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Thomas Hobbes
Thomas Hobbes, portrait par John Michael Wright, propriété de la National Portrait Gallery à Londres.
Naissance

Westport (Wiltshire, Angleterre)
Décès
(à 91 ans)
Hardwick Hall (Derbyshire, Angleterre)
Sépulture
Church of St John the Baptist, Ault Hucknall (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Université d'Oxford (-)
Magdalen College (baccalauréat universitaire) (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
École/tradition
Contractualisme, empirisme
Principaux intérêts
Physique, éthique, politique, religion, langage, métaphysique
Idées remarquables
pacte de soumission, état de nature
?uvres principales
Léviathan ; Du citoyen
Influencé par
Aristote, Machiavel, Bodin, Galilée, Descartes
A influencé
Spinoza, Rousseau, Mendelssohn, Maistre
Adjectifs dérivés
Hobbesien, hobbesienne
signature de Thomas Hobbes
Signature

Thomas Hobbes, né le à Westport (Wiltshire) et mort le à Hardwick Hall (Derbyshire), est un philosophe anglais.

Son ?uvre majeure, Léviathan, a une influence considérable sur la philosophie politique moderne, par sa conceptualisation de l'état de nature et du contrat social, conceptualisation qui fonde les bases de la souveraineté. Quoique souvent accusé de conservatisme excessif, par Arendt et Foucault notamment, le Léviathan a aussi une influence considérable sur l'émergence du libéralisme et de la pensée économique libérale du XX siècle, ainsi que sur l'étude des relations internationales et de son courant rationaliste dominant : le réalisme.

Biographie

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Les premières années

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Bataille entre l'Invincible Armada et la flotte anglaise, XVI siècle.

Thomas Hobbes raconte que sa mère accoucha avant terme sous le choc de la nouvelle de l'appareillage de l'Invincible Armada. Son père était vicaire de Charlton et de Westport ; il fut forcé de quitter la ville, abandonnant ses trois enfants aux soins d'un frère plus âgé, Francis.

Hobbes reçoit l'enseignement de l'église de Westport dès l'âge de quatre ans, et entre ensuite à l'école de Malmesbury, puis dans une école privée tenue par un jeune homme, Robert Latimer. Hobbes fait preuve d'une précocité intellectuelle remarquable : à l'âge de six ans, il apprend le latin et le grec, et, vers quatorze ans, il traduit en latin Médée, d'Euripide.

Il entre à l'université d'Oxford en 1603, à Magdalen Hall (aujourd'hui Hertford College), où il prend la vie universitaire en aversion. Le principal de Magdalen est alors John Wilkinson, un puritain qui aura une certaine influence sur Hobbes.

Les années de formation

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À l'université, Hobbes semble avoir suivi son propre programme d'études ; il « était peu attiré par l'étude scolastique ». Après un rapide engagement dans la marine anglaise, il conclut ses études et obtient le Baccalauréat ès lettres en 1608. Puis, il devient tuteur du fils aîné de William Cavendish, baron de Hardwick et futur comte de Devonshire. Il est chargé de voyager sur le continent avec son élève ; il parcourt ainsi la France, l'Italie, l'Allemagne en 1610, année de l'assassinat du roi de France Henri IV. De retour en Angleterre, il se met à l'étude des belles lettres, lisant et traduisant Thucydide, son historien préféré. Sa traduction paraît en 1629, année où meurt son élève et ami.

En 1628, il devient de nouveau travelling tutor (que l'on peut traduire en français par « précepteur itinérant ») du fils du comte de Clifton (en) et retourne sur le continent durant deux ans (1629-1631). Il passe dix-huit mois à Paris, et se rend à Venise. De retour en Angleterre en 1631, il se voit confier le jeune comte de Cavendish. C'est vers cette époque (1629 ? 1631) qu'il découvre Euclide et se prend de passion pour la géométrie.

