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Abdellatif Kechiche
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Abdellatif Kechiche au festival de Cannes 2013.
Surnom Abdel Kechiche
Naissance (64 ans)
Tunis (Tunisie)
Nationalité Française
Tunisienne
Profession Réalisateur
Scénariste
Acteur
Films notables L'Esquive
La Graine et le Mulet
La Vie d'Adèle
Mektoub, my love: canto uno

Abdellatif Kechiche (en arabe : ??? ?????? ????), parfois appelé Abdel Kechiche, né le à Tunis, est un réalisateur, scénariste et acteur franco-tunisien.

Connu pour ses réalisations au style naturaliste, il a été récompensé plusieurs fois aux César du cinéma. En 2013, La Palme d'or lui est attribuée au Festival de Cannes pour La Vie d'Adèle, conjointement avec les deux interprètes principales du film, Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

Biographie

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Débuts comme acteur

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Né en Tunisie, Abdellatif Kechiche arrive avec ses parents à Nice à l'âge de six ans et grandit dans le quartier des Moulins. Enfant d'ouvriers, il est tôt confronté au racisme et au mépris de classe. Passionné de théâtre, il suit les cours d'art dramatique du Conservatoire d'Antibes. Il interprète plusieurs spectacles sur la Côte d'Azur, notamment une pièce de Federico Garcia Lorca en 1978 et une pièce d'Eduardo Manet l'année suivante. Il se consacre également à la mise en scène et présente au Festival d'Avignon L'Architecte en 1981.

Au cinéma, il obtient le premier rôle du Thé à la menthe d'Abdelkrim Bahloul, où il joue un jeune immigré algérien qui vit de petits vols.

André Téchiné l'engage en 1987 dans Les Innocents où il incarne un gigolo face à Sandrine Bonnaire et Jean-Claude Brialy. Grâce à Bezness de Nouri Bouzid, il obtient le prix d'interprétation masculine du Festival de Namur en 1992.

Il rencontre la même année sa compagne, Ghalya Lacroix, qui collaborera à l'écriture et fera le montage de ses futures réalisations.

Révélation critique comme réalisateur (années 2000)

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Abdellatif Kechiche décide ensuite de passer derrière la caméra. Il écrit plusieurs scénarios qu'il tente de vendre sans succès. Mais le script de La Faute à Voltaire finit par séduire le producteur Jean-François Lepetit. Ce premier film se conçoit comme le portrait, simple et vibrant, d'un sans-papiers. Le jeune réalisateur y révèle sa capacité à observer la réalité quotidienne de déshérités ou de marginaux tout en développant un certain sens du romanesque et de la péripétie. On y décèle également son amour des acteurs et du jeu naturaliste grâce aux interprétations de Sami Bouajila et Élodie Bouchez. L'ensemble de ces qualités lui vaut le Lion d'or de la meilleure première ?uvre à la Mostra de Venise en 2000.

En 2003, il écrit et réalise L'Esquive avec des acteurs débutants et un budget extrêmement réduit. Il y suit un groupe de lycéens de la banlieue parisienne qui répètent une pièce de Marivaux pour la classe de français. Cette ?uvre sincère, qui cherche à rendre compte du mouvement hésitant de la séduction adolescente, brise les stéréotypes sur la jeunesse des cités. Le film remporte un succès honorable pour un film d'auteur sans acteurs connus ; il est salué par la critique comme l'un des grands films français de l'année 2004. À la surprise générale, il détrône à la 30 cérémonie des César les deux films favoris du public : Les Choristes de Christophe Barratier et Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet en gagnant quatre César importants : le César du meilleur espoir féminin pour la révélation Sara Forestier, et pour Kechiche les Césars du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur scénario.

Il met ensuite en scène en 2006 La Graine et le Mulet qui évoque le parcours d'un ouvrier d'origine maghrébine qui désire se reconvertir dans la restauration dans le port de Sète. Ce troisième opus du réalisateur met une fois encore en évidence son talent de peintre du quotidien et de conteur bienveillant, avec un côté proche du cinéma social. Il reçoit un accueil triomphal à la Mostra de Venise 2007, où il se voit décerner le grand prix du jury. La comédienne Hafsia Herzi obtient le prix de la meilleure jeune actrice. Après avoir obtenu le prix Louis-Delluc 2007, Kechiche remporte les quatre mêmes statuettes que L'Esquive, trois ans auparavant, dont celui du meilleur espoir féminin pour Hafsia Herzi. L'accueil critique est à l'unisson de la cérémonie, les Cahiers du cinéma voyant dans ce film l'expression d'un cinéma d'auteur populaire, à l'instar de celui Maurice Pialat. Le film fait un million d'entrées en France.

Son opus suivant, sélectionné à la Mostra de Venise 2010, s'intitule Vénus noire, en référence à la « Vénus Hottentote » (Saartjie Baartman). Il s'agit du premier film à costume et d'époque de son auteur, dans un contexte dérangeant face aux traitements faits au personnage. La réception critique est favorable, bien qu'aux César 2011, le film ne récolte qu'une seule nomination, au meilleur espoir féminin pour Yahima Torres. Le film est un échec commercial avec 200 000 entrées.

