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Pierre Desproges
Pierre Desproges sur scène en 1985.
Biographie
Naissance
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PantinVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 48 ans)
Neuilly-sur-SeineVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière du Père-LachaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Pierre Marcel DesprogesVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée CarnotVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Humoriste, animateur de radio, journaliste, journaliste d'opinionVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
-Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
France Inter (-)
TF1
Paris Turf
L'Aurore
France 3Voir et modifier les données sur Wikidata
Conflit
Guerre d'AlgérieVoir et modifier les données sur Wikidata
Taille
1,7 mVoir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
Le Tribunal des flagrants délires, La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède, Chroniques de la haine ordinaireVoir et modifier les données sur Wikidata

Pierre Desproges, né le à Pantin et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un humoriste français réputé pour son humour noir, son anticonformisme et son sens de l'absurde.

Célèbre pour son humour grinçant mis en valeur par une remarquable aisance littéraire, Pierre Desproges s'est illustré avec des thèmes souvent évités par les autres humoristes de son époque, prenant à contre-pied certaines positions convenues dans la société. Il est notamment considéré comme l'auteur de la maxime suivante : « On peut rire de tout, mais pas avec tout le monde ».

Journaliste à L'Aurore, il débute à la télévision sur TF1 dans l'émission de Jacques Martin, Le Petit Rapporteur. À la radio, il est notamment le procureur fantasque du Tribunal des flagrants délires sur France Inter. Auteur de spectacles, il a aussi présenté l'émission humoristique La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède sur FR3.

Biographie

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Jeunesse

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Pierre Desproges (deuxième sur la gauche) à Châlus, le 26 septembre 1958.

Né le à Pantin, c'est à Paris que Pierre Desproges grandit et passe l'essentiel de sa jeunesse. Il est l'aîné d'une petite fratrie (une s?ur et un petit frère) élevée essentiellement par leur mère, issue de la « petite bourgeoisie » parisienne. Son père, instituteur, a fait le choix d'une carrière aux colonies où il est directeur d'école. C'est ce qui vaut à Pierre adolescent d'accompagner son père un an à Luang Prabang au Laos, en 1953, et trois ans en Côte d'Ivoire, dont un an d'internat à Abidjan.

Les vacances se passent immanquablement en Limousin, à Châlus (Haute-Vienne), chez ses grands-parents paternels. C'est le cadre de cette petite ville limousine qui inspirera son seul roman, Des femmes qui tombent.

Élève se revendiquant dilettante, il rate son baccalauréat, ce qui n'entrave pas son avidité de culture et son goût de la polémique, hérités de sa mère. En 1958-1959, il entreprend des études de kinésithérapie, sans conviction, qu'il abandonne assez vite.

En 1959, il accomplit son service militaire durant vingt-huit mois, d'abord à Épinal (en tant qu'élève officier de réserve dans les transmissions), puis à Baden-Baden et à Montélimar. Envoyé finalement en Algérie, il conserve de cette période un souvenir exécrable.

De retour à la vie civile et ne sachant trop que faire pour gagner sa vie, il écrit des romans-photos réalisés avec des amis et qui sont publiés, vend des assurances-vie (qu'il rebaptise « assurances-mort ») puis des poutres en polystyrène expansé.

L'Aurore et débuts à la télévision

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Pierre Desproges en 1976. Photo d'identité (Sacem).

Pierre Desproges devient ensuite journaliste à L'Aurore, où il entre grâce à son amie d'enfance, la journaliste Annette Kahn, dont le frère, Paul-Émile, était son condisciple au lycée Carnot à Paris. Le chef de service des informations générales, Jacques Perrier, qui n'aime pas son humour et ne le supporte pas, le fait renvoyer.

Il travaille alors à Paris-Turf, journal hippique appartenant au même groupe de presse. Lorsque Perrier est à son tour licencié en , Bernard Morrot, nommé pour le remplacer, fait revenir Desproges à L'Aurore et lui confie une rubrique de brèves insolites à l'humour acide, que Pierre Desproges appelle la « rubrique des chats écrasés ». Jugé un peu trop caustique, il évite son licenciement grâce à Françoise Sagan (dont il fera plus tard une interview décalée pour Le Petit Rapporteur) qui écrit une lettre au journal en affirmant qu'elle n'achète L'Aurore que pour la rubrique de Desproges.

En , il publie un article traitant de l'arrestation de Jacques Mesrine dans lequel il le qualifie de « fanfaron suicidaire » et lui attribue de nombreux meurtres et hold-up. Mesrine lui répondra par courrier en contestant ses affirmations et en le menaçant, ce qui inquiètera longtemps Desproges.

Remarqué par ses confrères de la télévision, il devient, en , chroniqueur dans l'émission de Jacques Martin, Le Petit Rapporteur sur TF1. Sa prestation dans cette émission dominicale, auprès de son complice Daniel Prévost, demeure gravée dans l'esprit des amateurs d'humour noir et de cynisme. Il finit toutefois par claquer la porte car ses interventions sont de plus en plus souvent coupées au montage (Jacques Martin aurait pris ombrage de la popularité de Desproges), et retourne à L'Aurore, où il se sent mieux.

