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Naissance | El Biar, Alger (Algérie française) |
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Décès |
(à 74 ans) Paris 5 (France) |
Sépulture |
Cimetière de Ris-Orangis (d) |
Nationalité |
française |
Formation |
Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (doctorat) (jusqu'en ) Faculté des lettres de Paris École normale supérieure Université Harvard Lycée Louis-le-Grand |
École/tradition |
Déconstruction, philosophie postmoderne |
Principaux intérêts |
Ontologie, linguistique, analyse littéraire, esthétique, psychanalyse, féminisme, éthique, politique |
Idées remarquables |
Déconstruction du phallogocentrisme, différance, trace, dissémination, apories, événement, don |
?uvres principales |
De la grammatologie L'Écriture et la Différence La Carte postale. De Socrate à Freud et au-delà Donner le temps 1. La fausse monnaie |
Influencé par |
Platon, Hegel, Kierkegaard, Marx, Nietzsche, Jean-Jacques Rousseau, Freud, Saussure, Husserl, Heidegger, Bataille, Lacan, Desanti, Levinas, Blanchot, Jean Starobinski, Jabès, Foucault |
A influencé |
de Man, Rorty, Lacoue-Labarthe, Nancy, Richir, Sloterdijk, Spivak, Stiegler, Butler, Ronell, Kopi?, Caputo, Catherine Malabou, Stéphane Sangral, Didier Cahen |
Conjoint |
Marguerite Derrida (de à ) |
Enfants |
Pierre Alferi Daniel Agacinski (d) |
Distinctions |
Prix Theodor-W.-Adorno () Harry Oppenheimer Fellowship Award (en) () |
Jacques Derrida, de son vrai nom Jackie Derrida, est un philosophe français, né le à El Biar (Algérie française) et mort le à Paris.
Professeur à l'École normale supérieure entre 1965 et 1984, puis directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, il a créé et développé l'école de pensée autour du déconstructionnisme. Dans la lignée de Heidegger, Derrida remet en question la phénoménologie et la métaphysique traditionnelle et introduit une nouvelle manière de penser les sciences humaines.
Le point de départ de son ?uvre est une critique de la linguistique et de la place dominante qu'elle occupe dans le champ des sciences humaines. Dans son ouvrage De la grammatologie (1967), Derrida tente de montrer que le modèle linguistique alors dominant repose sur une contradiction : la langue serait constituée d'une parole orale, dont l'écriture serait la transcription. La vraie langue (la langue originaire) serait donc la langue orale. Mais la linguistique s'appuie sur la langue écrite pour la structure de la langue, de sorte que l'origine de la langue écrite est la parole vive, mais que l'origine de la parole vive est la langue écrite. Derrida transpose ici dans le domaine de la linguistique le questionnement de l'origine qui était celui d'Edmund Husserl dans L'Origine de la géométrie (1954) et introduit la notion de « supplément originaire », ou simplement de « supplément ».
Cette contradiction de l'origine, posée d'abord ? au niveau de la langue ? entre parole et écriture, va ensuite se répercuter dans tous les domaines où Derrida portera son investigation : vers la structure d'un texte et le supplément à l'origine de ce texte, comme la langue dans lequel il fut écrit, vers le principe fondateur et la mort d'une idéologie, vers donner la mort et en accepter la responsabilité (euthanasie), vers l'opposition entre l'accueil et l'hostilité, vers la question politique de l'imposition des normes de genre.
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Jacques Derrida est le troisième fils d'Aimé Derrida, juif d'origine séfarade, et de Georgette Sultana Esther Safar, issue d'une famille juive d'Algérie dont les ancêtres, établis depuis plusieurs générations dans ce pays, avaient reçu la nationalité française lors de la promulgation du décret Crémieux en 1870. Il est cousin du physicien Bernard Derrida.
Il grandit en Algérie française et subit les lois de Vichy en 1940, lorsque sa famille est déchue pendant deux ans de la nationalité française. De 1935 à 1941, il va à l'école maternelle et primaire d'El-Biar. Les enfants sont obligés de manifester leur attachement à Philippe Pétain de multiples manières. Derrida, en qualité de juif, doit laisser au deuxième de la classe sa place pour le lever de drapeau. Son frère et sa s?ur ont été exclus de l'école pour la même raison. En 1941, il est lui-même exclu du lycée Ben Aknoun et il est inscrit jusqu'en 1943 au lycée Émile-Maupas, mais il ne supporte pas l'atmosphère communautaire. Il retourne au lycée Ben Aknoun en 1944.
