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Naissance | Villefranche-sur-Saône |
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Nationalité |
française |
Activités |
Photographe, scénariste, directeur de la photographie, photojournaliste, réalisateur de cinéma, documentariste |
Conjoint |
Claudine Nougaret |
Membre de |
Magnum Photos () |
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Distinctions |
Prix Pulitzer () |
Archives conservées par |
Archives départementales des Bouches-du-Rhône (FRAD013_79Fi) |
Films notables : Reporters Délits flagrants 10 chambre, instants d'audience Profils paysans : La Vie moderne |
Raymond Depardon, né le à Villefranche-sur-Saône, est un photographe, réalisateur, journaliste et scénariste français. Réalisateur de film documentaire, il exerce aussi comme reporter et a créé l'agence photographique Gamma en 1966. Il est membre de Magnum Photos depuis 1979.
Il s'est vu décerner plusieurs distinctions dont le Grand Prix national de la photographie, plusieurs Césars du cinéma, le Prix Louis-Delluc, et le Prix Nadar. Il est aussi l'auteur du portrait officiel du président François Hollande.
Raymond Depardon découvre la photographie à 12 ans grâce à un appareil 6x6 offert pour son frère, mais celui-ci s'en désintéresse et Raymond commence à utiliser cet appareil ; il prend ses premiers clichés dans la ferme familiale du Garet. Un certain Lucien Dune lui transmet son savoir. Après son certificat d'études, il devient apprenti dans une boutique de photographie de Villefranche-sur-Saône avant de suivre par correspondance des cours de photographie et d'installer un petit laboratoire de photographie dans la ferme de ses parents. En , il devient l'assistant du photographe Louis Foucherand à Paris. Mais, en 1959, celui-ci s'associe avec Louis Dalmas pour fonder l'agence Dalmas et il ne peut garder Raymond comme employé ; Depardon devient alors pigiste de cette agence et finit, à force de persévérance, par être reconnu comme photographe : en , alors qu'il n'a que dix-huit ans, Dalmas lui propose de partir au Sahara avec un forfait de 800 francs pour suivre une expédition cherchant à étudier la résistance du corps humain à la chaleur.
En arrivant, l'expédition est confrontée à un fait divers : quelques jeunes appelés du contingent qui, le jour du , étaient partis chasser la gazelle, se sont perdus. Les membres de l'expédition partent à leur recherche, escortés de militaires et de médecins de l'hôpital américain. Ils les trouvent et parviennent à en sauver trois sur sept. Raymond photographie « l'événement ». À leur retour à Tabelbala, d'après Raymond Depardon, le capitaine de la légion le fait appeler dans son bureau et lui demande de lui donner ses films. Il aurait refusé, prétextant les avoir déjà transmis à une autre personne : quelques mois plus tôt, on lui avait appris à l'agence Dalmas qu'il ne devait jamais donner ses films à la police. À son retour, son reportage fait la une de France-Soir et de Paris Match. Raymond Depardon devient alors reporter salarié au sein de l'agence Dalmas.
Raymond Depardon couvre ensuite la guerre d'Algérie et la guerre du Viêt Nam, mais aussi des sujets d'actualité, et traque les célébrités comme un authentique « paparazzo ». En 1966, il fonde avec Gilles Caron l'agence Gamma.
