puissance, surhumain, éternel retour, généalogie, Amor fati, interprétation du réel, critique de la métaphysique et de la morale |
?uvres principales |
La Naissance de la tragédie, Humain, trop humain, Aurore, Le Gai Savoir, Ainsi parlait Zarathoustra, Par-delà bien et mal, Généalogie de la morale, Ecce homo |
Influencé par |
Chamfort, Darwin, Diogène, Démocrite, Dostoïevski, Emerson, Épicure, Eschyle, Siddhartha Gautama, Goethe, Héraclite, Hölderlin, Kant, Blaise Pascal, Platon, Pyrrhon, Montaigne, Schopenhauer, Spinoza, Stendhal, Stifter, Thucydide, |
A influencé |
Adorno, Bachelard, Baudrillard, Bataille, Blanchot, Broch, Camus, Cioran, Derrida, Deleuze, Foucault, Freud, Khalil Gibran, Gide, Granier, Heidegger, Ibsen, Jaspers, Jung, Hesse, Kafka, Kofman, Kundera, Musil, Mann, Onfray, Rand, Scheler, Sloterdijk, Strauss, Strindberg, Weber |
Adjectifs dérivés |
« nietzschéen » |
Père |
Carl Ludwig Nietzsche (en) |
Fratrie |
Elisabeth Förster-Nietzsche |
Friedrich Wilhelm Nietzsche ([?f?i?d??ç ?v?lh?lm ?ni?t?s??] ; souvent francisé en [nit?? ]), né le à Röcken en Prusse et mort le à Weimar en Saxe-Weimar-Eisenach, est un philosophe, philologue, critique culturel, compositeur, poète, et écrivain allemand dont l'?uvre a exercé une profonde influence sur l'histoire intellectuelle contemporaine.
Il commence sa carrière comme philologue classique avant de se tourner vers la philosophie. En 1869, à l'âge de 24 ans, il devient la plus jeune personnalité à occuper la chaire de philologie classique de l'université de Bâle. Il démissionne en 1879 en raison de problèmes de santé qui le tourmenteront presque toute sa vie, puis achève la plupart de ses écrits fondamentaux au cours de la décennie suivante. En 1889, à 44 ans, il est victime d'un effondrement et, par la suite, d'une perte totale de ses facultés mentales. Il vit ses dernières années sous la garde de sa mère, puis chez sa s?ur Elisabeth Förster-Nietzsche.
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Friedrich Wilhelm Nietzsche naît à Röcken en province de Saxe le dans une famille pastorale luthérienne. Son père Karl-Ludwig, né en 1813 à Eilenbourg, pasteur de l'Église luthérienne de Saxe, et son grand-père paternel, Friedrich August Ludwig, pasteur à Wohlmirstedt, puis superintendant à Eilenbourg, ont tous deux enseigné la théologie. Le père de Nietzsche, qui étudie la théologie à Halle avant de devenir précepteur de membres de la famille royale de Prusse, à la cour ducale d'Altenbourg, est un protégé de Frédéric-Guillaume IV. Mais la maladie (de violents maux de tête) le contraint à demander une paroisse dans la région de sa famille, vers Naumburg. Karl-Ludwig et une partie de sa famille s'installent à Röcken en 1842.
Il épouse Franziska Oehler (1826-1897), fille d'un pasteur, en 1843. Ils ont deux fils : Friedrich Wilhelm et Ludwig Joseph (1848-1850), et une fille, Elisabeth Nietzsche (1846-1935).
En , le père de Nietzsche fait une chute, sa tête heurte les marches de pierre d'un perron. Il meurt un an plus tard, l'esprit égaré, âgé de trente-cinq ans, le . Quelque temps plus tard, en , le frère de Nietzsche meurt à son tour à l'âge de deux ans :
« En ce temps-là, je rêvai que j'entendais l'orgue dans l'église résonner tristement, comme aux enterrements. Et comme je cherchais la cause de cela, une tombe s'ouvrit rapidement et mon père apparut marchant dans son linceul. Il traversa l'église et revint bientôt avec un petit enfant dans les bras. [?] Dès le matin, je racontai ce rêve à ma mère bien-aimée. Peu après, mon petit frère Joseph tomba malade, il eut des attaques de nerfs et mourut en peu d'heures. »
Les spécialistes de Nietzsche le qualifient de manière écrasante de « philosophe allemand ». D'autres cependant ne lui attribuent pas d'appartenance nationale. L'Allemagne n'étant pas encore unifiée à l'époque de sa naissance, Nietzsche est né citoyen de Prusse, laquelle faisait principalement partie de la Confédération germanique. Son lieu de naissance, Röcken, se trouve dans l'État allemand moderne de Saxe-Anhalt. Lorsqu'il a accepté son poste à Bâle, Nietzsche a demandé l'annulation de sa citoyenneté prussienne. Le document officiel de révocation de sa citoyenneté date du , et, pour le restant de sa vie, Nietzsche est resté officiellement apatride.
