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Naissance | Madanapalle, Raj britannique |
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Décès |
(à 90 ans) Ojai, Californie, États-Unis |
Nom dans la langue maternelle |
?????? |
Pseudonyme |
K |
Nationalité | ![]() ![]() |
Formation |
Université Paris-Sorbonne |
Activité |
Philosophe |
Site web | |
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Distinction |
Médaille de la paix des Nations unies () |
Jiddu Krishnamurti (ou Jidhu Krishnamurti) (en télougou ?????? ????? ?????? et en tamoul ?????? ???????????????), né à Madanapalle (Andhra Pradesh) le 12 mai 1895 et décédé à Ojai (Californie) le , est un penseur indien promouvant une éducation alternative. Apparue au sein de la théosophie et de la contreculture des années 1960, sa pensée exerça une influence notable sur des auteurs et des personnalités de différentes disciplines.
D'abord présenté dès son adolescence par la société théosophique de l'époque comme un messie potentiel, il a opéré un revirement un peu plus tard pour développer une thèse radicalement opposée, reposant principalement sur l'idée qu'une transformation de l'humain ne peut se faire qu'en se libérant de toute autorité. Sa conviction était qu'un tel changement devait passer par une transformation de ce qu'il appelait le « vieux cerveau conditionné de l'homme » (« mutation de la psyché ») afin d'accéder à une liberté que ni les religions, ni l'athéisme, ni les idéologies politiques ne seraient capables de produire, puisque, selon lui, ces formes de pensée ne font que perpétuer les conditionnements.
Krishnamurti est né en 1895 à Madanapalle au sein d'une famille de brahmanes de l'Andhra Pradesh dans l'Inde sous administration britannique. Huitième enfant masculin, il lui fut donné, selon la tradition hindoue, le nom de Krishna (murti signifiant la forme, ou la manifestation). Sa mère, Sanjeevamma, dont il était très proche, meurt quand il a 10 ans. Selon la biographie de Mary Lutyens, il était un enfant de santé fragile et régulièrement battu par ses instituteurs et par son père, Narainiah.
En 1909, il n'a que 14 ans quand, accompagné de son frère Nityananda, il croise Charles Webster Leadbeater sur une plage privée dépendant du siège de la Société théosophique, où est employé son père, à Adyar, un quartier de Chennai. Leadbeater prétendit avoir décelé chez le jeune garçon une aura exceptionnelle. Leadbeater qui disait pouvoir explorer les vies antérieures des personnes qu'il connaissait aurait découvert que la destinée de Krishnamurti était d'être sur terre le véhicule de l'« instructeur du monde », le « Lord Maitreya » que les théosophes attendaient. Cet « instructeur » est décrit comme une figure messianique combinant divers aspects du Christ, du Maitreya bouddhiste, et des avatars hindous. Krishnamurti considéra cette période d'éducation à la société théosophique comme salutaire, y compris sur le plan de sa santé, déclarant que sans sa rencontre avec Leadbeater, il n'aurait pas survécu.
Leadbeater et Annie Besant, qui dirigent à cette époque la Société théosophique, commencent son enseignement afin de le préparer à son destin. Pour le « protéger », il est alors appelé « Alcyone ». Il est demandé le plus grand secret aux théosophes connaissant son existence et son identité. Annie Besant devient une nouvelle mère pour lui, au point qu'elle obtient du père la garde légale de Krishnamurti et de son frère Nitya. Elle perd la garde par une décision de justice en 1913. lorsque le père essaye de récupérer la garde de ses enfants, en utilisant le scandale Leadbeater de 1906-1907. Après avoir perdu en appel, Annie Besant doit rendre les garçons à leur père. Mais vivant alors avec eux en Grande-Bretagne, elle refuse de les renvoyer en Inde. Un ultime appel est déposé auprès du Privy Council qui décide de laisser Krishnamurti et son frère décider. Mais ils ne furent pas consultés. Il fut considéré que le fait de ne pas retourner en Inde exprimait leur volonté de rester en Grande-Bretagne, et donc avec Annie Besant. De la même manière, il fut considéré que le père ne faisant pas appel de la décision du Privy Council, cela pouvait signifier qu'il l'acceptait. La « victoire » d'Annie Besant pour la garde de Krishnamurti et son frère était donc toute technique.