Derrida connaît ainsi, durant sa jeunesse, une scolarité mouvementée. Il voit les métropolitains comme oppresseurs et normatifs, normalisateurs et moralisateurs. Sportif, il participe à de nombreuses compétitions sportives et rêve de devenir footballeur professionnel. À cette époque, il découvre aussi des philosophes et écrivains comme Jean-Jacques Rousseau, Friedrich Nietzsche, André Gide et Albert Camus, et commence à rédiger un journal intime. En 1947-1948, en classe de philosophie au lycée Gautier d'Alger, il lit Bergson et Sartre. En 1948, inscrit en lettres supérieures au lycée Bugeaud, il est marqué par la lecture de Kierkegaard et Heidegger.
En 1949, il s'installe à Paris et s'inscrit en première supérieure au lycée Louis-le-Grand, où il se lie d'amitié avec Pierre Bourdieu, Lucien Bianco, Michel Deguy et Louis Marin.
Son professeur de philosophie Étienne Borne trouve que ses dissertations sont « plotiniennes ». Il entre ? après deux échecs ? à l'École normale supérieure de Paris en 1952. Il y fait la rencontre de Louis Althusser, alors agrégé-préparateur. Derrida milite dans des groupes d'extrême gauche sans adhérer pour autant au communisme.
Après avoir obtenu sa licence en lettres à la faculté des lettres de Paris, il part aux Archives Husserl de Louvain en 1953-1954. Il obtient le diplôme d'études supérieures en philosophie avec un mémoire concernant Le problème de la genèse dans la philosophie de Husserl, influencé par les travaux de Jean Hyppolite, Tran Duc Thao et Jean Cavaillès. Il suit les cours de Michel Foucault.
Reçu quatorzième au concours d'agrégation de philosophie de 1956, après un échec en 1955, il part à l'université Harvard comme special auditor.
Il commence la traduction et l'introduction de L'Origine de la géométrie de Husserl. Il se marie en juin 1957 avec Marguerite Aucouturier, une psychanalyste qu'il a rencontrée en 1953 par l'intermédiaire de son frère qui étudiait avec lui à l'École normale supérieure.
Il effectue son service militaire de 1957 à 1959 (durant la guerre d'Algérie), comme enseignant dans une école d'enfants de troupe près d'Alger. Il rencontre souvent Pierre Bourdieu à Alger. Il condamne la politique coloniale de la France et espère une forme d'indépendance pour l'Algérie où pourraient coexister les Algériens et les Français d'Algérie.
En 1959, Derrida est affecté au lycée Montesquieu du Mans en classe de lettres supérieures et est invité à la première décade de Cerisy-la-Salle (cycle de conférences auquel il sera invité quatre fois). Il fait son premier voyage à Prague pour rendre visite à la famille de son épouse.
L'année suivante, il devient assistant à la faculté des lettres de Paris. Il y enseignera jusqu'en 1964 (« philosophie générale et logique »). Il publie à cette époque dans les revues Critique et Tel Quel (où sa première contribution date de 1965), se lie d'amitié avec Philippe Sollers et fréquente Robert Antelme, Pierre Boulez, Jean Genet, Pierre Klossowski, Francis Ponge et Nathalie Sarraute. En 1968, il fait la connaissance de la philosophe Sarah Kofman avec qui il développe une collection (à laquelle contribuent également Philippe Lacoue-Labarthe et Jean-Luc Nancy) et met sur pied le Greph (Groupe de recherche sur l'enseignement philosophique).
En 1963, naît son premier fils avec Marguerite Aucouturier, Pierre. La même année, il donne au Collège philosophique une conférence sur Michel Foucault, en sa présence, où il critique sa thèse sur la folie à propos de Descartes. Il rencontre Hélène Cixous, avec laquelle il entretient une longue amitié et partage de nombreuses activités à la fois politiques et intellectuelles, comme les commencements de l'université Paris-VIII, le Centre national des lettres (aujourd'hui Centre national du livre) ? 1981-1983 ?, le Parlement international des écrivains, le Comité anti-apartheid, des colloques, ou encore des séminaires au Collège international de philosophie. Ils partagent certaines publications communes ou croisées, comme Voiles, avec des dessins d'Ernest Pignon-Ernest, (Galilée, 1998), Portrait de Jacques Derrida en jeune saint juif (Galilée, 2001), H.C. pour la vie, c'est-à-dire? (Galilée, 2002).
En 1964, il obtient un prix d'épistémologie (le prix Jean Cavaillès) pour la traduction et le commentaire de l'Origine de la géométrie d'Edmund Husserl. Il est ensuite nommé maître-assistant d'histoire de la philosophie à l'École normale supérieure, sur recommandation d'Althusser et de Jean Hyppolite. Il conservera ce poste pendant vingt ans.