Parallèlement à son travail de photographe, il commence à réaliser des films documentaires. En 1969, il filme pour l'agence Gamma la cérémonie en l'honneur de Jan Palach, jeune Tchèque qui s'est immolé par le feu pour protester contre l'invasion de la Tchécoslovaquie. À la demande de Valéry Giscard d'Estaing, il tourne en 1974 un film sur sa campagne électorale. Sa projection est longtemps refusée par le nouveau président de la République. Giscard, qui en a eu, après le montage, quatre projections privées, supporte mal de se voir «au naturel», et ce n'est qu'en que 1974, une partie de campagne est diffusé à la télévision (Arte) et au cinéma. Son titre initial était 50,81 %, le pourcentage des voix obtenu par Giscard d'Estaing à l'élection présidentielle :« Le titre a changé. J'aimais bien le premier, 50,81%... Mais Giscard voulait autre chose. Il a proposé La Victoire en chantant. C'était un peu trop! On s'est mis d'accord: j'ai demandé 1974; il a choisi Une partie de campagne. On a fait un collage: faut faire avec », explique a posteriori Raymond Depardon. Il explique également que, pendant le tournage, Giscard « aimait être seul et détestait les états-majors. Mais il n'oublie jamais la caméra, c'est un grand acteur, un séducteur, un manipulateur. Parfois, je n'arrête pas d'enregistrer alors qu'il croit que c'est fini. Je saisis alors des choses qu'il ne contrôle plus. Tout le film repose sur cela ». Certaines scènes marquent particulièrement les esprits sans être pour autant spectaculaires, comme celle ou Giscard attend seul, dans une salle du Louvre (qui abritait à l'époque le ministère des Finances) les résultats du second tour de l'élection présidentielle. Dans la longue période entre le tournage (1974) et la diffusion (2002), Depardon acquiert par ses travaux une notoriété certaine. Une curiosité se crée naturellement autour de ce documentaire dont l'existence est connue mais que très peu de personnes ont pu voir. Une curiosité renforcée par l'interdiction de le diffuser imposée par Giscard. Le film, que ce candidat espérait sans doute initialement hagiographique et triomphant, montre une campagne électorale avec un futur président qui reste humain, souvent banal, et quelquefois désinvolte. Finalement, Giscard d'Estaing autorise la diffusion.
Dans Numéros zéros, tourné en 1977, Raymond Depardon filme la genèse du premier numéro du Matin de Paris, un nouveau quotidien lancé par Claude Perdriel. Pour se faire plus discret et avoir le moins d'influence possible sur les sujets qu'il filme, il filme sans preneur de son, seul derrière sa caméra avec un micro placé sur la caméra. Depardon doit attendre trois ans pour que Claude Perdriel accepte la diffusion du film qui ne sort sur les écrans français qu'en 1980 après avoir reçu le prix Georges-Sadoul en 1979.
En 1978, Raymond Depardon rejoint l'agence Magnum et quitte l'agence Gamma en 1979. Il se rend en 1979 en Afghanistan où il suit pendant cinq semaines une colonne de maquisards. Ses photos et les textes qui les accompagnent sont publiés sous le titre de Notes chez Arfuyen. En 1981, son film Reporters, où il suit des reporters de l'agence Gamma en action, reste sept mois à l'affiche du cinéma Quartier latin. Il est le directeur de la photographie du film Pékin central de Camille de Casabianca, un des premiers films de fiction tourné par des Occidentaux en Chine.
Marié en 1987 avec Claudine Nougaret, productrice de cinéma, réalisatrice et ingénieur du son, il affirme travailler avec elle à parts égales sur ses films depuis la seconde moitié des années 1980.
Il reçoit le Grand Prix national de la photographie en 1991.
Après son documentaire Faits divers datant de 1983, Depardon poursuit en 1994 son travail cinématographique sur l'institution judiciaire avec Délits flagrants, qui obtient le César du meilleur documentaire. Puis avec 10 chambre, instants d'audience en 2004 où il filme des audiences du tribunal correctionnel de Paris et pour lequel il est nommé pour le César du meilleur documentaire. Au cours des années 2000, Raymond Depardon commence un travail documentaire sur le monde paysan intitulé Profils paysans. Le premier volet, L'Approche, sort en 2001, le second, Profils paysans: le quotidien, en 2005 et le dernier, La Vie moderne, en 2008. Sa recherche esthétique passe par un travail sur le son avec Claudine Nougaret et Jean-Pierre Beauviala. Le , il est honoré du prix Louis-Delluc pour son film Profils paysans, la vie moderne, pour lequel il est également nommé pour le César du meilleur documentaire.
