source wikipédia

Anita Conti
Anita Conti, dans les années 1930.
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata
Ermont (Seine-et-Oise, France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 98 ans)
Douarnenez (Finistère, France)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Anita Beatrix Caracotchian
Surnom
La dame de la merVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
françaiseVoir et modifier les données sur Wikidata
Domiciles
Île d'Oléron (-), Fécamp, rue de Rivoli, DouarnenezVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Océanographe, écrivaine, exploratrice, photographe, journalisteVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Laurent Girault-Conti (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinction
Chevalier de la Légion d'honneur? ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Archives conservées par
Archives municipales de Lorient (d) (30Z)Voir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
Racleurs d'océan (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Anita Béatrix Marthe Conti, née Caracotchian le à Ermont (Seine-et-Oise) et morte le à Douarnenez, est une océanographe et photographe française.

Anita Conti fut la première femme océanographe française. Entre les deux guerres mondiales, elle commença à dresser les premières cartes de pêche, alors qu'on ne disposait que de cartes de navigation. Son activité scientifique contribua à rationaliser les pratiques de pêche hauturière. Mais dès les années 1940, elle s'inquiéta des effets de la pêche industrielle sur les ressources halieutiques. Elle est également la marraine de l'Estran Cité de la mer, un musée consacré à la mer et à la pêche situé à Dieppe.

  1. ? AD 95, Ermont, 3E65 23, acte de naissance n 33, vue 173/224
  2. ? Relevé des fichiers de l'Insee
  3. ? « Anita Conti est entrée dans la légende de Douarnenez », sur Le Telegramme, (consulté le )

Biographie

[modifier | modifier le code]

Enfance

[modifier | modifier le code]
Vue aérienne de la partie Sud de l'île d'Oléron ; au premier plan, l'estuaire de la Seudre.

Anita Conti est l'enfant de Léon (Leven) Caracotchian, médecin accoucheur, d'origine arménienne, et Alice Lebon. Elle voyage en suivant ses parents à travers l'Europe. En Bretagne et en Vendée, elle embarque régulièrement avec des pêcheurs qui lui donnent le goût de la mer.

En 1914, à l'aube de la guerre, la famille se réfugie sur l'île d'Oléron, où la jeune fille s'adonne à la voile, la lecture, et réalise ses premières photographies.

Débuts

[modifier | modifier le code]
Bateau de pêche d'Alaska avec morue et flétan.

Après la guerre, Anita Caracotchian s'installe à Paris où elle excelle dans le métier de relieuse d'art. Elle se marie en 1927 avec le diplomate Marcel Conti et continue de passer du temps sur les bateaux de pêche et à lire des ouvrages sur la mer : faune et flore, histoire, etc.

Elle publie des articles dans La République, embarque sur les harenguiers ou voiliers-morutiers pour vivre le quotidien des travailleurs de la mer. Elle observe, photographie, et prend des notes.

Comme journaliste et spécialiste du monde de la pêche, elle prend part à plusieurs campagnes, du Golfe de Gascogne à Terre-Neuve. Son objectif est de dresser pour les professionnels de la mer, des cartes des zones de pêche. Anita Conti observe un certain nombre de paramètres (température de l'eau, salinité, etc.) et leur influence sur les populations de poissons. Remarquée par ses articles sur les richesses marines dans des revues féminines, elle est embauchée en 1934 par Édouard Le Danois à l'Office scientifique et technique des pêches maritimes (OSTPM), comme « responsable de la propagande ».

Des conclusions alarmantes

[modifier | modifier le code]

En 1939, Anita Conti embarque pour les régions arctiques à bord du chalutier-morutier Vikings, de l'armement Les Pêcheries de Fécamp, pour une durée de pêche de trois mois, au-dessus du 75 parallèle en mer de Barents. Elle tire alors des conclusions très alarmistes quant à la surexploitation des océans et les conséquences d'une pêche à outrance. Donnant naissance à une prise de conscience sur les problèmes environnementaux, elle montre que la mer n'est pas une ressource inépuisable.

De à , elle embarque sur les dragueurs de mines en Manche et en mer du Nord. Première femme militaire à bord des navires de la Marine nationale française, elle prend une part active aux opérations de déminage à Dunkerque. En , elle prend part à l'évacuation de la poche de Dunkerque.

En 1941, pendant la Seconde Guerre mondiale, elle embarque sur un chalutier qui fuit vers les rivages africains pour continuer la pêche et nourrir les populations, la pêche étant impossible en Atlantique Nord, du fait de la guerre. Pendant deux ans, d'un chalutier à l'autre, elle observe les pêcheurs français le long des côtes sahariennes et africaines, où ils découvrent des espèces de poissons inconnues en France. Elle n'a de cesse de continuer à augmenter les cartes sur les zones de pêche, tout en s'intéressant aux techniques de pêches locales.