Vers la fin de sa vie, si ce n'est même plus tôt (mais les sources manquent), Nietzsche croyait ferme que ses ancêtres étaient polonais. Il portait une chevalière arborant les armoiries Radwan (en), traçables jusqu'à la noblesse polonaise du Moyen Âge, et le nom de famille Nicki de la famille noble (szlachta) polonaise à qui appartenaient ces armoiries. Gotard Nietzsche, un membre de la famille Nicki, avait en effet quitté la Pologne pour la Prusse. Ses descendants se sont ensuite installés dans l'Électorat de Saxe vers l'an 1700. Nietzsche écrit, en 1888 : « Mes ancêtres étaient des nobles polonais (Nietzky) ; le type semble avoir été bien préservé malgré trois générations de mères allemandes ». Plus tard, Nietzsche devient encore plus catégorique au sujet de son identité polonaise. « Je suis un noble polonais pur-sang, sans une seule goutte de mauvais sang, certainement pas de sang allemand ». À une autre occasion, Nietzsche déclare : « L'Allemagne est une grande nation seulement parce que ses habitants ont tant de sang polonais dans leurs veines?. Je suis fier de mon ascendance polonaise ». Nietzsche croyait que son nom aurait pu être germanisé, affirmant, dans une lettre, « On m'a appris à attribuer l'origine de mon sang et de mon nom à des nobles polonais appelés Niëtzky qui ont quitté leur foyer et leur noblesse il y a environ cent ans, cédant finalement à une suppression insupportable : ils étaient protestants ».
La plupart des chercheurs contestent le récit de Nietzsche sur les origines de sa famille. Hans von Müller a démystifié la généalogie avancée par la s?ur de Nietzsche en faveur d'une ascendance noble polonaise. Max Oehler (en), cousin de Nietzsche et conservateur des Nietzsche-Archiv (de) à Weimar, a soutenu que tous les ancêtres de Nietzsche portaient des noms allemands, y compris les familles des épouses. Oehler affirme que Nietzsche descendait d'une longue lignée de pasteurs luthériens des deux côtés de sa famille, et les chercheurs modernes considèrent l'affirmation de l'ascendance polonaise de Nietzsche comme une « pure invention ». Colli et Montinari, les éditeurs des lettres rassemblées de Nietzsche, qualifient les affirmations de Nietzsche de « croyance erronée » « sans fondement ». Le nom même de Nietzsche n'est pas un nom polonais, mais un nom courant dans toute l'Allemagne centrale, sous cette forme et des formes apparentées (comme Nitsche et Nitzke). Le nom dérive du prénom Nikolaus, abrégé en Nick ; assimilé avec le slave Nitz ; il est d'abord devenu Nitsche puis Nietzsche.
On ne sait pas pourquoi Nietzsche voulait être considéré comme descendant de la noblesse polonaise. Selon le biographe R. J. Hollingdale (en), la propagation par Nietzsche du mythe de l'ascendance polonaise pourrait avoir fait partie de sa « campagne contre l'Allemagne ». Nicholas More affirme que les revendications de Nietzsche d'avoir une lignée illustre étaient une parodie des conventions autobiographiques, et soupçonne Ecce Homo, avec ses titres auto-laudatifs, tels que « Pourquoi je suis si sage », d'être une ?uvre de satire. Il conclut que la généalogie polonaise supposée de Nietzsche était une plaisanterie ? pas une auto-illusion.
En 1850, alors qu'il a six ans, ce qui reste de la famille vient s'installer à Naumbourg. Friedrich Nietzsche ressent ce départ de Röcken comme un abandon de son village natal :
« l'abandon du village natal ; l'entrée dans l'agitation urbaine, tout cela agit sur moi avec une telle force que chaque jour je la ressens en moi »
? Note d'octobre 1862.
