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Pierre Daix
Pierre Daix en une du magazine Femmes françaises le 29 juillet 1950.
Fonction
Rédacteur en chef
Biographie
Naissance
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Ivry-sur-Seine (Seine)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 92 ans)
14e arrondissement de ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Cimetière parisien d'IvryVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Pierre Georges Daix
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Formation
Lycée Henri-IVVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Journaliste, historien de l'art, critique, biographe, écrivain, réalisateur de cinémaVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour
Les Lettres françaises (-)
Les Éditions sociales (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Parti politique
Parti communiste françaisVoir et modifier les données sur Wikidata
Lieu de détention
MauthausenVoir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions
Liste détaillée
Prix Charles-Blanc ()
Prix Louis-Barthou ( et )
Officier de l'ordre national du Mérite ()
Grand-croix de la Légion d'honneur? ()Voir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
Picasso: the blue and rose periods; a catalogue raisonné of the paintings, 1900-1906 (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Pierre Daix, né le à Ivry-sur-Seine et mort des suites d'un cancer le (à 92 ans) à Paris 14, est un journaliste, écrivain et historien de l'art français.

Biographie

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Résistant et militant communiste

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Fils d'une directrice d'école, laïque, et d'un gendarme, pacifiste, Pierre Daix adhère au Parti communiste français, à 17 ans, en 1939. Élève au Lycée Henri IV à Paris, il vient juste d'avoir son baccalauréat et le Parti communiste est interdit pour avoir soutenu le pacte germano-soviétique ? En juillet 1940, il crée un club étudiant du Centre laïque des auberges de la jeunesse (Claj) qui sert de paravent légal à l'Union des étudiants communistes clandestine. Résistant, il est un des organisateurs des manifestations étudiantes du début du mois de . Il est arrêté une première fois le . Il fait connaissance avec la prison de la Santé. Libéré en , arrêté de nouveau en , des prisons de Fresnes puis de Clairvaux, il est déporté en au camp de concentration de Mauthausen. Connaissant l'allemand, il travaille dans le camp avec l'organisation de résistance internationale clandestine et aide à sauver des résistants français sans distinction d'origine politique.

À la Libération, il est nommé chef de cabinet du ministre communiste Charles Tillon au ministère de l'Air, de l'Armement et de la Reconstruction. Après le départ des ministres communistes du gouvernement, en 1947, il est directeur-adjoint des Éditions sociales, la maison d'édition du PCF.

Il devient un ami intime du peintre Pablo Picasso, qui vient d'adhérer au Parti communiste, et qu'il rencontre pour la première fois en .

Journaliste

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Dans son article, « Pierre Daix, matricule 59 807 à Mauthausen », paru dans Les Lettres françaises le , il nie l'existence d'un univers concentrationnaire en Union soviétique et répond ainsi négativement à la demande du militant trotskiste David Rousset d'une commission d'enquête sur l'existence de camps de concentration en URSS.

Sa carrière de journaliste commencée en au journal France d'abord, se poursuit en mai- comme rédacteur en chef de L'Avant-garde, le journal de l'Union de Jeunesse républicaine de France. Entre 1948 et 1950 il est rédacteur en chef des Lettres françaises, dont le directeur officiel est l'écrivain Claude Morgan (1950), mais que Louis Aragon est chargé de piloter en sous-main. Il est selon ses propos « parachuté à la direction de Ce soir, au milieu de la dernière nuit du XII congrès du Parti communiste » (). Il est en fait directeur-adjoint de ce quotidien communiste du soir, dont Louis Aragon est le directeur nominal. Dans ses mémoires, il théorisera l'idées d'attaques menées selon lui depuis décembre 1950 sur le terrain de l'art par Auguste Lecoeur pour opposer le peintre André Fougeron à Picasso et à Léon Moussinac, qui selon lui aurait tenté de suicider, ce que « les éditeurs ne confirment pas ». Maurice Thorez avait lui-même déclaré lors du XIIe congrès du Parti communiste français tenu à Gennevilliers du 2 au 6 avril 1950 avoir « demandé à nos écrivains, à nos philosophes, à nos peintres, à nos artistes de se battre sur les positions idéologiques et politiques de la classe ouvrière » pour s'opposer « aux ?uvres décadentes des esthètes bourgeois partisans de l'art pour l'art, au pessimisme sans issue et à l'obscurantisme rétrograde des ?philosophes? existentialistes, au formalisme des peintres pour qui l'art commence là où le tableau n'a pas de contenu ». En 1951, le début de l'affaire Slansky visa des amis tchèques comme Artur London. En France, l'affaire Marty-Tillon touche au même moment son ancien « patron » Charles Tillon qu'il a accablé devant sa cellule.

Au moment du complot des blouses blanches, Jacques Duclos lui impose la publication dans Ce soir d'articles qui « sont carrément antisémites » car « le vieux Staline préparait un gigantesque pogrom ». Dans ses mémoires publiés en 1976, l'année d'après le décès de Jacques Duclos, Daix avait plutôt accusé Auguste Lecoeur, qui a dénoncé « les tentatives des fauteurs de guerre pour camoufler leurs crimes sous le vêtement rabbinique, la blouse médicale ou la soutane du prêtre », le 21 janvier 1953 au meeting organisé chaque année à la Mutualité pour l'anniversaire de la mort de Lénine. L'Humanité n'a pas repris ce propos le 22 janvier, mais il figure intégralement dans les Cahiers du communisme ? réservés aux cadres du parti.

