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Président ou présidente du PEN Club français | |
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Paul Valéry | |
Fauteuil 38 de l'Académie française | |
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Ferdinand de Lesseps Paul Valéry |
Naissance | Paris |
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Décès |
(à 80 ans) Manoir de la Béchellerie |
Sépulture |
Cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine |
Nom de naissance |
François Anatole Thibault |
Pseudonymes |
Anatole France, Anatolis Fransas |
Nationalité |
française |
Formation |
Collège Stanislas |
Activité |
Écrivain |
Période d'activité |
- |
Rédacteur à |
Le Figaro, L'Humanité |
Conjoints | |
Enfant |
Suzanne Thibault (d) |
Propriétaire de |
Château d'Houville-la-Branche (d) |
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Membre de |
Académie française () Ligue des droits de l'homme PEN Club français |
Mouvement |
Libre-pensée |
Genre artistique |
Roman |
Distinctions |
Prix Nobel de littérature () Liste détaillée Prix Montyon () Chevalier de la Légion d'honneur? () Prix Vitet () Officier de la Légion d'honneur? () Prix Nobel de littérature () Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle |
Archives conservées par |
Bibliothèque historique de la Ville de Paris (MS-FS-27, -) |
Thaïs, Les Dieux ont soif, Le Lys rouge |
Anatole France, pour l'état civil François Anatole Thibault, né le à Paris et mort le à Saint-Cyr-sur-Loire (Indre-et-Loire), est un écrivain français. Il est considéré comme l'un des plus grands de l'époque de la Troisième République, dont il a également été un des plus importants critiques littéraires.
Il devient une des consciences les plus significatives de son temps en s'engageant en faveur de nombreuses causes sociales et politiques du début du XX siècle.
Il reçoit le prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son ?uvre en 1921.
Anatole France naît en 1844 à Paris, 19 quai Malaquais.
Son père, François Noël Thibault, dit Noël France, né le 4 nivôse an XIV () à Luigné (canton de Thouarcé) dans une famille de cordonniers pauvre ? il reste analphabète jusqu'à vingt ans ?, quitte son village en 1825 pour entrer dans l'armée. Sous-officier légitimiste, il démissionne au lendemain de la Révolution de 1830. Il se marie, le , avec Antoinette Gallas à la mairie du 4 arrondissement de Paris. Employé dans la maison Techener, il se trouve en 1838 à la tête d'une librairie historique d'ouvrages, journaux, caricatures, autographes? relatifs à la Révolution que cette maison vient de créer, place de l'Oratoire-du-Louvre, n 4. En 1839 ou 1840, il devient propriétaire de cet établissement rebaptisé Librairie politique ancienne et moderne de France-Thibault et transféré dans l'immeuble voisin (n 6).
Il tient ensuite sa librairie successivement au n 9 de la rue de Seine (1841), puis au n 19 du quai Malaquais (1842) qu'il quitte, deux mois et demi après la naissance d'Anatole, pour le n 15 du quai Malaquais (1844). D'abord nommée Librairie France-Thibault, puis France tout court, spécialisée dans les ouvrages et documents sur la Révolution française, l'établissement est fréquenté par de nombreux écrivains et érudits, comme les frères Goncourt . Noël France s'installera, en 1853, quai Voltaire (n 9) et y restera jusqu'à la vente de son fonds en 1866.
Par sa mère, Antoinette Gallas, Anatole est issu d'une famille de meuniers de Chartres, les Gallas.
Élevé dans la bibliothèque paternelle, Anatole en garde le goût des livres et de l'érudition, ainsi qu'une connaissance intime de la période révolutionnaire, arrière-plan de plusieurs de ses romans et nouvelles, dont Les dieux ont soif, qui est considéré comme son chef-d'?uvre. De 1844 à 1853, la famille loue un appartement de quatre pièces au premier étage d'une maison située dans la première cour de l'hôtel particulier du 15 quai Malaquais.