Activité à la radio

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Pierre Desproges (à gauche) en procureur humoristique du Tribunal des flagrants délires sur France Inter en 1980.

Pierre Desproges participe ensuite à plusieurs émissions de radio sur France Inter :

Retour à la télévision

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Le , Pierre Desproges participe aux côtés de l'humoriste Thierry Le Luron à un sketch diffusé sur TF1 (durant l'émission Interneige), l'« Entretien au coin du feu », où Le Luron endosse le rôle du président de la République Valéry Giscard d'Estaing et Desproges celui d'un interviewer hésitant et saugrenu, à l'occasion d'une fausse interview « décidée à la dernière minute » un jour avant les élections municipales. Ils réitéreront ce sketch plusieurs fois, notamment le pour les v?ux de la nouvelle année dans l'émission Les Rendez-vous du dimanche de Michel Drucker également sur TF1.

En 1980 et 1981, il participe à l'émission L'Île aux enfants où il interprète le professeur Corbiniou dans une vingtaine de petits sketches destinés aux enfants, afin de « les abêtir davantage ». Cette séquence est en quelque sorte l'ancêtre de La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède. Durant la même période, il collabore au magazine Charlie Hebdo avec une petite chronique intitulée « Les étrangers sont nuls ».

En 1982, il collabore quelques mois au scénario de l'émission Merci Bernard sur FR3. C'est Desproges lui-même qui trouve le titre énigmatique de l'émission, en hommage à Bernard Morrot, l'homme qui lui offrit une seconde chance à L'Aurore.

Entre 1982 et 1984, l'humoriste assure également sur FR3 (pendant cent émissions) une brève chronique d'humour absurde intitulée La Minute nécessaire de monsieur Cyclopède. Parodiant la forme des leçons de choses ou de savoir-vivre, Desproges y immortalise son célèbre « Étonnant, non ? » qui conclut chaque épisode. Il se joue des sujets, qu'ils soient sacrés (« Rentabilisons la colère de Dieu » ou bien « Essayons vainement de faire apparaître la Sainte Vierge ») voire tabous (« Essayons en vain de cacher notre antisémitisme » ou bien « Asseyons un aveugle dans un fauteuil pour sourd »). Desproges dit alors de cette émission : « Notre objectif est de diviser la France en deux : les imbéciles qui n'aiment pas et les imbéciles qui aiment ».

Au début de l'année 1988, le , il présente en direct l'arrivée des invités de l'émission Champs-Élysées en lieu et place de Michel Drucker, sur un ton caustique et irrévérencieux (qualifiant par exemple Serge Gainsbourg de « seul génie qui ressemble à une poubelle »).

Quelques semaines avant sa mort, il tourne une publicité parodique avec le groupe d'humoristes Les Nuls. Le tournage est difficile, comme le révèle Alain Chabat dans le livre Desproges est vivant. Sur le plateau de l'émission L'Assiette anglaise du , Desproges déclare s'être fêlé une côte durant l'enregistrement du sketch, ce qui expliquerait sa fatigue du moment. Cette remarque est sujette à caution, Hélène Desproges ayant révélé des années plus tard que son mari était maintenu dans l'ignorance du cancer qui le rongeait. Cette fatigue était plus vraisemblablement due à la progression du cancer qu'à une hypothétique côte fêlée.

Sur scène

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En 1975 et les années suivantes, Pierre Desproges est à l'Olympia sur scène avec Thierry Le Luron. En 1977-1978, il interprète des sketches avec Évelyne Grandjean, notamment Le Banc. En 1978-1979, il débute en tête d'affiche sur scène dans un petit théâtre du quartier Mouffetard, le Théâtre des 400 coups. Il joue devant un maigre public une pièce de théâtre drolatique : Qu'elle était verte ma salade? Il accompagne aussi Thierry Le Luron à Bobino.

Il est à plusieurs reprises en première partie des tours de chant de Dalida. Dans les coulisses, les rapports sont houleux avec Orlando, le frère de la chanteuse, qui ne comprend pas toujours le second degré de l'humoriste.

Aidé par Guy Bedos, il remonte sur scène en 1984, cette fois pour présenter son premier spectacle solo intitulé Tout seul en scène ou Un cri de haine désespéré où perce néanmoins une certaine tendresse. FR3 diffusera le le spectacle enregistré en 1984 à Quetigny en Côte-d'Or, en y ajoutant les réactions de quelques spectateurs privilégiés ? une concierge d'immeuble, des enfants, Guy Bedos ? incrustées dans la captation du spectacle. FR3 le rediffusera le . Ce spectacle sera repris en 1984 au théâtre Fontaine. Devant le succès rencontré, il part en tournée l'année suivante où en 1986, il crée le spectacle Pierre Desproges se donne en spectacle au théâtre Grévin. Là encore, le succès étant au rendez-vous, il part en tournée à travers la France jusqu'à sa mort en .