En 1943, le Gouvernement d'Alger lui commande une recherche sur les ressources de poissons de l'Afrique de l'Ouest, ainsi qu'une étude pour développer la pêche traditionnelle. Pendant dix ans, elle va étudier, tant en Mauritanie qu'au Sénégal, en Guinée ou en Côte d'Ivoire, la nature des fonds marins, les rivages, les estuaires, les différentes espèces de poissons et leur valeurs nutritives, pour pallier les carences en protéines des populations locales.

Petit à petit, elle améliore les techniques de conservation, les méthodes de pêches, installe fumeries et pêcheries, et fonde même une pêcherie expérimentale de requins.

Les institutions françaises ne soutenant plus ses initiatives, elle crée sa propre entreprise en Guinée, à Conakry, dans le but de toujours poursuivre ses recherches, favoriser la pêche locale et améliorer le régime alimentaire des populations. Mais les difficultés s'accumulent, de violentes tempêtes détruisent ses installations, et dans les années 1950, Anita Conti rentre en France.

En 1952, elle s'embarque sur le chalutier fécampois Bois Rosé III, du même armement des Pêcheries de Fécamp, pour une saison de pêche de cinq mois à Terre-Neuve, trouvant toujours courageux ces gens qui effectuent leur travail dans la fureur des éléments, ?uvrant à l'entretien du matériel, à trier, nettoyer et saler le poisson, à des milliers de kilomètres de leur foyer. Mais, malgré cette admiration sans limite, elle reste lucide et s'affole des mille tonnes de morues salées ramenées et du fait que la moitié de la pêche est rejetée à la mer pour ne garder que la morue. Elle profitera de cette expérience pour tourner un documentaire rendant hommage au travail de ces hommes.

Continuant sans relâche ses études, elle s'implique encore davantage contre la malnutrition ainsi que pour la sauvegarde de la richesse halieutique et pour un développement de la pêche en harmonie avec la mer.

En 1953, elle publie Racleurs d'Océans pour témoigner de la campagne de pêche du chalutier Bois Rosé, du port de Fécamp, et en 1957 Géants des mers chaudes où elle rapporte son expérience en Afrique française.

Une femme qui reste une pionnière

[modifier | modifier le code]
Aquaculture.

Anita Conti s'indigne du gaspillage à bord des bateaux alors que tant de gens meurent de faim. Elle fait campagne pour la réutilisation des « faux-poissons », c'est-à-dire les indésirables, souvent rejetés morts à la mer et tente de faire connaître des espèces peu connues, comme le poisson-sabre. Elle essaie aussi de voir comment munir les bateaux de systèmes de capture sélectifs.

Dans les années 1960, elle se fait pionnière de l'aquaculture en proposant d'élever des poissons pour la consommation des populations et le repeuplement du milieu marin. Elle élève, sur la côte adriatique, des poissons en milieu naturel, dans des cages immergées et, en mer du Nord, implante des fermes aquacoles.

En 1971, elle publie L'Océan, les bêtes et l'homme, où elle établit le bilan de ses recherches quant aux conséquences de l'activité humaine sur l'océan.

De conférence en colloque, elle reste un témoin privilégié du monde marin. Elle est la première en France à partager la vie des terre-neuvas et la première femme océanographe.

Anita Conti meurt le à Douarnenez à l'âge de 98 ans. Ses cendres sont dispersées en mer d'Iroise.

  1. ? http://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers16-10/010056734.pdf
  2. ? Georges Kévorkian, « Anita Conti : un regard sur la mer », AZAD magazine, n 146,‎ 2 trimestre 2014, p. 26-27 (lire en ligne)
  3. ? Anita Conti, L'Océan, les bêtes et l'homme ou l'ivresse du risque, Payot, , p. 7
  4. ? Lefebure, Nadine., Femmes océanes : les grandes pionnières maritimes, Grenoble, Glénat, (ISBN 978-2-7234-1812-6 et 9782723418126, OCLC 34431647, BNF 36692805, lire en ligne)
  5. ? Anita Conti (1899-1997), site IFREMER, 3 novembre 2009.
  6. ? Benjamin Locoge, « Anita Conti réhabilitée », Paris Match, n 3923,‎ , p. 13
  7. ? Erreur de référence?: Balise <ref> incorrecte?: aucun texte n'a été fourni pour les références nommées :2
  8. ? René Moniot Beaumont, Histoire de la littérature maritime, La Découvrance, , p. 374
  9. ? Chapitre.com
  10. ? « Anita Conti, la dame de la mer (1899-1997) », sur France Culture (consulté le ).
  11. ? Erreur de référence?: Balise <ref> incorrecte?: aucun texte n'a été fourni pour les références nommées tele
La suite sur Wikipedia...