Durant son éducation, en 1910, Krishnamurti passe deux jours et deux nuits dans les appartements d'Annie Besant, enfermé seul avec Leadbeater pour son « initiation ». Il serait alors remonté dans ses vies antérieures (il en fit le récit dans son ouvrage The Lives of Alcyone publié à l'automne 1910) et aurait finalement été accepté par les mahatmas de la théosophie.
Ses tuteurs travaillent à polir son image publique, son apparence, et à lui inculquer une attitude de détachement, un flegme britannique, dans sa présence, qu'il conservera toute sa vie. Dès 1910, les plus zélés des théosophes d'Adyar créent un Order of the Rising Sun qui vénère l'« instructeur du monde » en la personne d'Alcyone. Cet ordre, considéré comme un simple culte de la personnalité est dissous en 1913, mais assez vite remplacé par l'Order of the Star of the East (ordre de l'Étoile d'Orient) créé et sanctionné par Annie Besant qui estime que cet ordre n'est pas lié à la théosophie, mais ébauche une future religion universelle.
En 1911, Annie Besant emmène donc Krishnamurti et son jeune frère à Londres où il rencontre Emily Lutyens, fille de l'ancien Vice-roi des Indes, Robert Lytton et épouse de l'architecte Edwin Lutyens. Ce dernier est envoyé à Delhi comme architecte officiel en 1912. Emily Lutyens, sur qui Krishnamurti a fait forte impression, se convertit à la théosophie afin de passer le plus de temps possible à ses côtés. Elle apporte aussi un important soutien financier à l'éducation du jeune homme, le sien et celui de deux amies, l'Américaine Mary Dodge et la comtesse britannique Muriel de la Warr. Les deux frères passent toute la Première Guerre mondiale en Grande-Bretagne, se déplaçant de résidence en résidence et passant leur temps à étudier et à s'occidentaliser. L'idée étant à terme de réussir à les faire entrer à Oxford. Cependant, le caractère « rêveur » et le manque d'attention de Krishnamurti finit par faire renoncer leur mère adoptive, restée en Inde et engagée dans la lutte pour l'indépendance, à cet espoir. Elle en vint même un temps à douter qu'il était vraiment l'« instructeur » attendu.
En 1921, il contracte une bronchite qui devient une maladie chronique chez lui. Cette même année il tombe amoureux d'une jeune femme de 17 ans, Helen Knothe, dont les parents sont impliqués dans la société théosophique. Mais il s'en sépare rapidement à cause du sens de sa mission à venir qui, croyait-il, lui interdisait de mener une vie normale. L'année suivante, il se rend en Australie puis en Californie avec Annie Besant. À Ojai, elle acquiert un terrain d'où elle espère que se produira le renouveau que doit apporter Krishnamurti.
À l'été 1922, selon ses propos rapportés par Lutyens, il vit une expérience « transformatrice » qui, bien que systématiquement accompagnée de violents maux de tête, est qualifiée par lui-même d'éveil spirituel, qui devait changer sa vie. Il la baptisa « le processus » (the process), ce qu'Annie Besant appelait le réveil de la Kundalinî et au cours duquel il dit avoir ressenti une « Présence », une « bénédiction », une « immensité », un « état Autre » (Otherness) et un sens du « sacré » auxquels il fit souvent référence en ces termes dans son enseignement, en particulier dans ses « carnets » ; elle réapparut de façon récurrente tout au long de sa vie. À cela s'ajoute la mort de son frère en 1925, à l'âge de 27 ans, qui l'ébranle fortement. Si bien qu'après avoir passé toutes ces années soumis à la vision que ses tuteurs avaient de lui, déclarant même souvent qu'il ferait tout ce qu'on lui demandait, il commence, à partir de ces événements, à contester les directives qui lui sont imposées, sans pourtant tout à fait désavouer l'idée selon laquelle il serait ce messie.