Mort et inhumation

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Tombe de Pierre Desproges au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Ses cendres ont été directement mélangées à la terre, sans croix ni dalle, selon sa volonté.

En 1987, on diagnostique à Pierre Desproges un cancer du poumon. Les médecins qui l'opèrent ne peuvent que constater les dégâts : ses poumons sont atteints, l'humoriste est condamné. En accord avec Hélène Desproges, son épouse, ils décident de lui cacher la vérité et prétendent avoir retiré une tumeur sans conséquence.

Lentement, son état de santé se dégrade. L'humoriste ressent une fatigue chronique mais continue d'honorer ses engagements professionnels. Pour lui permettre de tenir le rythme de la tournée de son spectacle, des cocktails de remontants lui sont administrés.

Le , il est l'invité de Bernard Rapp dans l'émission L'Assiette anglaise dans laquelle l'animateur le présente comme « malade », l'intéressé prétextant une « côte cassée pendant le tournage d'une fausse publicité avec Les Nuls ».

Contrairement à la rumeur selon laquelle il serait resté dans l'ignorance de son cancer jusqu'à la fin, il est impossible qu'il l'eût ignoré d'après les nombreux médicaments qu'on lui administrait pour stabiliser son état, le cancer étant en outre un de ses thèmes de prédilection. En , il accepte d'interrompre sa tournée pour reprendre des forces à l'hôpital américain de Paris, situé sur la commune de Neuilly-sur-Seine. Il y meurt le , peu avant l'élection présidentielle.

Le , sur les ondes de RTL, son ami Guy Bedos révèle au micro de Marie Drucker qu'on a « aidé Pierre Desproges à mourir », à l'hôpital. Cette évocation de l'euthanasie de l'humoriste est également présente dans l'autobiographie de Bedos, Je me souviendrai de tout.

Ses obsèques se déroulent au cimetière du Père-Lachaise à Paris. Ses cendres sont inhumées après sa crémation dans une tombe provisoire, puis dans la division 10. Sa sépulture est un jardinet entouré d'une grille avec une simple plaque, où ses cendres ont été mélangées à la terre (sur dérogation de la Ville de Paris).

Vie privée et familiale

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Pierre Desproges s'est marié une première fois en 1961 avec son amie Marianne (dite « Mab »), par amour mais également pour des raisons pratiques. En effet, leur union a permis aux jeunes époux de bénéficier d'un logement dédié en Algérie, pendant le service militaire de Pierre. Ils se sont séparés rapidement après leur retour en France.

En , il a épousé Hélène Mourain, née le à Nantes, malgré les réticences de la famille de la mariée en raison du statut de divorcé de Pierre. Hélène tient un rôle important dans la carrière de son mari : elle relit ses textes, négocie ses contrats et permet la publication de ses ?uvres après sa mort.

Ils ont deux filles : Marie (1975) et Perrine (1977).

Hélène Mourain-Desproges meurt en 2012 ; elle est inhumée au cimetière du Père-Lachaise.

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  3. ? Coutanson 2014, p. 19-21.
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  5. ? Schull 2016, p. 17.
  6. ? Desproges et Thomas 2017, p. 43.
  7. ? « J'étais déjà misanthrope avant de vivre dans une chambrée, mais quand on vit vingt-huit mois au milieu de gens qui font des concours de pets... Ma haine du groupe s'est confirmée là. » Extrait de article des Inrocks de 1995 qui reprend une interview de 1986.
  8. ? Pierre Desproges extraits.
  9. ? « Je ne lis pas L'Aurore mais je l'achète chaque matin pour Desproges », Françoise Sagan (Desproges, portrait de Marie-Ange Guillaume (ISBN 9782757803653)).
  10. ? Desproges et Thomas 2017, p. 93.
  11. ? Fanny Vedreine, « 25 ans de la mort de Pierre Desproges: cinq moments marquants du comique insolent - Les Inrocks », sur LesInrocks.com, (consulté le )
  12. ? « L'exigence de Jacques Martin irrite certains de ses collaborateurs, à commencer par Desproges, qui, se voyant refuser plusieurs de ses reportages, finit par claquer la porte. », « "Le petit rapporteur" : l'actualité par le petit bout de la lorgnette », Laurence Caracalla, Le Figaro.fr, 28 juillet 2009.
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  16. ? Philippe Lançon, « Bernard Morrot, 60 ans, dirige "France-Soir", éditorialise contre le FN et prend le groupe Hersant à rebrousse-poil. L'île du docteur Morrot. », sur Libération, (consulté le ).
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  18. ? « J'ai écrit une biographie de Dalida qui racontait qu'elle avait connu Peyrac dans les chiottes de l'hôpital Cochin. Son frère me courait après dans les couloirs de l'Olympia avec un couteau, Coquatrix faisait un rempart de son ventre.. » - Extrait de l'article des Inrocks de 1995 reprenant une interview de 1986.
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