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Naissance | Tébessa |
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Décès |
(à 95 ans) Grosrouvre |
Sépulture |
Cimetière d'Aiguillon (d) |
Nationalité |
française |
Formation |
Faculté des lettres de Paris (doctorat) (jusqu'en ) Lycée Michelet de Vanves Lycée Louis-le-Grand |
Activité |
Écrivain |
Période d'activité |
- |
Enfant |
Pierre Merle |
Conflit |
Seconde Guerre mondiale |
---|---|
Genre artistique |
Roman réaliste, roman historique, science-fiction |
Distinction |
Prix Goncourt Prix John-Wood-Campbell Memorial Grand prix Jean-Giono Prix de la Fraternité |
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Robert Merle, né le à Tébessa (Algérie) et mort en son domaine de La Malmaison à Grosrouvre (Yvelines) le , est un écrivain français, auteur de traductions, pièces de théâtre, biographies et de 24 romans, dont la plupart ont été adaptés au cinéma et à la télévision, et qui a été traduit dans 22 langues différentes.
Ses romans portent souvent un regard critique sur la société, la science ou encore l'histoire. Parmi les plus connus, Malevil, Les Hommes protégés, Un animal doué de raison ou encore le prix Goncourt 1949 et la série des treize Fortune de France, consacrée aux débuts de l'époque moderne en France, écrite dans la langue de l'époque, aménagée pour faciliter la lecture, avec six millions d'exemplaires vendus pour la série des treize, dont un million d'exemplaires pour le seul premier tome.
Robert Merle est né à Tébessa (en Algérie) le , qu'il a quittée à l'âge de dix ans sans avoir eu le temps d'apprendre l'arabe. Toute sa famille est "pied-noir". Son arrière- grand-père a fait partie des paysans pauvre du Cantal, envoyés par le gouvernement de Napoléon en Algérie pour faire une colonie de peuplement, sur "une terre prise aux Arabes".
Il est le fils de Félix Merle (1871-1915), né en Algérie, militaire de carrière, qui était un grand interprète d'arabe, maitrisant l'arabe littéraire et l'arabe dialectal, d'abord officier interprète, puis interprète judiciaire, après avoir quitté l'armée. Soldat à la bataille des Dardanelles en 1915, puis rapatrié à Marseille en raison d'une fièvre typhoïde. Le père est mort alors que son fils avait à peine six ans et ce décès place sa famille en situation de pauvreté.
Même s'il est excellent élève, ceux des grands lycées parisiens lui font sentir leur différence sociale. Admis en classes préparatoires (hypokhâgne et khâgne) du lycée Louis-le-Grand, titulaire d'une licence de philosophie, agrégé d'anglais (reçu 1 au concours en 1933), Robert Merle consacre sa thèse de doctorat ès lettres à Oscar Wilde et devient professeur, successivement, aux lycées de Bordeaux, Marseille, puis à Neuilly-sur-Seine où il fait la connaissance de Jean-Paul Sartre, à l'époque professeur de philosophie.
Mobilisé en 1939, Robert Merle est agent de liaison avec les forces britanniques. Fait prisonnier à Dunkerque, il témoignera de son expérience dans la poche de Dunkerque dans un documentaire d'Henri de Turenne et dans son roman Week-end à Zuydcoote ; il reste en captivité jusqu'en 1943.
En 1944, de retour de captivité, il devient maître de conférences d'anglais à l'université de Rennes, puis professeur en 1949 tout de suite après sa thèse de 1948. Il a fondé un théâtre d'étudiants à Rennes, pour jouer des pièces d'Oscar Wilde, la troupe s'appelant « Les Jeunes comédiens », tous devenus professionnels. Il a ensuite écrit des pièces, souvent après avoir fini un roman, dont un porte sur l'assassinat du Duc de Guise.
Il a été successivement Professeur des universités à Toulouse, Caen, et Rouen. Il enseigne aussi à l'université d'Alger après l'indépendance de l'Algérie, puis enfin Nanterre où il se trouve en mai 1968. Cette dernière expérience a inspiré son roman Derrière la vitre pour lequel il a reçu de nombreux étudiants en leur demandant de répondre à ses questions. Dès novembre 1967, il a fait circuler une petite annonce sur le campus, dans le but d'effectuer une trentaine d'entretiens avec des étudiants d'origine et de profils différents. Il conserve les notes prises lors des entretiens pour en faire une synthèse non dénuée d'humour et légèrement romancée. En 1969, excédé par la déliquescence de l'ambiance à Nanterre, il demande un congé pour se consacrer entièrement à la littérature.
