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Nom de naissance | Shirley Hardie Jackson |
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Naissance |
San Francisco, Californie, ![]() |
Décès |
North Bennington, Vermont, ![]() |
Nationalité |
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Activité principale |
Romancière, novelliste, conférencière |
Formation |
Université de Syracuse |
Distinctions |
Prix Edgar-Allan-Poe |
Conjoint |
Stanley Edgar Hyman |
Descendants |
Miles Hyman |
Langue d'écriture | Anglais américain |
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Genres |
Roman fantastique, roman policier, horreur, roman gothique, roman psychologique, folk horror |
?uvres principales
Shirley Jackson, née le à San Francisco en Californie et morte le
à North Bennington dans le Vermont, est une romancière, novelliste et conférencière américaine, spécialiste du récit fantastique et d'horreur.Au cours de sa carrière, longue de deux décennies, elle rédige près de six romans, deux essais et plus de 200 nouvelles.
Elle se fait connaître grâce à sa nouvelle La Loterie, publiée en 1948, puis son livre Maison hantée (1959), qui est tenu par Stephen King pour l'un des meilleurs romans fantastiques du XX siècle. Nous avons toujours vécu au château, son dernier roman publié au début des années 1960, la porte à l'apogée de sa notoriété et fait d'elle une pionnière dans le genre du néo-gothique et de l'horreur moderne.
Ayant longtemps alterné entre une vie de famille où elle est seule à s'occuper de quatre enfants et l'écriture de nombreuses histoires publiées dans différents magazines, Shirley Jackson est profondément marquée par ses états dépressifs et anxieux ainsi que par ce clivage entre gestion du foyer et vie créative. Ses personnages, pour la plupart féminins, font écho à son statut de femme au foyer dans l'Amérique de la seconde moitié du XX siècle, et ont fait d'elle une figure importante de la science-fiction féministe.
Dans la fin de sa vie, sa santé se détériore de façon significative, entraînant finalement sa mort en raison d'une insuffisance cardiaque en 1965.
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Shirley Jackson naît en 1916 à San Francisco, en Californie, au sein d'une famille aristocratique. Son père, Leslie Jackson, est un « nouveau riche » et self-made man : originaire d'une famille anglaise, il émigre aux États-Unis à l'adolescence pour refaire sa vie où son caractère travailleur et entreprenant lui permet d'acquérir un poste important au sein d'une entreprise d'imprimerie. Sa mère, Geraldine Jackson, née Bugbee, est une femme mondaine issue d'une famille fortunée : Samuel Charles Bugbee, son arrière-grand-père, était un grand architecte qui dirigeait la compagnie franciscanaise S. C. Bugbee & Son durant la seconde moitié du XIX siècle, connue pour avoir fait bâtir de nombreux hôtels particuliers sur Nob Hill, notamment les demeures de Leland Stanford et Charles Crocker (la plupart ayant été par la suite détruits au cours du séisme de 1906). Sa grand-mère, Mimi, était une pratiquante de la Science chrétienne : le début du XX siècle correspondait à un intérêt grandissant pour l'occultisme et le spiritualisme, traduit chez les Bugbee par l'utilisation récurrente de planche de Ouija, parfois en présence de Shirley et de son frère. Shirley, sceptique de cette vision du monde portée par sa grand-mère, dira plus tard à ses enfants que Mimi, morte d'un cancer de l'estomac sans jamais avoir accepté de traitement médical, était morte par la faute de la Science chrétienne.
Dans son enfance, Shirley a une relation conflictuelle avec sa mère qui perdurera toute sa vie, celle-ci dénigrant souvent son apparence « négligée » et « peu féminine », son poids, son mode de vie « désordonné » ou encore les thèmes et sujets exploités dans ses romans.
La famille vit au sein du quartier de Burlingame, banlieue aisée de San Francisco. Shirley, négligée par sa mère qui semble lui préférer son jeune frère Barry, se sent étrangère dans sa propre famille ; elle passe son temps libre à écrire des histoires qu'elle cache dans son bureau, mais aussi à dessiner des esquisses minimalistes satirisant sa vie et ses proches, lui arrivant même de s'envisager en future cartooniste professionnelle. Assistante éditrice de la revue de son premier établissement d'enseignement secondaire, elle a déjà rédigé par le passé une pièce de théâtre pour sa graduation de cours moyen de deuxième année, ainsi que plusieurs poèmes psalmodiques avec un caractère religieux révélant l'influence de la Science chrétienne. À neuf ans, elle est déjà capable d'écrire avec une rythmique et une métrique régulières. Elle fait publier sa première ?uvre, un poème intitulé The Pine Tree, à l'âge de douze ans, grâce à un concours organisé par le Junior Home Magazine en . Parallèlement, elle entretient plusieurs journaux intimes, dont le plus vieux conservé débute en .