En 1967, il prononce une conférence à la Société française de philosophie sur la différance [sic] et publie ses trois premiers livres importants : De la grammatologie, L'écriture et la différence, La voix et le phénomène. Il côtoie régulièrement Edmond Jabès, Gabriel Bounoure ou Maurice Blanchot et s'associe progressivement à Jean-Luc Nancy, Philippe Lacoue-Labarthe et Sarah Kofman. Les éditions Galilée sont fondées à cette époque et deviennent la voix de la déconstruction. En 1967, naît son second fils, Jean. Derrida et sa famille s'installent à Ris-Orangis.
Lors des défilés de Mai 1968, Derrida y participe et organise la première assemblée générale à l'École normale supérieure. Il est accueilli avec une grande hospitalité aux États-Unis où il enseigne dans de nombreuses universités, tandis que son travail se heurte à une vive opposition en France.
En 1970, son père Aimé meurt d'un cancer à l'âge de 74 ans.
En 1971, après neuf ans d'absence, il revient en Algérie pour y donner cours et conférences.
En 1974, il met en place un Groupe de Recherches sur l'Enseignement supérieur philosophique et s'engage contre la Loi Haby.
En 1975, il devient professeur invité à l'université Yale puis à l'université Cornell au titre d'Andrew Dickson White Professor-at-Large.
En 1978, Jacques Derrida lance les États généraux de la philosophie à la Sorbonne. Il s'implique de plus en plus dans des actions politiques, domaine qu'il avait apparemment écarté de sa vie professionnelle (il est resté en retrait par rapport aux événements de mai 1968). Ainsi, il soutiendra toute sa vie la cause démocratique en Afrique du Sud. Un de ses ultimes textes, in articulo mortis, est consacré au sujet de la réconciliation (Commission de la vérité et de la réconciliation).
En 1980, Derrida soutient à l'université Paris-I une thèse pour le doctorat d'État sur la base d'un ensemble d'anciens travaux des années 1967 à 1972 en vue de poser sa candidature au poste de professeur laissé vacant par le départ de Paul Ric?ur à l'université Paris-Nanterre. Le poste fut néanmoins supprimé par la ministre Alice Saunier-Seïté.
En 1981, il fonde avec Jean-Pierre Vernant l'association Jean-Hus, qui soutient les intellectuels tchèques dissidents. Il sera arrêté et brièvement emprisonné à Prague à l'issue d'un séminaire organisé clandestinement. François Mitterrand intervient pour obtenir sa libération.
Il fonde le Collège international de philosophie en 1983 avec François Châtelet, Jean Pierre Faye et Dominique Lecourt.
En 1984, toujours maître-assistant, il devient Directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. La même année son troisième fils naît, Daniel Agacinski, issu de sa relation hors mariage avec Sylviane Agacinski.
Il est Distinguished Professor en philosophie, français et littérature comparée à l'université de Californie à Irvine (États-Unis) à partir de 1986.
Il co-préside avec Jacques Bouveresse la « Commission de Philosophie et d'Épistémologie », créée en 1988 par le Ministère de l'Éducation nationale dans le cadre de la « Commission de Réflexion sur les contenus de l'enseignement » et chargée de réfléchir sur les contenus et les méthodes de l'enseignement de la philosophie au lycée et à l'université. La commission produit le rapport qui porte leurs noms en 1989.
Le , sa mère meurt. Les derniers mois de sa vie avaient inspiré à Derrida la rédaction d'un texte autobiographique mêlé de réminiscences augustiniennes : Circonfession. La même année, Pierre Bourdieu et Yves Bonnefoy tentent de faire élire Derrida au Collège de France, mais sa candidature est rejetée.
En 1993, il publie les Spectres de Marx, parfois considéré comme une étape de sa politisation. En 1995, Derrida est membre du comité de soutien de Lionel Jospin qui se présente à l'élection présidentielle. Il refuse de l'être à nouveau en 2002 en raison notamment de son désaccord avec la politique du gouvernement socialiste en matière d'immigration.
En 2002, Derrida et René Schérer rendent un hommage à Pierre Bourdieu à l'occasion d'un débat sur la question de l'hospitalité.
À partir de 2003, Jacques Derrida, atteint d'un cancer du pancréas, réduit considérablement ses activités.
Il meurt le dans un hôpital du 5 arrondissement de Paris , à l'âge de 74 ans. Il est inhumé au cimetière de Ris-Orangis (division 60).
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