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Naissance | Laval, Mayenne, France |
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Décès |
(à 34 ans) 6 arrondissement de Paris |
Sépulture |
Cimetière parisien de Bagneux |
Nom de naissance |
Alfred Henri Jarry |
Pseudonymes |
Docteur Faustroll, Père Ubu, Alain Jans |
Nationalité |
française |
Formation |
Lycée Henri-IV |
Activité |
Écrivain, romancier, dramaturge, poète, dessinateur et graveur. |
Mouvement |
Symbolisme, 'Pataphysique |
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Distinction |
Concours général |
Archives conservées par |
Bibliothèque de Laval |
Ubu roi (1896, rédigé vers 1888) Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien (achevé en 1898, publié en 1911) L'Amour absolu (1899) Ubu enchaîné (1899, publié en 1900) Le Surmâle (1901, publié en 1902). |
Alfred Jarry, né à Laval, en France, le et mort à Paris 6 le , est un poète, romancier, écrivain et dramaturge français. Il fut aussi dessinateur et graveur sur bois, usant parfois du pseudonyme d'Alain Jans.
Alfred Henri Jarry est le fils d'Anselme Jarry, négociant puis représentant en commerce, et de Caroline Quernest, fille du juge de paix de Hédé. Il est baptisé le 8 juin 1874 dans la cathédrale de Laval. Il est inscrit comme élève dans la division des minimes au lycée Ambroise-Paré en 1878. L'année suivante, sa mère déménage à Saint-Brieuc, y emmenant l'enfant et sa s?ur Caroline, appelée Charlotte. C'est donc au lycée de Saint-Brieuc que Jarry poursuit brillamment ses études jusqu'en 1888, année de sa seconde. Dès 1885, il compose des comédies en vers et en prose, comme les Brigands de la Calabre (1885), le Parapluie-Seringue du Docteur Thanaton, le Procès, les Antliaclastes (1 version 1886, 2 version, 1888).
En 1888, Mme Jarry s'installe avec ses deux enfants à Rennes. Jarry entre en rhétorique au lycée de Rennes (actuel lycée Émile-Zola de Rennes) en . Là, M. Hébert, professeur de physique, incarne aux yeux de ses élèves « tout le grotesque qui est au monde ». L'enseignant devient le héros d'une littérature scolaire abondante. Parmi celle-ci, une comédie intitulée Les Polonais que Jarry écrit en classe de première et qui constitue la plus ancienne version de ce qui deviendra plus tard, remaniée et retravaillée, la pièce d'Ubu roi. Les élèves font jouer Les Polonais par des marionnettes, à leur propre domicile, baptisé pour l'occasion « Théâtre des Phynances ».
Jarry obtient en 1890 la seconde partie du baccalauréat, mention « Bien ».
En 1891-1892, il est élève d'Henri Bergson et condisciple de Léon-Paul Fargue et d'Albert Thibaudet au lycée Henri-IV. Il échoue au concours d'entrée à l'École normale supérieure (trois échecs successifs suivis de deux échecs pour la licence ès lettres). En , il fait un bref passage à la rédaction, avec Fargue, de L'Art littéraire, bulletin mensuel d'art et de critique fondé par Louis Lormel où il signe du nom d'« Alfred-Henry Jarry » une Berceuse pour endormir le mort. L'année 1893 le voit gravement malade et soigné par sa mère qui mourra peu après.
En mai-juin 1894, il part pour Pont Aven et séjourne dans la pension Gloanec. Il y rencontre Paul Gauguin et Anna, sa compagne tahitienne, Armand Seguin et son épouse, Eric Forbes-Robertson, Charles Filiger, et Roderic O'Conor. Gauguin saluera plus tard Ubu roi dans son journal qu'il fabrique lui-même à partir de gravures sur bois, Le Sourire.
Ses publications lui permettent cependant de rencontrer Marcel Schwob, Alfred Vallette (directeur du Mercure de France) et sa femme Rachilde. Dans la maison du couple, il présente, en 1894, Ubu Roi. Il fréquente en outre les mardis de Mallarmé et collabore à la Revue Blanche et au Mercure de France auquel il donne l'Haldernablou. Deux ans plus tard, il entre en fonction auprès de Lugné-Poe qui lui confie le programme de la prochaine saison du Théâtre de l'?uvre où la première d'Ubu roi a lieu le , suscitant une polémique comparable à la bataille d'Hernani. Dès lors, les représentations des pièces de Jarry se suivent au fil des cycles d'Ubu.
Entre et , il dirige L'Ymagier avec Remy de Gourmont, ce recueil de gravures anciennes et nouvelles, d'études artistiques et philologiques paraît en fascicules trimestriels, in-quatro. Son père meurt en 1895, la même année, il est définitivement réformé, du fait d'une lithiase biliaire chronique.
