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Fauteuil 27 de l'Académie française | |
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- | |
Auguste de La Force Michel Droit |
Naissance | Villa Clara |
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Décès |
(à 81 ans) Avernes |
Sépulture |
Cimetière du Montparnasse |
Nom dans la langue maternelle |
Joseph Elie Kessel |
Nom de naissance |
Joseph Kessel |
Nationalité |
française |
Formation |
Lycée Louis-le-Grand |
Activités |
Correspondant de guerre, romancier, journaliste d'opinion, écrivain, journaliste, scénariste, aviateur |
Rédacteur à |
France-Soir, Le Figaro, Revue des Deux Mondes |
Membre de |
Académie française () |
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Conflit |
Première Guerre mondiale |
Distinctions | Liste détaillée Prix Paul-Flat () Grand prix du roman de l'Académie française () Prix des ambassadeurs () Prix Prince-Pierre-de-Monaco () Médaille militaire Croix de guerre 1914-1918 Croix de guerre 1939-1945 Commandeur des Arts et des Lettres? Grand officier de la Légion d'honneur? |
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Joseph Kessel, parfois dit « Jef », né le à Villa Clara (Entre Ríos, Argentine) et mort le à Avernes (Val-d'Oise), est un romancier, grand reporter, aventurier, résistant et académicien français.
Engagé volontaire en France comme aviateur pendant la Première Guerre mondiale, il tire de cette expérience humaine son premier grand succès littéraire, L'Équipage, publié à 25 ans. Dès lors, son ?uvre romanesque se nourrit de l'aventure humaine dans laquelle il s'immerge, à la recherche d'hommes exceptionnels. Après la guerre, il se consacre en parallèle au journalisme et à l'écriture romanesque. Il participe à la création de Gringoire, un hebdomadaire politique et littéraire qui devient l'un des plus importants de l'entre-deux-guerres, et signe des grands reportages à succès pour Paris-Soir que dirige alors Pierre Lazareff. Il publie notamment Belle de jour, qui fait scandale et reste entouré d'une réputation sulfureuse jusqu'à son adaptation cinématographique en 1967 par Luis Bunuel, et Fortune carrée, roman inspiré d'un périple en Mer Rouge lors duquel il rencontre Henry de Monfreid.
Quand éclate la Seconde Guerre mondiale, il est correspondant de guerre, puis rejoint la Résistance et rallie le général de Gaulle à Londres. Il y compose et coécrit avec son neveu Maurice Druon les paroles du Chant des partisans, qui devient l'hymne de la Résistance, et écrit L'Armée des ombres en hommage à ses combattants, puis finit la guerre comme capitaine dans l'aviation. Après la Libération, il retourne aux voyages ? dont il tire de grands reportages et la matière de romans, dont celui qui est considéré comme son chef-d'?uvre romanesque, Les Cavaliers, ou encore Le Lion, qui rencontre un immense succès. Il se consacre aussi au devoir de mémoire et d'amitié en écrivant la biographie d'hommes comme le D Kersten, dans Les Mains du miracle, ou Jean Mermoz. Il est élu à l'Académie française en 1962.
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Joseph Elie Kessel est le fils de Samuel Kessel, médecin juif originaire de Lituanie, à l'époque dans l'Empire russe, et de Raïssa Lesk, issue d'une famille juive de Russie établie à Orenbourg, ville située sur le fleuve Oural.
Il a deux frères cadets, Lazare (1899-1920), père biologique de Maurice Druon (1918-2009) et Georges.
Samuel Kessel, venu étudier la médecine en France, soutient son doctorat à l'Université de Montpellier. C'est là qu'il rencontre Raïssa, elle aussi inscrite en médecine (à partir de 1894), mais qui ne poursuivra pas jusqu'au doctorat, contrairement à son amie Glafira Ziegelmann (1871-1935), elle aussi d'Orenbourg. Samuel et Raïssa se marient à Orenbourg.
Vers 1897, ils embarquent pour l'Argentine où Samuel a obtenu un poste pour une durée de trois ans. C'est dans ce pays que naît leur premier enfant, Joseph.
Les Kessel reviennent ensuite en Russie et s'installent près de la famille Lesk à Orenbourg, où ils résident de 1905 à 1908.
En 1908, ils reviennent en France et s'installent à Nice (avenue Auber). Joseph fait la plus grande partie de ses études secondaires au lycée de Nice (alors lycée Félix-Faure, aujourd'hui lycée Masséna). En août 1913, ils s'installent près de Paris, à Bourg-la-Reine (4, rue du Chemin-de-Fer) et Joseph devient élève du lycée Louis-le-Grand. Il obtient alors son baccalauréat.