Il remporte en 1949 le prix Goncourt pour son premier roman, Week-end à Zuydcoote, "acquis par neuf voix sur dix", la dixième allant au Le Jeu de patience de Louis Guilloux, qui a obtenu par ailleurs le Prix Renaudot. Ce dernier était fortement soutenu par André Billy. Les deux livres ainsi couronnés sont édités par Gallimard.
Le curé de Zuydcoote a brûlé le livre en public, "interdit à la mercière qui diffusait quelques livres" de le vendre et même "mené une enquête" pour savoir quelles femmes avaient servi de modèles.
Flaminéo, sa pièce écrite en 1951, pose, selon Louis Aragon, les fondements de l'?uvre suivante, La Mort est mon métier, qui sera adaptée au cinéma dans les années 1970 et s'appuie aussi sur une enquête approfondie. Le livre met en scène le personnage de Rudolf Lang, qui est « une re-création étoffée et imaginative de la vie de Rudolf Höss », écrite d'après les mémoires de Höss lui-même (Le commandant d'Auschwitz parle) et le résumé, communiqué à l'auteur, des entretiens que le psychologue américain Gustave M. Gilbert eut avec Höss dans sa cellule lors du procès de Nuremberg ; suivie d'une description, d'après les documents du procès de Nuremberg, de la « lente et tâtonnante mise au point de l'Usine de Mort d'Auschwitz ».
Dans son ?uvre, il cite plus généralement de vrais noms reproduisant les lieux lui sont familiers Mespech, Taniès, Marcuays, Sireil, Sarlat. Pierre de Siorac, héros de Fortune de France reçoit la seigneurie du "Chêne Rogneux", nom d'un hameau près de Grosrouvre, près de Montfort l'Amaury tandis que son valet Miroul a une petite seigneurie à "La Surie", autre hameau de ce village. Ses romans se veulent "à la fois longuement mûris et très précisément documentés", dans un "souci de rigueur et d'exactitude", démarche dont l'archétype est La mort est mon métier, devenu un "classique à cause de la façon très rigoureuse de procéder", l'auteur ayant "passé quatre mois à dépouiller" les archives du Procès de Nuremberg, en allemand, langue qu'il avait été amené à pratiquer pendant sa captivité.
Robert Merle n'utilise ni stylo ni ordinateur ni machine à écrire, même s'il concède qu'il "irait certainement plus vite" avec. Il préfère tremper sa plume dans l'encrier. Il a traduit avec sa femme, qui était agrégée d'anglais, plusieurs livres, dont un sur les Rockefeller, estimant "ahurissant de découvrir quelles sont les m?urs des grands crocodiles de la finance et de l'industrie".
Robert Merle s'est marié trois fois et a eu six enfants. Il a cosigné les traductions de sa troisième épouse, Magali Merle, qui plus tard s'est suicidée. Décédé à l'âge de 95 ans le en son domaine de La Malmaison à Grosrouvre, dans les Yvelines, il est inhumé au cimetière d'Aiguillon, dans le Lot-et-Garonne.
Né à droite, discret sur sa vie, mais d'une ?uvre qui transpire l'autobiographie, il adhéra au Parti communiste français en 1977 et prit ses distances deux années plus tard, après avoir critiqué l'invasion de l'Afghanistan par l'Union soviétique.
En juin 1967, il cosigne l'appel du Comité de solidarité française avec Israël, aux côtés personnalités comme Raymond Aron, Robert Badinter, Pierre Bénouville, Gaston Defferre, Maurice Garçon, Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand.
La « saga » Fortune de France, écrite dans « un savant mélange de français du XIV siècle et d'occitan », fut vendue à six millions d'exemplaires dont un million pour le seul tome 1. Son Week-end à Zuydcoote de 1949, premier roman, écrit à 41 ans, s'était déjà vendu à un demi-million d'exemplaires et a été l'un des trois Goncourt les plus vendus de la période 1949-1970. Madrapour et Derrière la vitre furent d'autres succès de librairie, avec respectivement 100 000 et 30 000 exemplaires quelques mois à peine après leurs parution.