En 1896 se place l'événement historico-mythique de l'achat de la bicyclette « Clément Luxe 96 course sur piste » que le marchand Trochon s'obstinera longtemps à vouloir faire payer au poète, en vain. S'étant brouillé avec Fargue puis Gourmont, il fonde seul une revue d'estampes, Perhindérion, qui n'aura que deux numéros (mars et ). Jarry se lie par ailleurs avec lord Douglas, l'amant d'Oscar Wilde.
En 1897, il a épuisé son héritage, mais achète au comptant le , auprès d'un restaurateur d'Alfortville, une périssoire en acajou nommée L'As, qui entrera dans la littérature par la geste de Faustroll et qu'il restaure avec l'aide de Vallette dans le jardin du « phalanstère » de Corbeil. Son compatriote le douanier Rousseau l'héberge brièvement. En , expulsé du 78 boulevard de Port-Royal, il s'installe 7, rue Cassette, au deuxième étage et demi : il s'agit d'un petit espace au plafond bas, qui servait autrefois de remise à des objets de culte, et que Jarry appelle sa « grande Chasublerie ». C'est cette année-là, lors d'une soirée chez Gaston Danville, qu'il rencontre le médecin Jean Saltas avec lequel il va collaborer à des travaux littéraires et qui restera son ami jusqu'au dernier jour : Danville, proche du Mercure de France, deviendra sans doute le premier pataphysicien reconnu par Jarry lui-même.
Le , une représentation d'Ubu roi par des marionnettes, dessinées par Pierre Bonnard, est donnée au théâtre des Pantins, au 6 rue Ballu à Paris. Jarry écrit en 1901 une réduction en deux actes d'Ubu roi qui est jouée la même année au cabaret des « Quat'z'arts » (cette version raccourcie d'Ubu roi paraît en 1906 sous le titre d'Ubu sur la butte). En 1902, paraît Le Surmâle. La même année, Jarry commence une brève collaboration avec la revue du prince Georges Bibesco (1834-1902), La Renaissance latine. Il publie en 1903 une série d'articles dans la revue Le Canard sauvage (premier numéro en , dernier numéro en ). Il commence à écrire La Dragonne pendant son séjour au Grand-Lemps (Isère), en 1904 chez Claude Terrasse qui avait accompagné au piano la représentation d'Ubu roi au théâtre des Pantins, tout en continuant à travailler avec lui au livret de Pantagruel.
De 1897 à 1898 Jarry rédige l'ouvrage Gestes et opinions du docteur Faustroll, pataphysicien qui paraitra chez Fasquelle à titre posthume en 1911. Il y définit la 'Pataphysique comme « la science des solutions imaginaires, qui accorde symboliquement aux linéaments les propriétés des objets décrits par leur virtualité » (livre II, chapitre VIII).
S'identifiant à son personnage et faisant triompher le principe de plaisir sur celui de réalité, Jarry a vécu comme il lui plaisait avec ses trois attributs : la bicyclette, le revolver et l'absinthe. Il leur sacrifiera la respectabilité et le confort. Dans une petite baraque proche d'une rivière, à côté d'un lit-divan, Rabelais composait l'essentiel de sa bibliothèque. L'humour lui a permis d'accéder à une liberté supérieure. « Jarry jouant Ubu, non plus sur scène mais à la ville, tend ainsi un terrible miroir aux imbéciles, il leur montre le monstre qu'ils sont. Il dit « Merdre aux assis ». » (Georges-Emmanuel Clancier).
Le , Jarry écrit à Rachilde : « (Le Père Ubu) n'a aucune tare ni au foie, ni au c?ur, ni aux reins, pas même dans les urines ! Il est épuisé, simplement et sa chaudière ne va pas éclater mais s'éteindre. Il va s'arrêter tout doucement, comme un moteur fourbu. » Épuisé, malade, harcelé par ses créanciers, malgré l'aide financière d'Octave Mirbeau et de Thadée Natanson, Jarry fait des allers et retours entre Paris et Laval. Dans cette dernière ville, on lui administre les derniers sacrements et il rédige lui même son faire-part. Il meurt célibataire d'une méningite tuberculeuse six mois plus tard, le à 4 heures et quart du soir, à l'hôpital de la Charité, à Paris, plus exactement au 47 rue Jacob, l'acte de décès mentionnant également les noms des employés Philippe Barbe et Auguste Gauriou, signataires et témoins. Comme dernière volonté, il demande un cure-dent.
Il est enterré au cimetière parisien de Bagneux (23 division, 5 ligne, 5 place) où sa tombe, aujourd'hui anonyme et non entretenue, est toujours en place. Sont présents à son inhumation, Alfred Valette, Rachilde, Octave Mirbeau, Paul Valéry et Paul Léautaud, entre autres personnalités.