La Vie d'Adèle et les polémiques (années 2010)

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Il adapte (et produit avec sa récente société de production, Quat'sous Films) Le bleu est une couleur chaude, roman graphique de Jul' Maroh, sous le nom La Vie d'Adèle qui raconte l'histoire d'un amour passionnel sur plusieurs années entre deux jeunes femmes de milieux sociaux différents du Nord de la France. Le film est projeté au Festival de Cannes 2013 où il reçoit un accueil extrêmement élogieux de la critique française et internationale, qui parle de « chef-d'?uvre », et se voit décerner, à l'unanimité du jury présidé par Steven Spielberg, la Palme d'or pour laquelle il est donné grand favori depuis sa présentation. Par ailleurs, pour la première fois, la récompense est attribuée conjointement au metteur en scène et aux deux interprètes principales : Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux.

Casting de la Vie d'Adèle : Adèle Exarchopoulos, Jérémie Laheurte et Léa Seydoux (festival de Cannées 2013)

Cependant, le jour même de la projection cannoise, une polémique éclate à propos des conditions de travail sur le tournage : des techniciens accusent Kechiche, dans un communiqué de presse, de comportements « proches du harcèlement moral » et de bafouer le code du travail. Quelques jours après, Jul' Maroh, l'auteur de la bande dessinée dont le film est inspiré, déplore la présence des scènes de sexe lesbien, jugées chirurgicales, démonstratives et crues, et ne témoignant d'aucun désir amoureux, puis indique sa déception quant au comportement méprisant adopté par Kechiche à son égard, puisque celui-ci a cessé de répondre à ses messages après la cession des droits d'adaptation, qu'il ne l'a pas invité à Cannes avec l'équipe du film et qu'il a omis de le mentionner lors de son discours de remerciement pour la palme. Les deux actrices principales, tout en louant les qualités du film et en affirmant être fières d'en avoir été les interprètes, s'épanchent quatre mois plus tard, en pleine promotion américaine, sur ce tournage qu'elles qualifient d'« horrible » et de « sans fin », insistant sur la « manipulation » que le cinéaste leur a fait subir et sur la violence dont il peut faire preuve sur un plateau. Le cinéaste est, comme Maurice Pialat, très exigeant sur le jeu des acteurs, en tournant énormément (il y a eu 750 heures de rushes pour La Vie d'Adèle).

La réaction consécutive très violente du réalisateur, dirigée contre Léa Seydoux uniquement, et la polémique, relancée et relayée dans les grands médias, se closent par une interview accordée à Télérama dans laquelle le cinéaste affirme que La Vie d'Adèle ne devrait pas sortir car il a été trop sali. Fin octobre 2013, Kechiche publie une très longue tribune pour Rue89 par le biais de laquelle il accuse plusieurs personnalités du cinéma, dont Seydoux et les producteurs Jean-François Lepetit et Marin Karmitz, d'avoir instrumentalisé une controverse stérile visant à le diffamer et à empêcher le succès du film.

En dépit du contexte délétère, l'?uvre rassemble plus d'un million de spectateurs en salles et gagne le prix Louis-Delluc, le second pour Kechiche. Le film, en plus de ses projections acclamées aux Festivals de cinémas américains, est même nommé pour le BAFTA Award du meilleur film étranger et le Golden Globe du meilleur film étranger (mais pas pour l'Oscar équivalent, le film est sorti après la date d'éligibilité). À la cérémonie des César 2014, Kechiche n'y assiste pas, le film nommé huit fois se contente d'une seule récompense, celle du meilleur espoir féminin pour Adèle Exarchopoulos. La presse soupçonne le boycott des votants dû aux polémiques.

Le , Abdellatif Kechiche est condamné à verser 180 000 euros à la société de production MK2, dirigée par Marin Karmitz, par le tribunal de grande instance de Paris. Les juges estiment en effet que le réalisateur a « commis des manquements à ses obligations contractuelles » envers MK2. Selon les termes du contrat signé en entre le réalisateur et la société de production, Abdellatif Kechiche s'était engagé « à proposer en exclusivité à la société MK2 (?) ses trois prochains films, dont Vénus Noire, alors en cours de réalisation », contre une rémunération de 270 000 euros. Mais la durée du premier film réalisé (2h42), ainsi que son échec commercial (212 000 entrées), détériorent les relations entre Abdellatif Kechiche et Marin Karmitz. Abdellatif Kechiche ne propose ainsi qu'un seul synopsis par la suite, Le Ministre, refusé par MK2, et collabore avec la société Wild Bunch pour la production de La Vie d'Adèle, contrevenant ainsi à la clause d'exclusivité dont bénéficiait MK2. Abdellatif Kechiche, qui accusait de son côté MK2 de « pressions, harcèlements, et agissements déloyaux » l'ayant « empêché de travailler pendant environ 4 ans », et réclamait 6,5 millions d'euros en « réparation », est entièrement débouté de ses demandes.

