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Naissance | Bordeaux |
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Décès |
(à 94 ans) Roussillon (Vaucluse) |
Nom de naissance |
Jean Marie Gérard Lacouture |
Nationalité |
française |
Formation |
École libre des sciences politiques (jusqu'en ) |
Activités |
Journaliste, écrivain, historien |
Rédacteur à |
Le Monde, France-Soir |
Père |
Joseph Lacouture (d) |
Conjoint |
Simonne Lacouture (d) |
Distinctions | Liste détaillée Prix Pierre-Lafue () Bourse Goncourt de la biographie () Grand prix Gobert () Commandeur des Arts et des Lettres? Grand officier de la Légion d'honneur? |
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Archives conservées par |
Archives nationales d'outre-mer (32 APOM) |
Jean Lacouture, né le à Bordeaux et mort le à Roussillon, est un journaliste et écrivain français.
Jean Lacouture est le fils du chirurgien Joseph Lacouture et d'Anne-Marie Servantie. Sa famille est catholique et ancrée à droite, propriétaire viticole et issue en partie de la noblesse. L'un de ses oncles est général dans l'armée coloniale (en poste à Madagascar), l'autre magistrat en Indochine française. Ses parents sont abonnés à Gringoire et à La Victoire mais ne sont pas antisémites.
Il fréquente le lycée Sainte-Marie Grand Lebrun, tenu par les marianistes, à Caudéran. Il fait ses études secondaires chez les jésuites du lycée Saint-Joseph de Tivoli, puis des études supérieures à Paris. Il est diplômé en lettres, en droit et de l'École libre des sciences politiques (promotion 1941). En 1969, il soutient une thèse de doctorat en sociologie.
Attaché de presse du général Leclerc à la fin de la Seconde Guerre mondiale, il découvre l'Indochine et y fait ses débuts dans le journalisme où il rencontre les chefs du Vi?t Minh révolutionnaire, dont Hô Chi Minh.
Après un séjour de deux ans à la résidence générale de France à Rabat au Maroc (1947-1949), Jean Lacouture commence sa carrière de journaliste et de reporter à Combat en 1950, qu'il poursuit au journal Le Monde en 1951 puis à France-Soir, en tant que correspondant au Caire entre 1953 et 1956.
Il revient au Monde en 1957 où il est chef du service outre-mer puis grand reporter jusqu'en 1975. Il collabore également au Nouvel Observateur.
D'abord sympathisant de droite, deux évènements l'ont conduit, selon lui, à se tourner vers la gauche. En premier lieu, le procès intenté à son père, influent chirurgien ayant accepté à sa retraite de prendre la tête d'une clinique mutualiste, par le corps médical bordelais sous un prétexte futile : « la vraie raison était qu'il trahissait sa classe. Il passait chez des gens qui font payer le même prix à tous les malades. Une médecine qui sentait le syndicalisme. » Puis, après avoir rejoint l'armée française en Indochine à la fin de la Seconde Guerre mondiale, la découverte de la réalité du colonialisme français. Son engagement à gauche, contre le général de Gaulle et la V République, mais surtout pour le Vi?t C?ng et les Khmers rouges (« le meilleur Cambodge »), seront l'objet d'ardents débats et de justifications a posteriori de sa part. Il déclarera plus tard s'être trompé et reconnaîtra le caractère génocidaire du régime.
Biographe de nombreuses personnalités, Jean Lacouture revendique, lors d'un débat en 2001 avec Philippe Bertrand sur France Inter (émission Café littéraire) sa subjectivité et son empathie pour les personnages dont il écrit la biographie (par exemple la personnalité « savoureuse » d'Hô Chi Minh). Ainsi, dit-il, s'il ne peut faire de biographie de personnages qu'il n'apprécie pas, il reconnaît écrire des biographies d'admiration et pour lesquelles il n'hésite pas à s'écarter de la règle de l'objectivité. Partant ainsi du constat que « le biographe est dominé par son personnage », il ne croit pas à cette règle (défendue par Pierre Milza) et reconnaît traiter le sujet de manière engagée et personnelle.
Pour Jean Lacouture, l'art du biographe consiste à laisser des zones d'ombre pour permettre au lecteur de se faire une idée.
Écrivain ou historien de l'histoire immédiate ou contemporaine, Jean Lacouture a regretté de ne pas avoir mis l'accent sur « l'encagement » des hommes au Viêt Nam. En revanche, il ne cache pas certaines dérives du régime nassérien dans L'Égypte en mouvement (éditions du Seuil, 1956), coécrit avec sa femme Simonne Lacouture :
« Toute censure est haïssable. Mais, pratiquée comme elle l'est en Égypte, fantasque, irrésolue, pataugeante et féroce sitôt que décidée, elle fait de la presse l'une des dernières formes de la servitude. »
? Jean Lacouture, L'Égypte en mouvement, (p. 282).
Jean Lacouture enseigne à l'Institut d'études politiques de Paris.
Grand mélomane, passionné de musique et surtout d'opéra, après avoir écrit sur Carmen, Jean Lacouture est le président de l'Association des amis de Georges Bizet.
Il est aussi depuis toujours un fin connaisseur du milieu rugbystique français en commentant notamment, dans le journal Le Monde, les matchs du tournoi des Cinq nations. Il écrit sur ce sujet un livre Voyous et gentlemen, Une histoire de rugby en 2006.
Jean Lacouture meurt à 94 ans le , quatre ans jour pour jour après son épouse, Simonne, née Simonne Grésillon. Il est inhumé le au cimetière de Roussillon dans le Vaucluse, en présence notamment de l'ancien secrétaire d'État et historien Jean-Noël Jeanneney, de l'ex-ministre de la Justice Élisabeth Guigou et du journaliste Jean-Louis Servan-Schreiber.