La famille Kessel revient à Nice en août 1914, au début de la Première Guerre mondiale, qui commence le 3 août. Pendant quelques mois, Joseph, âgé de 16 ans, est infirmier brancardier à l'hôpital installé à l'hôtel Impérial de Cimiez. L'année suivante, il obtient sa licence de lettres et est engagé au Journal des débats dans le service de politique étrangère.
En 1916, il est admis, ainsi que Lazare, au Conservatoire d'art dramatique. Joseph fait quelques apparitions comme figurant sur la scène du théâtre de l'Odéon.
Mais à la fin de l'année 1916, il décide de s'engager volontairement dans l'armée française. Enrôlé dans l'artillerie, il est rapidement affecté dans l'aviation, arme toute nouvelle à cette époque.
Il sert dans l'escadrille S.39, basée à Reims, sous le commandement du capitaine Thélis Vachon. Marqué par le charisme de cet officier à l'enthousiasme contagieux, il lui rendra hommage à travers le personnage du capitaine Gabriel Thélis dans son premier roman, L'Équipage, publié en 1923.
Il est promu sous-lieutenant en juillet 1918 après avoir participé aux combats de la deuxième bataille de la Marne au printemps 1918.
La guerre terminée (11 novembre 1918), il se porte volontaire pour une mission en Russie, où la guerre civile vient de commencer entre les bolcheviks au pouvoir depuis novembre 1917 et leurs adversaires, les "blancs?. La mission est d'apporter un soutien aux armées blanches de Sibérie. Pour cela, il gagne Vladivostok en passant par les États-Unis.
En 1920, il est envoyé à Londres par le Journal des débats pour son premier grand reportage. Mais comme il a alors un statut d'apatride, il se fait faire un faux passeport. Cela l'incite à demander l'année suivante la nationalité française qu'il obtient, en faisant intervenir Robert Dreyfus, conseiller haut placé au bureau du sceau, en .
Il se marie en 1921 avec Nadia-Alexandra Polizu-Mic?une?ti, descendante d'une famille appartenant à la noblesse roumaine du XIX siècle), surnommée « Sandi », qui meurt en 1928 de tuberculose.
En 1926, il publie un roman intitulé Makhno et sa juive dans lequel il décrit le leader anarchiste ukrainien Nestor Makhno en tyran assoiffé de sang touché par la beauté d'une jeune juive. Il provoque une vive réaction dans les milieux anarchistes et des réponses de Makhno lui-même, qui vit en exil à Paris. La crédibilité du récit de Kessel, qu'il affirme basé sur le témoignage d'un officier blanc, est aujourd'hui considérée comme nulle.
Avec Georges Suarez et Horace de Carbuccia, Joseph Kessel fonde en 1928, à Paris, un hebdomadaire politique et littéraire orienté à droite, Gringoire. Romain Gary, qui deviendra plus tard son ami, y publie deux nouvelles à ses débuts, L'Orage (le ) puis Une petite femme (le ), sous son véritable nom, Roman Kacew. Joseph Kessel est également avec d'autres écrivains de l'époque et sous la présidence de Marcel Prévost membre du jury du prix Gringoire, fondé par l'hebdomadaire, Mais par la suite, déjà choqué par l'arrivée d'Hitler au pouvoir en Allemagne et les persécutions antijuives qui s'ensuivent, Kessel quitte Gringoire quand le journal commence à adopter une ligne nettement antisémite.
En 1930, le journal Le Matin lui permet d'enquêter sur la traite des esclaves, qui a encore cours entre l'Afrique et l'Arabie. Avec l'appui sur place de Henry de Monfreid, il suit la piste de marchands d'esclaves en Abyssinie puis au Yémen après avoir traversé la mer Rouge. Ce reportage, qui connaît un écho important, est la principale source de son roman Fortune carrée, dans lequel le lecteur suit le trajet inverse de celui de Kessel, en croisant des figures largement inspirées par les rencontres de l'écrivain durant son voyage de 1930.
En 1932, Kessel décide de se mettre au vert. Il séjourne un mois entier à l'hôtel Excelsior à Genève avec sa femme et sa mère. Il écrit en trois semaines le roman Wagon-Lit. Il va à Annemasse, côté français, rendre visite au docteur Alexandre Lapiné, un ami proche de sa famille qui a assisté à sa naissance en Argentine. Il écrit un article dans Le Messager sur le téléphérique du Salève, inauguré deux mois auparavant.
En 1936, il publie La Passante du Sans-Souci, un roman au ton antifasciste.
Il rencontre Catherine Gangardt (1903-1972), d'origine lettone et surnommée « Katia », avec qui il se marie en 1939 mais dont il divorce ensuite.
Joseph Kessel fait ensuite partie de la grande équipe réunie par Pierre Lazareff à Paris-Soir, qui représente l'âge d'or des grands reporters. Il fait pour ce journal de nombreux voyages dont il rapporte des reportages qui font monter le tirage du journal de plusieurs centaines de milliers d'exemplaires, et dont il tire la matière de romans. Il est correspondant de guerre pendant la guerre d'Espagne, puis durant la drôle de guerre.