Lorsque Ce soir cesse sa parution en , il accompagne Aragon à l'hebdomadaire Les Lettres françaises, dont il redevient rédacteur en chef jusqu'en 1972, date de la fin du journal.

Ainsi il y est le collaborateur de Louis Aragon de 1948 à 1972. Il publie en 1957 une Lettre à Maurice Nadeau dans laquelle il aborde les crimes de Joseph Staline. Il participe à l'« ouverture » des Lettres françaises, et aux prises de position de cet organe en faveur de la littérature soviétique « dissidente ».

Il fait partie du premier comité de rédaction de La Nouvelle Critique lorsque celle-ci est créée en 1949 à destination des intellectuels communistes.

Marié aux lendemains de la Libération avec la résistante Madeleine Riffaud, qui devient par la suite grande reporter à L'Humanité, il épouse dans les années 1950 Anne Villelaur, des Lettres françaises. Ils se séparent treize ans plus tard. Pierre Daix se marie à Ivry en troisième noces, le , avec Françoise London, fille des résistants communistes Artur et Lise London.

Rupture avec le communisme

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En 1963 Pierre Daix présente Une journée d'Ivan Denissovitch d'Alexandre Soljenitsyne aux lecteurs français : autorisé en URSS, ce livre est alors la manifestation d'une volonté d'ouverture de certains cercles du pouvoir communiste. En 1968 lors du Printemps de Prague, Daix écrit dans un éditorial que la majorité des étudiants tchécoslovaques sont favorables à cette ouverture, et contribue au débat sur la « nouvelle critique » (dans la revue communiste La Nouvelle Critique) et sur l'histoire de l'art moderne.

Mais la répression du « socialisme à visage humain » de Prague le place en porte-à-faux et en 1974, peut-être pour se « rattraper », il publie à l'occasion de la sortie de L'Archipel du Goulag le livre : Ce que je sais de Soljenitsyne qui, tout en reconnaissant « certaines erreurs » du régime communiste, décrédibilise l'auteur dissident. En vain : après une passe d'armes avec René Andrieu, rédacteur en chef de L'Humanité, la rupture est consommée entre le PCF et Pierre Daix.

En octobre 1978, dans une chronique prémonitoire parue dans Le Point, après l'élection du pape Jean-Paul II, il intitule son article L'espoir a changé de camp et décrit le désarroi idéologique qui commence à ébranler le communisme.

Du début des années 1980 et jusqu'à l'arrêt de la parution du titre en 1994, il collabore au Quotidien de Paris (Groupe Quotidien) dirigé par Philippe Tesson.

Il repose au cimetière parisien d'Ivry (44 division).

  1. ? Thomas Wieder, « Pierre Daix. Écrivain, historien de l'art », Le Monde, 5 novembre 2014.
  2. ? Maurice Ulrich, « Pierre Daix : son c?ur, de battre, n'avait jamais cessé », L'Humanité, 3 novembre 2014.
  3. ? Le siècle des intellectuels, Michel Winock, Seuil, 1997.
  4. ? Lors d'un procès qui l'opposait au Parti communiste français, en novembre 1950, David Rousset allait prouver que Staline avait livré des résistants à Hitler et mettre en lumière l'étendue de la répression en Union soviétique? Voir à ce sujet l'ouvrage de Tzvetan Todorov, Mémoire du mal, tentation du bien. Enquête sur le siècle, Robert Laffont, 2000.
  5. ? Frédéric Verger, « Les Lumières et le goulag » in la Revue des deux Mondes, n° 1, janvier 2011, p. 133.
  6. ? Pierre Daix, Tout mon temps, révision de ma mémoire, (Voir en bibliographie), p. 308.
  7. ? Notice "Pierre Daix" (signée par Philippe Olivera), Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social de 1940 à mai 1968 (le Maitron), volume 4, éditions de l'Atelier, 2008.
  8. ? François Albera, "Léon Moussinac, Journal des 60 ans. 19 janvier 1950" ? 19 janvier 1951, Paris, École nationale supérieure des Arts décoratifs, 2019 [1].
  9. ? Léon Moussinac, Journal des 60 ans. 19 janvier 1950 ? 19 janvier 1951, Paris, École nationale supérieure des Arts décoratifs, 2019, [2].
  10. ? Article publié par Catherine Nay et Patrice de Néritens, dans Le Figaro Magazine du samedi 24 février 2001 [3].
  11. ? Pierre Daix, J'ai cru au matin, Paris, Laffont, 1976, p. 314.
  12. ? Meeting, salle de la mutualité, organisé par le P.C.F., en hommage à la mémoire de Lénine, le 20 janvier 1953 [4].
  13. ? Stalinisme : le « complot des Blouses blanches » par Jean-Michel Krivine Imprecor Numéros 553-554 septembre-octobre 2009 [5].
  14. ? Anne Grynberg, « Des signes de résurgence de l'antisémitisme dans la France de l'après-guerre (1945-1953) ? », Les Cahiers de la Shoah, n 2001/1 (no 5),‎ , p. 171 à 223 (lire en ligne)
  15. ? Jean-Jacques Marie, Les Derniers complots de Staline. L'affaire des blouses blanches, Bruxelles, Complexe, coll. « La mémoire du siècle », , p. 162
  16. ? Tout mon temps, p. 228 et suivantes, et notice du Maitron.
  17. ? Tout mon temps, révision de ma mémoire, p. 436.
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