Hobbes retourne ensuite sur le continent avec son élève, pour son troisième séjour (1634-1637). Il visite Florence, où il rencontre Galilée et séjourne huit mois à Paris. Durant ce séjour, il fréquente Gassendi et entre en rapport avec le père Mersenne, qui lui ouvre les portes de la société savante de Paris et l'incite à publier ses ouvrages de psychologie et de physique. Il décrit dans une autobiographie son état de méditation incessante, « en bateau, en voiture, à cheval », et c'est en effet à ce moment de sa vie qu'il conçoit le principe de sa physique, le mouvement, seule réalité génératrice des choses naturelles. Ce principe lui paraît bientôt capable de fonder la psychologie, la morale et la politique.

Troubles et chute de Charles I

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René Descartes, d'après Frans Hals.

À partir de 1640, l'Angleterre connaît une opposition de plus en plus violente entre le Roi et le Parlement. Hobbes prend parti pour le roi, il quitte Londres en 1640 pour Paris et y reste en exil pendant onze ans. Vers 1642, il écrit un petit traité, Éléments de la loi naturelle et politique, en réaction aux événements qui troublent la vie politique, traité rédigé en anglais où il écrit qu'il y a une « inséparable connexion? entre la puissance souveraine et la puissance de faire des lois ». Le livre n'est pas publié, mais des copies circulent et font connaître Hobbes.

Vers cette époque, René Descartes, alors en Hollande, charge Marin Mersenne de communiquer les Méditations sur la philosophie première pour recueillir des commentaires des meilleurs esprits. Mersenne, ayant fait la connaissance de Hobbes, s'adresse à lui, et Hobbes écrit les Troisièmes Objections, qui sont un témoignage précieux pour l'étude de sa philosophie première. Ses objections sont transmises anonymement à Descartes en janvier 1641. Après d'autres objections de Hobbes, contre la Dioptrique cette fois, transmises par lettres signées, Descartes finit par refuser d'avoir encore affaire à « cet Anglois ». Il écrit à Marin Mersenne le une lettre ou il affirme :

« je crois que le meilleur est que je n'aie point du tout de commerce avec lui, et pour cette fin, que je m'abstienne de lui répondre ; car, s'il est de l'humeur que je le juge, nous ne saurions guère conférer ensemble sans devenir ennemis. »

Pour sa part, Hobbes, selon les dires de John Aubrey disait de Descartes :

« S'il s'en était tenu à la géométrie, il aurait été le meilleur géomètre au monde? sa tête n'est pas faite pour la philosophie. »

Après cet épisode, Hobbes reprend ses travaux et publie en 1642 De Cive (« Du Citoyen »), où il explique que la solution aux guerres civiles qui secouent l'Angleterre consiste à faire du pouvoir clérical une fonction du gouvernement. Il publiera une édition augmentée de cette ?uvre en 1647, au moment où il termine son traité De la nécessité et de la liberté.

En 1643, Hobbes rédige une critique du De mundo dialogi tres publié l'année précédente par Thomas White. Le manuscrit qui a circulé dans les cercles animés par Mersenne ne sera publié qu'en 1973.

En 1647, alors qu'il prévoit de se retirer dans le Midi de la France, il est nommé professeur de mathématiques du jeune prince de Galles (le futur Charles II) qui est réfugié en France. Il exerce ces fonctions jusqu'au départ du prince pour la Hollande, en 1648.

En 1650, sont éditées contre son gré et séparément, les deux parties des Elements of law natural and politic : la Nature humaine ou les Éléments fondamentaux de la politique, et le De corpore politico. L'année suivante, il regagne enfin l'Angleterre et fait paraître à Londres sa grande ?uvre : le Léviathan, qui provoque le scandale. Il est accusé d'athéisme et de déloyauté et rencontre de nombreux adversaires (théologiens et universitaires d'Oxford, tous membres de la Royal Society) qui se liguent contre lui. Il soutient ainsi plusieurs disputes, par exemple avec l'évêque John Bramhall, ou avec les universitaires d'Oxford (accusés fort injustement d'ignorance par Hobbes) d'où sortiront par exemple les Questions relatives à la liberté, à la nécessité et au hasard (1666). Pendant plus d'un quart de siècle, il y eut ainsi attaques, répliques, en physique avec Robert Boyle sur le vide, dans le domaine des mathématiques avec John Wallis sur l'arithmétique et l'infini, où il apparaît que Hobbes surestimait beaucoup ses découvertes. Ses énormités mathématiques sont ainsi jugées risibles ou pitoyables.