Après la défaite de la France face à l'Allemagne en mai-juin 1940 Joseph Kessel rejoint la Résistance au sein du réseau Carte, avec son neveu Maurice Druon. C'est avec ce dernier qu'il franchit clandestinement les Pyrénées pour gagner Londres et s'engager dans les Forces aériennes françaises libres du général de Gaulle.
En , dans l'enceinte du pub The White Swan, à Coulsdon, dans la banlieue sud de Londres, il compose, toujours avec son neveu Maurice Druon, les paroles françaises du Chant des Partisans qui devient le chant de ralliement de la Résistance, interprété par Germaine Sablon, sa compagne d'alors. La même année, Kessel publie L'Armée des ombres en hommage à ses camarades combattants de la Résistance. Il finit la guerre avec le grade de capitaine d'aviation dans une escadrille qui, la nuit, survole la France pour maintenir les liaisons avec la Résistance et lui transmettre des consignes.
C'est à cette époque qu'il rencontre à Londres Michèle O'Brien, une Irlandaise avec qui il se marie en 1949. Elle sombre par la suite dans une dépendance à l'alcool qui incite Kessel à s'intéresser aux Alcooliques anonymes et à leur méthode d'entraide contre l'alcoolisme, et à publier Avec les Alcooliques Anonymes, en 1960.
À la Libération, Joseph Kessel a repris son activité de grand reporter. Il est l'un des journalistes qui assistent au procès du maréchal Pétain en juillet-, puis au procès de Nuremberg, pour le compte de France-Soir. Il voyage en Palestine et reçoit le premier visa du tout nouvel État d'Israël quand il se pose à Haïfa le .
Il continue de voyager, en Afrique, en Birmanie, en Afghanistan. C'est ce dernier pays qui lui inspire son chef-d'?uvre romanesque, Les Cavaliers (1967).
Entre-temps, il a publié Les Amants du Tage, La Vallée des Rubis, Le Lion, Tous n'étaient pas des anges, et a fait revivre, sous le titre Témoin parmi les hommes, les heures marquantes de son existence de journaliste.
En 1950 paraît en quatre volumes Le Tour du malheur. Cette fresque épique, que l'auteur a mis vingt ans à mûrir (voir son avant-propos), contient de nombreux éléments de sa vie personnelle et occupe une place à part dans son ?uvre. En s'attachant à des personnages très excessifs, elle dépeint les tourments d'une époque (la Grande Guerre puis l'entre-deux-guerres) et recèle une analyse profonde des relations humaines. On peut lire dans les relations entre le personnage principal et son jeune frère, Daniel, celles qui liaient Joseph Kessel et son petit frère Lazare, qui se suicida en 1920 à l'âge de 21 ans.
Consécration ultime pour ce fils d'immigrés russes juifs, l'Académie française lui ouvre ses portes. Joseph Kessel y est élu le , au fauteuil du duc de La Force, par 14 voix contre 10 au premier tour de scrutin, face à Marcel Brion. Devant l'Académie française, il revendique alors hautement son appartenance au judaïsme, comme il en avait précédemment témoigné dans Terre de feu (1948) publié au moment de la création de l'État d'Israël. Il tient à faire orner son épée d'académicien d'une étoile de David.
« Pour remplacer le compagnon dont le nom magnifique a résonné glorieusement pendant un millénaire dans les annales de la France, dont les ancêtres grands soldats, grands seigneurs, grands dignitaires, amis des princes et des rois, ont fait partie de son histoire d'une manière éclatante, pour le remplacer, qui avez-vous désigné ? Un Russe de naissance, et juif de surcroît. Un juif d'Europe orientale? vous avez marqué, par le contraste singulier de cette succession, que les origines d'un être humain n'ont rien à faire avec le jugement que l'on doit porter sur lui. De la sorte, messieurs, vous avez donné un nouvel et puissant appui à la foi obstinée et si belle de tous ceux qui, partout, tiennent leurs regards fixés sur les lumières de la France. »
En juin 2020, il entre dans la prestigieuse Bibliothèque de la Pléiade. La même année sort l'Album Pléiade Joseph Kessel, n 59 de la collection.
Joseph Kessel meurt d'une rupture d'anévrisme le , à Avernes, quelques mois avant son épouse Michèle (sa troisième épouse, née O'Brien, irlandaise), morte à Collioure en .
Il a vécu au 15, boulevard Lannes dans le 16 arrondissement de Paris, où un panneau Histoire de Paris lui rend hommage.
François Mauriac lui rend hommage dans son Bloc-notes : « Il est de ces êtres à qui tout excès aura été permis, et d'abord dans la témérité du soldat et du résistant, et qui aura gagné l'univers sans avoir perdu son âme. »