Il souhaite à cette époque être pasteur comme son père. Il développe une conscience scrupuleuse, particulièrement portée à l'analyse et à la critique de soi, et fière, croyant à la noblesse de la famille Nietzsche (selon une tradition familiale transmise par sa grand-mère, les ancêtres des Nietzsche venaient de Pologne et s'appelaient alors Nietzki). Son caractère est bien résumé par cette remarque qu'il fit à sa mère : « Un comte Nietzki ne doit pas mentir. »
Vers 1853, à l'âge de neuf ans, il se met au piano, compose des fantaisies et des mazurkas et écrit de la poésie. Il s'intéresse à l'architecture et même, pendant le siège de Sébastopol, en 1854, à la balistique. Il crée également un théâtre des Arts, où il joue avec ses amis des tragédies qu'il écrit (Les dieux de l'Olympe, Orkadal).
Il entre au collège de Naumburg à l'âge de dix ans, en 1854. Élève brillant, sa supériorité fait que sa mère reçoit le conseil de l'envoyer à Pforta. Elle accepte et obtient une bourse du roi Frédéric-Guillaume IV. En 1858, avant de partir pour Pforta, le jeune Nietzsche, 14 ans, s'interroge sur la nature de Dieu :
« À douze ans, j'ai vu Dieu dans sa toute-puissance. »
? Note de 1858.
Cherchant à expliquer le mal, il l'intègre à la Trinité : le Père, le Fils et le Diable. Nietzsche rédige alors un cahier où il consigne l'histoire de son enfance, et conclut :
« Il est si beau de faire repasser devant sa vue le cours de ses premières années et d'y suivre le développement de l'âme. J'ai raconté sincèrement toute la vérité, sans poésie, sans ornement littéraire? Puissé-je écrire encore beaucoup d'autres cahiers pareils à celui-ci ! »
En 1858, âgé de quatorze ans, il entre au collège de Pforta, où passèrent également Novalis, les frères Schlegel et Fichte. Il y fait ses humanités, y rencontre Carl von Gersdorff (1844-1904) (de), avec qui il entretiendra une longue correspondance, et Paul Deussen (1845-1919), le futur sanskritiste. Cette époque est marquée par les premières questions angoissées sur son avenir, par de profonds troubles religieux et philosophiques, et par les premiers symptômes violents de la maladie.
L'unique document dont nous disposons sur les premiers mois de la vie de Nietzsche dans ce collège raconte une anecdote qui exprime sa personnalité : il y avait une discussion à propos de l'histoire de Mucius Scævola. Les camarades de Nietzsche la tenaient pour une légende, personne ne pouvant avoir le courage de plonger sa main dans le feu. Nietzsche, alors, se saisit d'un charbon brûlant dans un poêle allumé et le tint devant les yeux de ses camarades.
Dans le Crépuscule des idoles (« Ce que je dois aux Anciens ») Friedrich Nietzsche rend hommage au philologue Wilhelm Paul Corssen pour la formation de son style littéraire :
« Mon sens du style, de l'épigramme comme un style, a été éveillé presque instantanément lorsque je suis entré en contact avec Salluste. Je n'ai pas oublié la surprise de mon honoré professeur Corssen, quand il eut à donner, à son plus mauvais élève de latin, la meilleure note ? j'en avais fini avec un seul coup. »
? Friedrich Nietzsche, Le Crépuscule des idoles
Pendant les vacances d'été 1859, âgé de quinze ans, il visite Iéna et Weimar, écrit quelques récits philosophiques :
À partir de la rentrée d', il rédige un journal, projette des plans d'études en géologie, astronomie, latin, hébreu, sciences militaires et enfin en religion. Dévoré d'un appétit de connaissances sans borne, il éprouve de grandes difficultés à se décider pour un domaine d'étude bien délimité :
« Je devrai détruire plusieurs de mes goûts, cela est clair, et, pareillement, en acquérir de nouveaux. Quels seront les malheureux que je jetterai par-dessus bord ? Peut-être mes plus chers enfants ! »
Les années passent dans la discipline sévère de Pforta et, à dix-sept ans, il lit Schiller, Hölderlin (Hypérion et Empédocle), Lord Byron où il trouve son inspiration. Il se passionne pour Manfred. Une phrase le marque :
« Souffrir, c'est connaître : ceux qui savent le plus sont aussi ceux qui ont le plus à gémir sur la fatale vérité ; l'arbre de la science n'est pas l'arbre de vie. »
? Lord Byron, Manfred
Nietzsche aime improviser au piano, provoquant l'admiration de Gersdorff et de Paul Deussen :
« De sept heures à sept heures et demie, nous nous rendions ensemble à la salle de musique. Je ne crois pas que les improvisations de Beethoven aient été plus poignantes que celles de Nietzsche, surtout lorsque l'orage couvait au ciel. »
? Lettre de Gersdorff à Peter Gast, .
