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Directeur de recherche au CNRS |
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Naissance | 9e arrondissement de Paris (France) |
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Nom de naissance |
Edgar Nahoum |
Nationalité |
française |
Formation |
Faculté de droit de Paris |
Activités |
Philosophe, résistant, sociologue, réalisateur de cinéma |
Rédacteur à |
Libération |
Conjoints |
Johanne Harrelle (depuis ) Edwige Morin (d) (de à ) Sabah Abouessalam (depuis ) |
Enfants |
Véronique Nahoum-Grappe Irène Nahoum (d) |
A travaillé pour |
Centre national de la recherche scientifique École des hautes études en sciences sociales |
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Parti politique |
Parti communiste français (- |
Mouvements |
Philosophie continentale, constructivisme, anthropologie |
Influencé par |
Martin Heidegger, Cornelius Castoriadis, Vladimir Jankélévitch, Maurice Merleau-Ponty, Héraclite |
Distinctions | Liste détaillée Prix Halphen () Prix européen de l'essai Charles-Veillon () Prix international Viareggio-Versilia () Officier de la Légion d'honneur? () Prix international de Catalogne () Commandeur de la Légion d'honneur? () Docteur honoris causa de l'université de Valence () Docteur honoris causa de l'Université Laval () Grand officier de l'ordre national du Mérite () Grand officier de la Légion d'honneur? () Grand-croix de la Légion d'honneur? () Docteur honoris causa de l'université pontificale catholique du Pérou Docteur honoris causa de l'université de Macerata Officier de l'ordre du Mérite civil Ordre du Mérite (Liechtenstein) Ordre de Sant'Iago de l'Épée Docteur honoris causa de l'université de Genève Commandeur des Arts et des Lettres? Docteur honoris causa de l'université de Santiago du Chili? Docteur honoris causa de l'université nationale principale de San Marcos Docteur honoris causa de l'université de Veracruz Ordre du Mérite civil Grand-croix de l'ordre de Sant'Iago de l'Épée Docteur honoris causa de l'université libre de Bruxelles |
Archives conservées par |
Institut mémoires de l'édition contemporaine (187MOR) |
La Méthode |
Edgar Nahoum, dit Edgar Morin, né le à Paris 9, est un sociologue et philosophe français.
Théoricien de la pensée complexe, il est notamment l'auteur de La Méthode, une somme en six volumes (1977?2004) qui se veut une méthodologie de la transdisciplinarité. Il définit sa façon de penser comme « constructiviste », en précisant : « C'est-à-dire que je parle de la collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité ».
Antifasciste pendant la guerre d'Espagne puis résistant sous l'Occupation, il est un fervent militant communiste dans sa jeunesse mais quitte le PCF en 1951. Il développe alors, en relation avec son travail de recherche, une pensée politique humaniste, qui appelle à intégrer les dimensions écologiques, sociales, économiques et culturelles pour répondre aux défis contemporains.
Il est connu pour son engagement dans le Collegium international éthique, politique et scientifique et dans le collectif Roosevelt, qu'il a cofondés.
Edgar Morin a écrit plusieurs ouvrages revenant sur son passé, dont Autocritique en 1959, Vidal et les siens en 1989, Itinérance en 2006, Mon chemin en 2008 et Les souvenirs viennent à ma rencontre en 2019.
Il naît sous le nom de Nahoum le 8 juillet 1921. Son père, Vidal Nahoum, est un commerçant en bonneterie dans le quartier du Sentier à Paris, avec sa mère Louna Beressi. Tous deux sont des Juifs grecs originaires de Salonique et de lointaine ascendance italienne. Edgar Morin grandit dans un environnement non pratiquant, sa famille étant « moderne et laïcisée depuis trois générations ». Sa mère meurt en 1931 alors qu'il n'est âgé que de dix ans. En 1917, une lésion au c?ur lui avait été diagnostiquée et on lui avait en principe interdit d'avoir des enfants, pensant qu'elle ne survivrait pas à l'accouchement.
En 1936, pendant la guerre d'Espagne, son premier acte politique est d'intégrer une organisation libertaire, Solidarité internationale antifasciste, pour préparer des colis à destination de l'Espagne républicaine. En 1938, il rejoint les rangs du Parti frontiste, une petite formation de la gauche pacifiste et antifasciste. Membre du Parti communiste français à partir de 1941, il entre en 1942 dans la Résistance communiste au sein des Forces unies de la jeunesse patriotique. Il intègre ensuite le mouvement de Michel Cailliau, le MRPGD (Mouvement de résistance des prisonniers de guerre et déportés). En 1943, il est commandant dans les Forces françaises combattantes et est homologué comme lieutenant. Son mouvement fusionne avec celui de François Mitterrand, il devient le MNPGD (Mouvement national des prisonniers de guerre et déportés). Il adopte alors le pseudonyme de Morin : l'anecdote ? confirmée par Edgar Morin lors d'une émission sur France Inter ? veut que lors d'une réunion de résistants à Toulouse, le jeune Edgar se présentât sous le nom d'Edgar Magnin, en référence directe au personnage de Malraux dans L'Espoir ; mais une camarade comprit « Morin », et il ne chercha pas à rectifier.