Début 2006, Depardon expose à la Maison européenne de la photographie à Paris ses portraits de personnalités politiques. La même année, il est le commissaire invité des Rencontres internationales de la photographie d'Arles (37 du nom) du 4 juillet au .
En 2010, il fonde avec Diane Dufour un lieu indépendant consacré à l'image document dans le 18 arrondissement de Paris, Le Bal.
En 2011, il présente La France de Raymond Depardon à la Bnf, une exposition de photos regroupant des clichés, réalisés dans toute la France durant cinq ans, sur ce qui semble des non-sujets, à la fois insolites et banals. En 2012, son film Journal de France, réalisé avec Claudine Nougaret, est présenté hors compétition au festival de Cannes, et nommé pour le César du meilleur documentaire.
En 2012, le président de la République française, François Hollande, choisit Raymond Depardon pour faire son portrait officiel. Raymond Depardon a réalisé le portrait le dans le jardin du palais de l'Élysée. En 2013, il expose au Grand Palais un choix de photographies intitulées un moment si doux, avec comme commissaire Hervé Chandes et rencontre un grand public. Cette exposition est reprise en 2014 au Mucem avec des vues de Marseille inédites. En , il cosigne une tribune avec d'autres personnalités du monde du spectacle pour dénoncer le « Hollande-bashing » rappelant « tout ce qui a été accompli » notamment « la sanctuarisation du budget de la culture ».
En , un nouveau film Les Habitants, sort en salle. Il l'a tourné dans un studio mobile (installé dans une caravane), saisissant des «fragments de vie» d'habitants de différentes villes de France rencontrés au hasard de déambulations urbaines, et qu'il invite à terminer leur conversation dans cette caravane. En mai 2017, il présente le film 12 Jours au festival de Cannes, nommé pour le César du meilleur documentaire. Ce film est consacré à des audiences entre des patients internés sous contrainte en hôpital psychiatrique et un juge des libertés et de la détention. Le juge doit statuer sur le prolongement ou non de l'internement. Un tel entretien doit obligatoirement être effectué dans les 12 jours qui suivent ce type d'entrée en hôpital psychiatrique. Ce documentaire se place dans la lignée d'autres ?uvres qui avaient déjà marquées les esprits et qui étaient consacrées à d'autres «comparutions», Délits flagrants diffusé en 1994 (montrant des audiences en déféré devant un substitut du procureur), puis, dix ans plus tard, en 2004, 10e chambre, instants d'audience. En octobre 2017, une exposition rétrospective est organisée à la Fondation Henri-Cartier-Bresson. En juillet 2018, l'exposition Depardon USA 1968-1999 est présentée aux Rencontres internationales de la photographie d'Arles, reprenant des photographies effectués aux États-Unis sur plusieurs décennies. En 2019, Mon arbre, co-réalisé avec Claudine Nougaret, est présenté à la Fondation Cartier pour l'art contemporain. En 2022, une exposition, intitulée Son ?il dans ma main, est organisée à l'Institut du monde arabe, associant différentes photographies prises en Algérie (ou en Suisse des négociateurs algériens des Accords d'Évian), en 1961 (presque ses débuts comme reporter, envoyé couvrir des moments historiques, les «événements» liés à la décolonisation) puis en 2019, des images commentés par Kamel Daoud.
En , il reçoit le prix de la Bibliothèque nationale de France, créé en 2009, qui récompense l'?uvre entière d'un auteur vivant de langue française quelle que soit sa discipline. Lors de la remise du prix; à l'occasion du dîner de gala de la BnF, dans la salle Ovale du site Richelieu, le président de la BnF, Gilles Pécout, qui présidait le jury a déclaré : « Avec Raymond Depardon, le prix de la BnF distingue un artiste aux talents multiples, observateur de la société contemporaine, rappelant ainsi l'importance de la photographie dans nos collections patrimoniales et nos manifestations culturelles ».