Anatole France se marie en 1877 avec Valérie Guérin de Sauville, petite-fille de Jean-Urbain Guérin, un miniaturiste de Louis XVI, dont il a une fille, Suzanne (1881-1918). Cette dernière épousa en 1901 le capitaine Henri Mollin, officier d'ordonnance du général André et protagoniste de la retentissante Affaire des Fiches, puis Michel Psichari (1887-1917), petit-fils d'Ernest Renan. Anatole France confie souvent sa fille Suzanne, durant son enfance, à M de Martel (qui écrit sous le nom de Gyp), restée proche à la fois de lui-même et de M France. Anatole France fut par ailleurs propriétaire du château d'Houville-la-Branche, situé à environ 12 km à l'est de Chartres.
De 1853 à 1862, France fait ses études à l'institution Sainte-Marie et au collège Stanislas. Il souffre d'être pauvre dans un milieu riche mais il est remarqué pour ses compositions, dont La Légende de sainte Radegonde, qui sera éditée par la librairie France et publiée en revue. Il obtient son baccalauréat le .
À partir du début des années 1860, il travaille pour diverses libraires et revues, mais refuse de prendre la suite de son père, qui juge très négativement les « barbouillages » de son fils.
Les relations de France avec les femmes sont difficiles. Ainsi a-t-il, dans les années 1860, nourri un amour vain pour Elisa Rauline, puis pour Élise Devoyod.
En 1888, il engage une liaison avec Léontine Arman de Caillavet, qui tient un célèbre salon littéraire de la Troisième République, de qui il dira "sans elle, je ne ferais pas de livres" (journal de l'abbé Mugnier). Cette liaison dure jusqu'à la mort de celle-ci, en 1910, peu après une tentative de suicide à cause d'une autre liaison de France avec une actrice connue pendant un voyage en Amérique du Sud.
M Arman de Caillavet lui inspire Thaïs (1890) et Le Lys rouge (1894). Après une ultime dispute avec son épouse, qui ne supporte pas cette liaison, France quitte le domicile conjugal de la rue Chalgrin, un matin de , et envoie une lettre de séparation à son épouse. Le divorce est prononcé à ses torts et dépens, le .
Par la suite, France a de nombreuses liaisons, comme celle avec M Gagey, qui se suicide en 1911.
En 1909, il part pour l'Amérique du Sud faire une tournée de conférences sur Rabelais. S'éloignant de M de Caillavet, il a une liaison avec la comédienne Jeanne Brindeau, en tournée elle aussi avec des acteurs français. Les conférences sur Rabelais sont remplacées, au cours du voyage qui le mène à Lisbonne, Recife, Rio de Janeiro, Montevideo et Buenos Aires, par des conférences sur ses propres ?uvres et sur la littérature contemporaine.
De retour à Paris, le lien avec Léontine, qui a beaucoup souffert de cet éloignement, se reforme tant bien que mal, mais celle-ci meurt en , sans lui avoir réellement pardonné. En 1913, il voyage en Russie.
En 1920 il se marie à Saint-Cyr-sur-Loire, où il s'était installé en 1914, avec sa compagne Emma Laprévotte (1871-1930), ancienne femme de chambre de Léontine Arman de Caillavet, afin qu'elle veille sur son petit-fils Lucien Psichari, orphelin de mère.
Sa carrière littéraire commence par la poésie ; amoureux de l'actrice Élise Devoyod, il lui dédie quelques poèmes, mais elle le repousse en 1866.
Il est disciple de Leconte de Lisle, avec qui il travaille quelque temps comme bibliothécaire au Sénat.
En , il écrit une apologie de la liberté amoureuse sous forme d'un éloge du Lyon Amoureux de Ponsard, et la même année il devient membre du groupe du Parnasse. En 1875, il intègre le comité chargé de préparer le troisième recueil du Parnasse contemporain.
En 1876, il publie Les Noces corinthiennes chez Lemerre, éditeur pour lequel il rédige de nombreuses préfaces à des classiques (Molière par exemple) ainsi que pour Charavay ; certaines de ces préfaces seront réunies dans Le Génie Latin.