En 1945, il devient attaché à l'état-major de la 1 Armée française en Allemagne, puis chef du bureau « Propagande » dans le Gouvernement militaire français en 1946. Il écrit à cette époque L'An zéro de l'Allemagne, où il dresse un état des lieux de l'Allemagne, insistant sur l'état mental du peuple vaincu, en état de « somnambulisme », en proie à la faim et aux rumeurs. Ce livre arrive au moment du tournant communiste, où après la stigmatisation de la culpabilité allemande, Staline déclare qu'Hitler passe et que le peuple allemand reste.
Maurice Thorez l'invite à écrire dans l'hebdomadaire Les Lettres françaises. Il demande alors au philosophe Martin Heidegger, dont il reprend le concept d'ère planétaire, un texte pour la revue Fontaine de Max-Pol Fouchet, et le n 54 de l'été 1946 (L'hymne « Tel qu'en un jour de fête », sur un poème d'Hölderlin, traduit par Joseph Rovan).
En 1948 et 1949 il écrit dans la rubrique Arts et spectacles du Patriote Résistant, alors bimensuel, édité par la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes, avant d'en partir avec Robert Antelme à la suite de divergences avec le Parti communiste français. Membre du Parti depuis 1941, il s'en éloigne à partir de 1949 et en est exclu en 1951 pour avoir écrit un article dans le journal France Observateur : « Ce fut comme un chagrin d'enfant, énorme et très court », dira-t-il.
Avec l'appui de Maurice Merleau-Ponty, de Vladimir Jankélévitch et de Pierre George, il entre en 1950 au CNRS et fait partie du Centre d'études sociologiques dirigé par Georges Friedmann. Il cofonde la revue Arguments en 1956.
En 1955 il est l'un des quatre animateurs du Comité contre la guerre d'Algérie. Il défend ainsi en particulier Messali Hadj, mais contrairement à Jean-Paul Sartre, André Breton, Guy Debord ou encore ses amis Marguerite Duras et Dionys Mascolo, il ne signe pas la Déclaration sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie, dite « Manifeste des 121 », publiée en septembre 1960 dans le journal Vérité-Liberté. Comme il pense que l'urgence est d'éviter l'installation de dictatures en France et en Algérie, il lance avec Claude Lefort, Maurice Merleau-Ponty et Roland Barthes un appel pour l'urgence des négociations.
En 1965, il participe à une étude transdisciplinaire au sein d'une vaste recherche de la DGRST, mobilisant de multiples disciplines, sur une commune en Bretagne, publiée sous le nom de La Métamorphose de Plodémet (1967), sur la commune de Plozévet (Finistère), où il séjourne près d'un an. Ce fut un des premiers essais d'ethnologie dans la société française contemporaine.
Il s'intéresse très vite aux pratiques culturelles, qui sont encore émergentes et mal considérées par les intellectuels : L'Esprit du temps (1960), La Rumeur d'Orléans (1969).
Durant les années 1960, il part près de deux ans en Amérique latine où il enseigne à la Faculté latino-américaine des sciences sociales de Santiago du Chili. En 1969, il est invité à l'Institut Salk de San Diego. Il y retrouve Jacques Monod, l'auteur de Le Hasard et la Nécessité et conçoit les fondements de la pensée complexe et de ce qui deviendra sa Méthode.
Le , Edgar Morin épouse, dans le 18 arrondissement de Paris, Irène « Violette » Chapellaubeau. Née le à Hautefort en Dordogne, morte le 2 décembre 2003 à Paris, son père est huissier et sa mère institutrice. Tous deux se sont rencontrés en 1940 à Toulouse où ils fréquentaient le cours de philosophie de Vladimir Jankélévitch, et où Irène Chapellaubeau menait des activités dans la résistance. De leur union naissent deux enfants : Irène Nahoum-Léothaud, née en 1947, sociologue ; Véronique Nahoum-Grappe, née en 1948, anthropologue. Le couple divorce le 10 avril 1970. Irène Chapellaubeau se remarie avec le sociologue Pierre Naville.
En 1970 il épouse Johanne Harrelle, sa compagne depuis 1964, dont il divorce en restant son ami jusqu'à son décès en 1994. En 1982 il épouse Edwige Lannegrace, dont il est veuf en 2008. Depuis 2012 il est marié à la sociologue marocaine naturalisée française Sabah Abouessalam, née le 13 avril 1959 à Marrakech, avec qui il a notamment rédigé le livre L'homme est faible devant la femme (Presses de la Renaissance, 2013), puis en 2020 Changeons de voie - Les leçons du coronavirus (Denoël, 2020). En 2013 Sabah Abouessalam a aussi essayé, avec lui, de réhabiliter une ferme écologique, propriété de sa famille dans la région de Marrakech, en s'inspirant de l'agro-écologie de Pierre Rabhi.