À l'automne 2016, il tourne à Sète une libre adaptation du roman de François Bégaudeau, La Blessure, la vraie, sous le titre Mektoub, my love: canto uno, film qui se révèle être le premier volet d'un diptyque. Le film est présenté à la Mostra de Venise 2017 après des démêlés avec son producteur. Le film a totalisé 130 000 tickets vendus pour un budget avoisinant les 8 millions d'euros.

En , son retour à Cannes en sélection officielle est annoncé avec le film Mektoub, my love: intermezzo. Le film clive largement la presse qui juge certaines scènes comme « pornographiques » et ne sort pas en salle en raison là encore d'un conflit avec son distributeur, Pathé. Mektoub My Love : Intermezzo reste encore en suspens, mais Abdellatif Kechiche continue de travailler sur le troisième volet de la saga, Mektoub My Love : Canto Due, dont la quasi-intégralité a déjà été tournée.

Projets envisagés

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Plusieurs projets sont évoqués depuis 2013 et évoluent selon les possibilités de production : une suite de La Vie d'Adèle, dont il assume la comparaison avec Antoine Doinel, un biopic sur Marilyn Chambers, une adaptation de la relation entre Héloïse et Abélard, un long-métrage sur Marguerite Porete intitulé Ineffable Amour ou S?ur Marguerite, une adaptation de la bande dessinée Carnets de thèse de Tiphaine Rivière en série télévisée pour Arte, ou un road-movie, L'Agneau de Dieu. Selon Midi Libre, il aurait tourné un nouveau film à Sète qui pourrait être diffusé sous forme de série.

  1. ? Fiche Allociné sur Abdellatif Kechiche.
  2. ? Il était une fois Nice sur Le Monde, le 22 juillet 2016
  3. ? Isabelle Regnier, « Trois palmes et des larmes », Vanity Fair n 4, octobre 2013, pages 48-54.
  4. ? Maxime Pargaud, « La Vie d'Adèle, un « chef-d'?uvre bouleversant » », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. ? Fabrice Leclerc, « La Vie d'Adèle : les coulisses d'une Palme d'or », L'Express,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. ? Maxime Pargaud, « La vie d'Adèle, un « chef-d'?uvre bouleversant » », sur Le Figaro, .
  7. ? « Festival de Cannes : le palmarès du « Point » », sur Le Point, .
  8. ? Thomas Malher, « Cannes, épisode 8 : brûlant Kechiche et « scandaleux » Ozon », sur Le Point, .
  9. ? « Cannes : la palme d'or pour La vie d'Adèle », sur Le Point, .
  10. ? Clarisse Fabre, « Des techniciens racontent le tournage difficile de "La Vie d'Adèle" », sur lemonde.fr, .
  11. ? Abdellatif Kechiche : la polémique autour de son film enfle, les conditions de tournage vivement critiquées !, Public, 29 mai 2013.
  12. ? Pauline Gallard, « La Vie d'Adèle : Julie Maroh est amère », Gala,‎ (lire en ligne).
  13. ? Palme d'horreur ? Le tournage de « La Vie d'Adèle » raconté par ses actrices sur lemonde.fr du 2 septembre 2013.
  14. ? Marie Turcan, « Kechiche : "Léa Seydoux est née dans le coton" », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  15. ? Pierre Murat et Laurent Rigoulet, « Polémique autour de La Vie d'Adèle : Abdellatif Kechiche s'explique dans Télérama », Télérama,‎ (lire en ligne).
  16. ? Abdellatif Kechiche, « À ceux qui voulaient détruire La Vie d'Adèle », Rue89-Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne).
  17. ? La Vie d'Adèle sur JP Box Office.com, consultée le 15 février 2014.
  18. ? « César 2014 : La Vie d'Adèle et Kechiche boudés », sur RTL, .
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  21. ? « Abdellatif Kechiche condamné à verser 180 000 euros à MK2 », sur Le Monde, .
  22. ? « Marin Karmitz gagne son procès contre Abdellatif Kechiche », sur BFM TV, .
  23. ? « Abdellatif Kechiche tourne son prochain film d'après un roman de François Bégaudeau », sur Les Inrocks, .
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  25. ? Par Perrine de Robien, « Festival de Cannes : Stop au porno attaque en justice le film Mektoub my love : Intermezzo », sur Stop au porno, (consulté le )
  26. ? « Projet. Kechiche s'intéresse au porno », sur Journal de Montréal,
  27. ? « Abdellatif Kechiche s'empare d'Héloïse et Abélard », sur Le Figaro,
  28. ? « Abdellatif Kechiche sans langue de bois : "Racisme pernicieux", "imposture"... », sur Pure People, .
  29. ? « Abdellatif Kechiche l'anticonformiste », sur Paris Match, .
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