La même année, il devient commis-surveillant à la Bibliothèque du Sénat, poste qu'il conserve jusqu'à sa démission, le .
France s'oriente tardivement vers le roman et connaît son premier succès public à 37 ans, en 1881, avec Le Crime de Sylvestre Bonnard, couronné du prix Montyon par l'Académie française en 1882. L'?uvre est remarquée pour son style optimiste et parfois féerique, tranchant avec le naturalisme qui règne alors. L'Académie française lui décerne également le prix Vitet en 1889.
Il devient en 1887 critique littéraire du prestigieux Temps.
Le , il est élu, dès le premier tour, avec 21 voix sur 34 présents, à l'Académie française au fauteuil 38, où il succède à Ferdinand de Lesseps. Il y est reçu le .
Anatole France étant bibliothécaire au Sénat lors de la montée du boulangisme, début 1888, il ne peut montrer de sympathie pour l'opposition, et écrit d'abord contre ce mouvement. Au printemps 1888, il évolue et, trouvant dans le boulangisme un écho de son antiparlementarisme, écrit en mai dans L'Union un article favorable au général Boulanger. Il rencontre celui-ci à l'automne puis célèbre son élection de janvier 1889 comme député de Paris, avant de rompre avec lui dès sa fuite fin mars devant les menaces d'arrestation qui pèsent sur lui.
Devenu un écrivain reconnu, influent et riche, France s'engage en faveur de nombreuses causes.
Il rejoint Émile Zola, avec qui il s'est réconcilié au début des années 1890, lors de l'affaire Dreyfus.
Après avoir refusé de se prononcer sur la culpabilité d'Alfred Dreyfus (ce qui le classe parmi les « révisionnistes ») dans un entretien accordé à L'Aurore le , il est l'un des deux premiers avec Zola, et quasiment le seul de l'Académie française, à signer, au lendemain de la publication de J'accuse, en , la première pétition dite « des intellectuels » demandant la révision du procès. Il dépose, le , comme témoin de moralité lors du procès Zola. En , il rend sa Légion d'honneur après que l'on a retiré celle d'Émile Zola. Il quitte L'Écho de Paris, antirévisionniste, en , et rejoint le suivant Le Figaro, conservateur et catholique, mais dreyfusard. Il prononce un discours lors des obsèques de l'écrivain, le ),
Il aurait servi de modèle, avec Paul Bourget, à Proust, pour le personnage d'homme de lettres Bergotte dans À la recherche du temps perdu.
De février 1900 à 1916, il refuse de siéger à l'Académie française. Il participe à la fondation de la Ligue des droits de l'Homme, dont il rejoint le Comité central en , après la démission de Joseph Reinach, scandalisé par l'affaire des fiches. Son engagement dreyfusard se retrouve dans les quatre tomes de son Histoire contemporaine (1897 - 1901), chronique des mesquineries et des ridicules d'une préfecture de province au temps de l'Affaire. C'est dans cette ?uvre qu'il forge les termes xénophobe et trublion.
Devenu un proche de Jean Jaurès, il préside, le , une manifestation du Parti socialiste français au Trocadéro et prononce un discours. France s'engage pour la séparation des Églises et de l'État, pour les droits syndicaux, et contre les bagnes militaires. Il collabore, dès sa création, à L'Humanité, en publiant Sur la pierre blanche dans les premiers numéros. Proche de la SFIO, il sera, plus tard, critique envers le PCF. S'il écrit un Salut aux Soviets, dans L'Humanité de , il proteste contre les premiers procès faits aux socialistes révolutionnaires en envoyant un télégramme dès le .
Le 30 janvier 1906, lors d'une réunion anticoloniale, il proteste fortement contre la « barbarie coloniale ». Il fonde avec Pierre Mille et Félicien Challaye en 1908 la Ligue française pour la défense des indigènes dans le bassin conventionnel du Congo.