À la fin de son adolescence, la famille déménage à Rochester (État de New York), sur la côte est. Elle fait sa dernière année d'enseignement secondaire au Brighton High School, où elle ne se sent pas vraiment épanouie. Elle façonne à cette époque toute une mythologie centrée autour de la figure d'Arlequin, issue de la commedia dell'arte. Gourmande lectrice, elle découvre et admire des ?uvres telles que les contes des frères Grimm, Le Magicien d'Oz de L. Frank, Tarzan d'Edgar Burroughs ou encore Le Rameau d'or de George Frazer qu'une étudiante française et amie à elle, Jeanne Marie Bedel, lui fait découvrir. Après avoir été renvoyée de l'Université de Rochester où elle étudie, entrainant sa première dépression, elle entre en 1937 à l'université de Syracuse, dont elle sortira diplômée en 1940. Là-bas, elle s'intéresse notamment à la littérature et au journalisme. Durant ses années universitaires, Shirley Jackson se plaît aussi à « étudier » la sorcellerie et les sciences ésotériques, et collectionne plusieurs ouvrages sur le sujet. Elle rejoint l'équipe éditoriale de la revue littéraire de l'université, The Meloria, où elle rencontre son futur mari, Stanley Edgar Hyman, et fait publier ses premières histoires. Stanley, qui est le premier à croire en son talent et à l'encourager dans l'écriture, partage avec elle une complicité intellectuelle et finit par la demander en mariage en 1938. Malgré cela, la période de fiançailles s'étend, Stanley étant issu d'une famille juive malgré son athéisme déclaré : leur relation est alors mal perçue par leurs familles respectives.
Après avoir reçu leur diplôme de journalisme, Shirley et Stanley se marient dans la plus grande discrétion le , puis s'installent dans le quartier de Greenwich Village, à New York. Pour gagner leur vie, tous deux contribuent dans des revues, notamment The New Republic et The New Yorker, Stanley en tant que critique littéraire dans la rubrique « Talk of the Town » et Shirley en tant qu'écrivain de fiction. Ils donnent naissance à leur premier enfant, Laurence, en octobre 1942.
En 1945, ils partent vivre à North Bennington, dans le Vermont, où Stanley est employé comme enseignant au Bennington College. Vivant dans une maison sur Prospect Street, ils auront encore trois enfants : Joanne Leslie en 1945, Sarah Geraldine en 1948, et Barry Edgar en 1951. En 1949, à la suite de désagréments avec la faculté où travaille Stanley ? soupçonné d'être un sympathisant communiste ?, la famille déménage pour Westport, Connecticut, afin qu'il puisse reprendre son travail au sein du New Yorker. C'est à cette époque que Shirley connaît ses premières crises d'agoraphobie et commence à prendre des médicaments, notamment des amphétamines et des barbituriques.
Le couple retourne finalement à North Bennington en 1953, lorsque le nouveau directeur du Bennington College invite Hyman à y reprendre son poste d'enseignant. Ils s'installent dans une maison sur Main Street où ils passeront le reste de leur vie : les murs de plusieurs pièces de cette demeure étaient recouverts de bibliothèques remplies de près de 7 000 livres, et ce chiffre ne cessera de croître jusqu'à la mort de Shirley, où il avoisinera les 30 000 livres. Jackson possédait aussi une grande collection de chats en céramique.
De nombreux amis et artistes (musiciens, peintres, sculpteurs, poètes, écrivains) séjournent chez eux, notamment Dylan Thomas, Howard Nemerov, Bernard Malamud, Walter Bernstein et J. D. Salinger, formant avec eux une sorte de cercle social et intellectuel: il arrive que des cocktails et dîners fastueux soient préparés, au cours desquels des parties de poker sont organisées avec leurs amis peintres et sculpteurs, où des séances de catch sont improvisées dans le jardin entre Hyman et Salinger? Durant ces réceptions, Jackson et leurs invités discutent de jazz, de baseball, d'art et de mythologie, de politique et de théorie littéraire. Leur plus grand ami proche, Ralph Ellison, séjourne lui aussi chez eux alors qu'il est attelé à la rédaction de son roman Homme invisible, pour qui chantes-tu ?. Au cours de ces visites, Jackson et Hyman apparaissent auprès de leurs amis comme de « joyeux excentriques » et des « grands esprits » (selon les termes de Miles Hyman).