En , il décide de dissoudre l'organisation mondiale, établie en 1913 pour le soutenir, et qui avait été appelée « l'Ordre de l'Étoile d'Orient », déclarant à cette occasion : « La Vérité est un pays sans chemin, que l'on ne peut atteindre par aucune route, quelle qu'elle soit : aucune religion, aucune secte. ». Il considérait que les rituels et exercices spirituels de cet ordre étaient au mieux dénués d'intérêt et au pire absurdes. Il déclara aussi que dans cet ordre, la seule personne réellement sincère était Annie Besant. Son opposition à toute notion de sauveur, de gourou ou de tout médiateur pour faire l'expérience de la « réalité » allait devenir sa ligne directrice. Selon Mary Lutyens, le dernier lien avec la société théosophique est rompu avec la mort d'Annie Besant en 1933.
« Toute autorité, particulièrement dans le domaine de la pensée, est destructrice, une mauvaise chose. Les leaders détruisent leurs adeptes et les adeptes détruisent les leaders. Vous devez être votre propre enseignant et votre propre disciple. Vous devez mettre en doute tout ce que l'homme a accepté comme valable ou nécessaire. »
« Mais ayant réalisé que nous ne pouvions dépendre d'aucune autorité extérieure, il reste l'immense difficulté à rejeter l'autorité intérieure de nos petites opinions, nos savoirs, nos idées et idéaux. »
Il se consacre alors à voyager à travers le monde pour exposer ses idées qui font rapidement de lui une attraction inhabituelle en son temps, par la distance parfois virulente qu'il prend avec les religions et les gourous, même s'il finissait, inévitablement, par être perçu lui-même comme tel.
De 1930 à 1944, ses tournées sont organisées par la Star Publishing Trust (SPT) sous la direction de D. Rajagopal (Desikacharya Rajagopal) lequel prend en charge tous les aspects matériels qui ennuient Krishnamurti. C'est à cette époque que Krishnamurti vit une relation amoureuse avec l'épouse américaine de D. Rajagopal, Rosalind. Leur fille, Radha, ajoute dans le livre qu'elle a consacré à ses années auprès de Krishnamurti (Vies dans l'ombre, avec J Krishnamurti), qu'il s'agissait probablement de sa première véritable relation intime avec une femme. Toujours selon Radha, Rosalind avait été particulièrement proche de Nitya, le frère de Krishnamurti, avant sa mort et avait fréquenté les deux frères de façon quotidienne, les maternant tous deux dans leurs nombreux moments de détresse ou de maladie, et cela bien avant son mariage avec D. Rajagopal (que Krishnamurti aurait perçu comme une formalité sans importance et n'affectant pas sa relation privilégiée avec elle). Sa biographe, Mary Lutyens évoque également cette relation.
À cette même époque il fonde les premières écoles selon sa vision de l'éducation (Rosalind devenant la directrice de la Happy Valley School). Dans cette période, Krishnamurti réside principalement à Ojai en Californie où il reçoit la visite de plusieurs personnalités comme Aldous Huxley, Igor Stravinsky, Bertolt Brecht, Thomas Mann, Bertrand Russell ainsi que Greta Garbo qui se présente à lui comme une aspirante spirituelle sérieuse. Aldous Huxley étant, parmi eux, l'ami le plus proche. En 1946, il subit une sérieuse infection des reins qu'il ne souhaite d'abord pas voir soigner, ne tolérant que la présence de Rosalind Rajagopal près de lui. Il accepte plus tard d'être soigné.
Il commence à évoquer un thème qui devait revenir fréquemment dans ses conférences, celui de la « véritable méditation », dont le sens est différent de celui qui était acquis à cette époque. De la même façon, il critique fréquemment la division faite entre le conscient et l'inconscient.
À partir de 1950, il vit en partie à Paris, et rencontre Léon de Vidas qui possédait une propriété à Cuzorn, en Lot-et-Garonne, où il séjourne et rédige une partie de Commentaires sur la vie, sur le conseil d'Aldous Huxley. S'ajoute alors, à ses discours sur l'introspection méditative, des critiques acerbes des structures de la société. En 1953 son premier ouvrage est publié par un éditeur important et non spécialisé en spiritualité.