Au début de la Première Guerre mondiale, France écrit des textes guerriers et patriotes, qu'il regrettera par la suite. Il y dénonce la folie guerrière voulue par le système capitaliste dans le contexte de l'Union sacrée en déclarant : « On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels », mais milite en faveur d'une paix d'amitié entre Français et Allemands, ce qui suscitera l'indignation et l'hostilité, et lui vaudra des lettres d'insultes et des menaces de mort. Il prend position en 1919 contre le traité de Versailles, dénonçant même dans son discours du Nobel « le prolongement de la guerre », signant la protestation du groupe Clarté intitulée « Contre la paix injuste », et publiée dans L'Humanité, le .
En 1916, il tient plusieurs discours dénonçant le génocide arménien et soutient Archag Tchobanian.
À partir de , il est exclu de toute collaboration aux journaux communistes. France, tout en adhérant aux idées socialistes, s'est ainsi tenu à l'écart des partis politiques, ce dont témoignent ses romans pessimistes sur la nature humaine, tels que L'Île des Pingouins et surtout Les dieux ont soif (publié en 1912) qui, à cause de sa critique du climat de Terreur des idéaux utopistes, est mal reçu par la gauche.
Il est lauréat, en 1921, du prix Nobel de littérature pour l'ensemble de son ?uvre, et le reçoit à Stockholm le .
En 1922 l'ensemble de ses ?uvres (opera omnia) fait l'objet d'une condamnation papale (décret de la Congrégation du Saint-Office du ).
Pour son 80 anniversaire, au lendemain de la victoire du Cartel des gauches, il assiste à une manifestation publique donnée en son honneur, le , au palais du Trocadéro.
Il meurt le à La Béchellerie, commune de Saint-Cyr-sur-Loire. À l'annonce de sa mort, le président de la Chambre des députés Paul Painlevé déclare : « Le niveau de l'intelligence humaine a baissé cette nuit-là. »
Selon certains (Marcel Le Goff, 1924 ; André Bourin, 1992), France aurait souhaité être inhumé dans le petit cimetière de Saint-Cyr-sur-Loire, pour d'autres (Michel Corday, 1928), le sachant souvent inondé l'hiver, il aurait préféré rejoindre la sépulture de ses parents au cimetière de Neuilly-sur-Seine.
Son corps, embaumé le , est transféré à Paris pour des obsèques quasi-nationales et exposé villa Saïd (son domicile depuis son divorce en 1893), où le président du Conseil, Édouard Herriot, puis le président de la République, Gaston Doumergue, viennent lui rendre hommage dans l'après-midi du .
Dans son dernier testament daté du France répartit ses biens entre son épouse Emma et son petit-fils Lucien Psichari, la première héritant de la villa Saïd, le second de La Béchellerie. En contradiction avec ses dispositions testamentaires, des obsèques officielles ont lieu à Paris le , et il est inhumé au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine auprès de ses parents.
Sa tombe, abandonnée et en piteux état, fut sauvée en 2000, par l'historien Frédéric de Berthier de Grandry, résidant alors à Neuilly-sur-Seine. Cette procédure de sauvegarde sauve également la chapelle funéraire de Pierre Puvis de Chavannes, le peintre du Panthéon de Paris.
Le , l'Académie française élit au fauteuil d'Anatole France, après quatre tours de scrutin, Paul Valéry, qui, reçu dix-neuf mois plus tard, ne prononce pas une seule fois, contrairement à l'usage, le nom de son prédécesseur dans l'éloge qu'il doit prononcer et le qualifie de « liseur infini ».
En 1934, le sculpteur François Sicard réalise une statue d'Anatole France qui orne le jardin de la préfecture d'Indre-et-Loire à Tours.
« Nous savons bien qu'en Afrique, en Asie, de toutes les colonies, à quelque peuple qu'elles appartiennent, montent les mêmes plaintes, les mêmes hurlements de douleur vers le ciel sourd. Nous savons, hélas! cette vieille et terrible histoire. Voilà quatre siècles que les nations chrétiennes se disputent entre elles l'extermination des races rouge, jaune et noire. C'est ce qu'on appelle la civilisation moderne. »