Néanmoins, il ne renonce pas, et publie en 1655 le De Corpore (en), première partie des « Éléments de Philosophie » qui contiennent sa philosophie première, sa logique, sa physique et la très controversée démonstration de la quadrature du cercle. En 1658 sort le De homine, troisième partie de sa trilogie, où l'optique occupe une certaine place, et il persiste dans la publication de ses découvertes mathématiques (Quadrature du cercle, cubature de la sphère, duplication du cube, 1669) qui sont réfutées par ses adversaires, en particulier par John Wallis. Il doit également se défendre contre ce dernier qui l'accuse, dans son Hobbius Heautontimoroumenos (1662) d'avoir écrit son Léviathan afin de conférer de la légitimité au coup de force d'Oliver Cromwell.

La Restauration

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Après le retour, fin , de Charles II, Hobbes est accueilli à la cour et devient le familier du roi. Il reçoit une pension de cent livres, avec la condition de ne plus rien publier en anglais sur la politique ou la religion. Dans l'entourage du roi, Hobbes compte de nombreux ennemis, et parmi eux des évêques qui entreprennent de réfuter le corrupteur de la morale. Surtout, les dramatiques événements que sont la Grande peste de Londres (1665), et le grand incendie de Londres (1666), alimentent les peurs superstitieuses de la population qui y voit une punition du Ciel, ce qui amène la Chambre des communes à présenter un projet de loi, le , permettant de prendre des mesures contre les athées et les sacrilèges. Le projet est référé à un comité chargé d'examiner les livres qui propagent l'athéisme, notamment le Léviathan. La lenteur des procédures sauve Hobbes, qui prépare un plaidoyer, avec la traduction latine du Léviathan qu'il publie à Amsterdam en 1668. Mais il a surtout de puissants protecteurs, et le roi le soutient (toujours à la condition qu'il ne publie plus de livres de politique ou de religion).

Il compose Béhémoth en 1670, puis un dialogue et une Histoire ecclésiastique, et, en 1672, une autobiographie en distiques latins. À partir de 1675, il passe ses derniers jours hors de Londres, chez ses amis de la famille Devonshire.

Mort

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En août 1679, Thomas Hobbes prépare encore une ?uvre pour l'impression ; mais, en octobre, la paralysie l'en empêche, et le 4 décembre, il meurt à Hardwick Hall.

Sur une plaque de marbre noir, on peut lire : « vir probus et fama eruditionis domi forisque bene cognitus. », c'est-à-dire un homme intègre et réputé pour son savoir, bien connu au pays et à l'étranger.

Selon une anecdote, Hobbes lui-même aurait proposé de graver sur sa tombe : « Voici la véritable pierre philosophale. »

Selon l'article de l'Encyclopédie qui lui est consacré, Hobbes « étoit né avec un tempérament foible, qu'il avoit fortifié par l'exercice & la sobriété ; il vécut dans le célibat, sans être toutefois ennemi du commerce des femmes ».

  1. ? Oakeshott, p. 167-168.
  2. ? Oakeshott, p. 168.
  3. ? ?uvres Philosophiques Et Politiques : Contenant le Corps Politique & la Nature humaine, Volume 2 : Éléments de la loi naturelle et politique Partie II, chapitre VIII.- Thomas Hobbes
  4. ? Jean Jacquot et Harold Whitmore Jones, "Introduction" à Thomas Hobbes, Critique du De Mundo de Thomas White, Paris, Vrin, p. 45.
  5. ? Tricaud-Pécharmnan, p. XXI.
  6. ? Wright 2006, p. 9-10.
  7. ? Britannica, p. 551.
  8. ? House of Commons Journal Volume 8: 17 October 1666.
  9. ? Traduction par Google translate [1]
  10. ? Encyclopédie, article « Hobbisme », p. 234.


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