Robert Merle n'a pas connu la traditionnelle baisse sensible des ventes d'un auteur peu de temps après sa mort. Selon son fils, Gallimard versait à la fin des années 2010 chaque année des droits d'auteur très proches de ceux versés avant sa mort, alors que son dernier roman publié chez cet éditeur date de 1974. Selon lui, La mort est mon métier se vendait en 2018 à environ dix mille exemplaires en France par an, plus de 65 ans après sa parution et Malevil, roman d'anticipation sur une catastrophe nucléaire, vieux lui de 45 ans, se vendait à environ trois à quatre mille exemplaires par an, même si d'autres romans de ses politique-fiction se vendent beaucoup moins bien, comme Un animal doué de raison.
Tous ses romans ont été adaptés au cinéma ou à la télévision en France, à l'exception de Madrapour, L'Idole et Les Hommes protégés, ce dernier faisant cependant, depuis l'affaire Weinstein, l'objet d'intérêt de très nombreux réalisateurs ou producteurs, selon son fils. Avaient déjà été adaptés en 2024 :
L'?uvre de Robert Merle a été traduite dans 22 langues différentes. Les pays de l'Est, République tchèque, l'ex-Allemagne de l'Est et la Hongrie sont les pays de plus forte pénétration. Il est « l'auteur contemporain le plus connu et le plus lu » de l'ex-Allemagne de l'Est, ses romans faisant partie des classiques des programmes universitaires et y « occupe avec 1,46 million d'exemplaires la 3e place parmi les auteurs étrangers après Mark Twain et Balzac », selon le travail de Brigitte Heymann, une universitaire allemande.
En 2001, peu de temps avant sa mort, il a été récompensé par le prix de l'auteur étranger le plus lu en Hongrie et ses héritiers ont été au XXI siècle sollicités pour la republication de ses ouvrages, en Russie, en Hongrie, en République tchèque, et en Lettonie. En Angleterre les éditions Pushkin Press)ont publié les trois premiers tomes traduits de Fortune de France en 2015 et 2016. Malevil eut une seconde vie au Japon, au Portugal et en Yougoslavie. Week-end à Zuydcoote fut traduit en allemand, anglais, italien, hongrois, yougoslave, polonais, espagnol, et portugais.
Trois livres ont été consacrés à Robert Merle.
En 2008, son fils Pierre Merle a publié une volumineuse biographie illustrée d'une vingtaine de photos : Robert Merle. Une vie de passions (Éditions de l'Aube, 2008, réédition De Fallois, 2013). L'ouvrage débute par une question : « Par quelle alchimie de hasard et de nécessité, Robert Merle, ce gosse courant dans les rues d'Alger, est-il devenu un écrivain ? » L'histoire mouvementée de son enfance, de son adolescence parisienne, de sa captivité en Allemagne, de ses engagements politiques et de ses amours constitue une « main du destin », minutieusement décrite, et la trame fondatrice d'une ?uvre d'une grande diversité littéraire. L'ouvrage montre que la grande saga de Fortune de France (13 tomes), très documentée et très fidèle à l'histoire de France, est aussi, à travers les deux personnages de Pierre de Siorac et de son fils Pierre-Emmanuel, une autobiographie romancée de Robert Merle, un mélange continuel de sa vie réelle et de sa vie rêvée. Pour le centenaire de sa naissance, cette biographie est un éclairage particulier de la vie et de l'?uvre de celui que Le Monde a appelé le « plus grand romancier de littérature populaire en France ».
En 2016, Anne Wattel a soutenu une thèse sur l'?uvre de Robert Merle : « Robert Merle, écrivain singulier du propre de l'homme », qu'elle publie en 2018 aux Presses universitaires du Septentrion. Elle écrit: « Robert Merle est au purgatoire des Belles-Lettres françaises. Quelque chose dans sa trajectoire, qui va du prix Goncourt avec son tout premier roman, Week-end à Zuydcoote, aux treize tomes d'une saga historique, Fortune de France, a semble-t-il sonné le glas de sa consécration. Et ce quelque chose tient sans doute à la singularité d'un écrivain franc-tireur, allergique à toute mode, à toute école, à tout parti (?).Toujours il s'est agi, pour cet écrivain-militant, de poursuivre le combat, envers et contre l'amnésie, les ?illères, les mensonges, et de le poursuivre pour les générations à venir ».
En 2024, Chloé Thomas lui consacre un essai, Robert Merle : roman, publié aux Presses universitaires de Nanterre.
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