Après la publication de son plus célèbre roman, Maison hantée, en 1959, le couple se met à voyager pour assister à plusieurs congrès littéraires où Shirley apparaît en conférencière éloquente, notamment le congrès d'écriture de Suffield (Connecticut) auquel elle se rendra chaque année jusqu'en 1965.
Mais Stanley, au cours de ces années de mariage, ne se révèle pas être le mari parfait : inactif dans la gestion du foyer, couchant régulièrement avec ses propres élèves sans s'en cacher, peu tenu à la monogamie, il joue un rôle de patriarche rétrograde très oppressant pour sa femme, préférant s'enfermer dans son bureau avec sa machine à écrire tandis que celle-ci doit s'occuper du ménage, des courses et de l'éducation des enfants, alors même qu'elle est la principale source de revenue grâce à ses productions écrites. Leur premier enfant Laurence, alors âgé de deux ans, définit même la figure de son père comme étant celle d'un « homme lisant assis sur une chaise ».
Ce maintien du foyer par Shirley attise la jalousie de son mari, dont les critiques ont moins de succès que les écrits de sa femme : à ses amis et collègues, Stanley Hyman décrit Jackson comme une sorte d'« idiote douée » qui compose ses textes au cours d'épisodes de transe, en usant de l'écriture automatique. Malgré le fait que les publications de sa femme maintiennent à flot leur vie de famille, il reste le seul à s'occuper des finances. Ce contexte familial pousse Shirley Jackson en 1958 à écrire une lettre où elle explique à son époux vouloir le divorce, mais elle n'osera jamais la lui donner. À défaut, elle se contente de raconter sa vie de famille dans ses publications semi-autobiographiques tardives, Démons en herbe et Mes sauvages chéris.
Depuis son enfance, Jackson est en proie à une grande vulnérabilité émotionnelle. Complexée par son corps et son surpoids, elle subit régulièrement des remarques désobligeantes de la part de sa mère qui fragilisent son état psychologique. Pour parer à ces angoisses et vulnérabilités psychologiques, elle n'a d'autre issue que l'écriture qui, en plus d'être une passion et une profession, se révèle être pour elle le seul moyen de canaliser son anxiété. Dans l'essai « Memory and Delusion », rédigé à la fin de sa vie et paru dans le recueil posthume Let Me Tell You en 2015, elle écrit :
« Tant qu'on exprime ses angoisses par l'écrit, rien ne peut nous atteindre. »
Son mari participe lui aussi à empirer son état physique, en l'encourageant à manger plus et à préparer des plats copieux. L'agent de Jackson dira même qu'il dut « le regarder [Hyman] la farcir comme une oie ». En parallèle, Jackson développe de l'anxiété, des états dépressifs et une « peur des gens ». Grande consommatrice d'alcool et de tabac, elle contracte des problèmes d'asthme, d'étourdissement, d'épuisement et de douleurs articulaires dus à la cigarette, et son état mental la pousse à consommer en grande quantité des médicaments prescrits, parmi lesquels du dexamyl (mélange d'amphétamine et de barbiturique), de la thorazine et du valium. Un épisode de dépression nerveuse et d'agoraphobie aiguë particulièrement difficile la coupe du reste du monde pendant plusieurs mois après la publication de Nous avons toujours vécu au château, en 1962 : handicapée par un syndrome de la page blanche, elle se met à tenir un journal intime et entame une cure psychanalytique. Sa santé ne va en s'améliorant qu'à partir de 1964, où elle parvient à rédiger trois nouvelles.
Shirley Jackson décède dans son sommeil l'après-midi du à North Bennington à l'âge de 48 ans, des suites d'une insuffisance cardiaque. Elle est incinérée selon ses souhaits, et ses cendres sont conservées par ses enfants.
Shirley Jackson était la grand-mère de l'illustrateur franco-américain Miles Hyman.
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