Krishnamurti se plaignait fréquemment autant de la vénération dont il était l'objet en Inde que de l'approbation molle et inactive de ses auditoires occidentaux. Il mentionne un cas de conférence durant laquelle il se réjouit d'avoir entendu un désaccord de la part de son public, indiquant qu'ils commençaient à penser par eux-mêmes.
En Inde, sa popularité est très importante, il rencontre plusieurs autres figures notables de la spiritualité telles que Ramana Maharshi, Mâ Ananda Moyî et Vimala Thakar. En 1956, il rencontre également Tenzin Gyatso, le 14 dalaï-lama, avec qui il a une relation de respect mutuel. Le 14e dalaï-lama qui se rendait en Inde à l'occasion du 2 500 anniversaire du parinirvana du bouddha Siddhartha Gautama, du à , avait entendu parler de Krishnamurti par Apa Pant qui l'accompagnait. Le dalaï-lama avait demandé à le rencontrer en décembre à Chennai (Madras) quand il avait appris qu'il se trouvait à Vasanta Vihar ; Apa Pant décrit la rencontre. Sa visite à la Société théosophique de Chennai lui fait une forte impression, en raison de l'ouverture de ce mouvement aux principales religions du monde.
En 1960, il rencontre le physicien David Bohm dont les vues lui semblent proches des siennes. Les deux hommes deviennent rapidement amis et enregistrent un certain nombre de dialogues qui se déroulent sur une vingtaine d'années. Selon certains observateurs, le langage de Krishnamurti a gagné en précision et en vocabulaire, au contact des scientifiques. C'est à partir de ces années 1960 que son entourage note une modification générale de son comportement, auparavant joyeux, rieur, il devient plus sérieux parfois impatient et véhément. Il interpelle son auditoire de façon plus radicale, comme s'il y avait une urgence à comprendre ce qu'il voulait leur transmettre. Or, ce changement intervient au moment des divers mouvements de la contreculture, et beaucoup le jugent trop austère dans cette période, ce qui ne l'empêche pas d'organiser des rassemblements à succès à Saanen en Suisse, destinés aux « personnes sérieuses, concernées par les énormes défis de l'humanité ». Krishnamurti n'admettait pas l'existence d'un changement intervenu en lui, il ne reconnaissait qu'un changement dans la « formulation, le vocabulaire et la gestuelle ». En 1970 il rencontre Indira Gandhi à plusieurs occasions, et Pupul Jayakar, proche de Gandhi, affirme que Krishnamurti aurait eu une influence sur la politique indienne après ces discussions.
En 1980, il réaffirme les grandes lignes de sa philosophie dans une déclaration écrite connue sous le nom « le c?ur des enseignements ». Au même moment, il affirme à son entourage que l'expérience intérieure, le « processus » qu'il décrivait dans les premières années, avait pris une force nouvelle, que ce mouvement intérieur aurait atteint la « source de toute énergie » et qu'il ne restait en lui qu'« espace incroyable et une immense beauté ». En 1981, à la suite d'une grippe qui l'affecte profondément, au point de dire qu'il lui aurait « été plus facile de se laisser mourir que de survivre », il commence à évoquer plus fréquemment le thème de la mort dans ses écrits et ses conférences. Bien que dans les années 1980, certains aient noté des signes de fatigue physique et mentale, après une vie marquée par diverses maladies, il continue à donner une moyenne de 120 conférences par an jusqu'à sa mort. Son mode de vie était austère et rigoureux : il ne fumait pas, ne buvait pas d'alcool, ne consommait pas de caféine (suivant les principes de la théosophie), et faisait un exercice physique régulier.
À l'âge de 90 ans, il s'adresse aux Nations unies sur le sujet de la paix et de la conscience, et reçoit la Médaille de l'ONU pour l'année 1984.
Son dernier entretien public a lieu à Madras, en Inde, en janvier 1986, un mois avant son décès à Ojai, en Californie. S'étant préparé à la mort, il demande que personne ne soit désigné ou ne se désigne comme son représentant, interprète ou porte-parole. Au cours d'une des dernières réunions avec son entourage, il aurait également demandé que « ses résidences ne deviennent pas des lieux de pèlerinage et qu'aucun culte ne soit développé autour de sa personne ». Il meurt en , quelques semaines après qu'un cancer du pancréas lui a été diagnostiqué.
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