Il souhaite alors abandonner la théologie pour devenir musicien, mais sa mère l'en dissuade : il doit continuer ses études. Sa foi est néanmoins de plus en plus faible ; les écrits de cette époque témoignent d'une inquiétude profonde face aux problèmes religieux et philosophiques qu'il rencontre. Il hésite à délaisser l'autorité de la tradition pour les enseignements positifs des sciences naturelles :
« Qu'est-ce que l'humanité ? Nous le savons à peine : un degré dans un ensemble, une période dans un devenir, une production arbitraire de Dieu ? L'homme est-il autre chose qu'une pierre évoluée à travers les modes intermédiaires des flores et des faunes ? Est-il dès à présent un être achevé ? que lui réserve l'histoire ? ce devenir éternel n'aura-t-il pas de fin ? [?] Se risquer, sans guide ni compas, dans l'océan du doute, c'est perte et folie pour un jeune cerveau ; la plupart sont brisés par l'orage, petit est le nombre de ceux qui découvrent des régions nouvelles? »
Il commence alors à souffrir de violents maux de tête et de troubles visuels.
Il passe enfin les derniers examens et les réussit, de justesse à cause des mathématiques. Il choisit comme sujet de mémoire de fin d'étude Théognis de Mégare. Malgré ses résultats en mathématiques, ses professeurs lui donnent son diplôme au vu de l'excellence dont il fait preuve dans les autres matières. En , il quitte Naumburg en compagnie de Paul Deussen et d'un cousin de ce dernier, et se rend à l'université de Bonn.
En 1864, âgé de vingt ans, il entre à l'université de Bonn. Il participe à la vie étudiante, malgré son caractère réservé : promenades sur le fleuve, auberges et un duel qu'il fait avec un bon camarade, n'ayant pas d'ennemi. Il reçoit un coup d'épée au visage et en garde une cicatrice. Mais Nietzsche ne se sent pas à son aise dans ce milieu, et il passe seul, dans la tristesse, les fêtes de fin d'année. C'est le début d'une longue série de Noëls solitaires, passés à examiner sa vie, à se reprocher le temps perdu. Cherchant à remédier à la situation, il propose de réformer l'association d'étudiants, la Bonner Burschenschaft Frankonia, mais il est mis à l'écart.
D'abord inscrit en théologie, il délaisse celle-ci pour des études de philologie, une discipline en accord avec son intérêt pour l'Antiquité, notamment la tragédie antique. Mais sa passion de la connaissance rend difficile un choix qui lui soit véritablement agréable. Il travaille avec intensité, pour oublier sa solitude, et aussi grâce au soutien vigoureux de Friedrich Wilhelm Ritschl (1806-1876), un professeur latiniste auteur d'ouvrages importants sur Plaute. Nietzsche écrit alors quelques mémoires. Il ne trouve aucun intérêt aux modes matérialistes et démocratiques de pensée de bien des étudiants de son âge, et se sent toujours tourmenté par la recherche de la vérité :
« Pour un véritable chercheur, le résultat de la recherche n'est-il pas indifférent ? Dans notre effort que cherchons-nous ? le repos, le bonheur ? Non, rien que la vérité, tout effrayante et mauvaise qu'elle puisse être. »
? Lettre à sa s?ur.
Nietzsche suit Ritschl à Leipzig où ce dernier est nommé professeur. Il y découvre Diogène Laërce et Schopenhauer, et fait la connaissance d'Erwin Rohde.
Au cours de ses études à l'université de Leipzig, la lecture de Schopenhauer (Le Monde comme volonté et comme représentation, 1818) va constituer les prémices de sa vocation philosophique. Toutefois, l'importance de cette lecture, qui sera au fondement de sa relation avec Wagner, est contestée, car Nietzsche, à cette même époque, s'intéresse à des penseurs rationalistes, en particulier Démocrite. En outre, il lit bien d'autres penseurs et scientifiques : Lange, von Hartmann, Emerson notamment. C'est à cette époque qu'il s'enthousiasme pour la musique de Wagner, en 1868, à Leipzig.
Une anecdote bien connue, datant de , rapporte que Nietzsche qui s'est rendu à Cologne pour assister à un festival de musique, est conduit dans une maison de tolérance où il se retrouve au milieu de femmes en tenue très légère : « J'allai droit à ce piano [dans le salon] comme au seul être qui, dans cette pièce, eût une âme. » Il fait une improvisation, se lève et s'enfuit.
« Er beantragte also bei der preussischen Behörde seine Expatriierung. »
« Herbowni ? Nicki, ? (Famille héraldique ? Nicki, ?) »