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Denise Boucher
Biographie
Naissance

Victoriaville (Québec, Canada)
Décès
(à 89 ans)
Montréal (Québec, Canada)
Nationalité
canadienneVoir et modifier les données sur Wikidata
Domicile
MontréalVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Poétesse, dramaturgeVoir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Membre de
Conseil québécois du théâtreVoir et modifier les données sur Wikidata
Genre artistique
Chanson, poésie, théâtre
Archives conservées par
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (MSS388)Voir et modifier les données sur Wikidata
?uvres principales
Les fées ont soif (1978), Un beau grand bateau (1988), Angela (1988), Qui te soignera qui te guérira / Chant de la douleur (1994)

Denise Boucher, née le à Victoriaville et morte le à Montréal, est une écrivaine, poétesse, romancière et auteure de chansons québécoise.

Elle se fait d'abord connaître pour la pièce Les fées ont soif, montée sur la scène montréalaise du Théâtre du Nouveau Monde en 1978. La pièce obtient un grand succès auprès du public, mais crée aussi la controverse en raison de sa franche dénonciation de la société patriarcale et de ses fondements religieux.

En plus d'avoir signé plusieurs pièces de théâtre et recueils de poésie, Denise Boucher a écrit les textes de nombreuses chansons populaires, notamment pour Pauline Julien et Gerry Boulet.

Le fonds d'archives de Denise Boucher est conservé au centre d'archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

  1. ? Fonds Denise Boucher (MSS388), BAnQ https://advitam.banq.qc.ca/notice/525461

Biographie

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Jeunesse et formation

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Denise Boucher naît à Victoriaville, dans le Centre-du-Québec, le . Elle étudie en pédagogie à l'Université de Sherbrooke et enseigne pendant quelques années avant de déménager à Montréal à la fin des années 1950. Elle se tourne ensuite vers le journalisme au début des années 1960.

Du journalisme au théâtre et à la poésie

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Dans les années 1960 et 1970, Denise Boucher travaille pour plusieurs journaux et enchaîne les piges à Radio-Canada. En 1974, largement inspirée par les poètes, les peintres et les compositeurs qu'elle fréquente régulièrement à Montréal, elle décide de se « vouer rondement à l'écriture ». La mouvance postmoderne qu'elle découvre lors de voyages à New York influence considérablement sa démarche littéraire. En 1977, elle publie le recueil de poésie Retailles, écrit conjointement avec Madeleine Gagnon. Mettant en scène des figures bibliques telles qu'Ève et Lilith, ce recueil s'attaque aux grands archétypes féminins et anticipe ainsi certains thèmes récurrents de l'?uvre de la poétesse. L'année suivante, Denise Boucher publie sa première pièce de théâtre intitulée Cyprine. Ce titre permet à plusieurs Québécoises d'apprendre que la « cyprine » est le liquide émis par le sexe des femmes dans l'excitation et la jouissance.

Les fées ont soif (1978)

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La pièce Les fées ont soif, mise en scène par Jean-Luc Bastien et interprétée par Sophie Clément, Michèle Magny et Louisette Dussault, paraît sur les planches du Théâtre du Nouveau Monde (TNM) le soir du . S'attaquant directement aux stéréotypes nourris par la religion et le patriarcat, et dénonçant vertement l'enfermement des femmes dans les rôles traditionnels d'épouse, de mère et de vierge, la création remporte un succès foudroyant en dépit de la levée de boucliers qu'elle suscite. La première du spectacle est accueillie, en effet, par la censure du Conseil des arts de Montréal et par la condamnation de l'archevêque de Montréal et de militants de la droite chrétienne. « Nous sommes ici pour un acte public de réparation à Notre Dame pour tous les blasphèmes et tous les sacrilèges qui furent commis dans la pièce Les fées ont soif », explique un porte-parole du groupe les Jeunes Canadiens pour une civilisation chrétienne.

Présentée de nouveau l'année suivante au TNM, la pièce est ensuite jouée au Palais Montcalm de Québec puis à travers le Québec pendant une tournée de six mois à guichet fermé. Elle est bientôt traduite dans plusieurs langues, dont l'anglais, le russe, l'espagnol, l'italien et le catalan, et est jouée dans les théâtres d'Amérique, d'Europe et d'Australie.

Quarante ans après sa création, la pièce est reprise au Théâtre du Rideau vert à l'automne 2018, en plein c?ur du mouvement MeToo. Sophie Clément, qui était de la distribution originale, signe la mise en scène de cette nouvelle mouture qui est très bien accueillie par la critique.

Le passage à la chanson

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Dans les années 1980 et 1990, Denise Boucher prête ses talents d'écriture à de nombreux artistes de la scène musicale québécoise. Elle signe notamment des textes de chansons pour Pauline Julien (Marie m'a dit, J'pensais jamais, J'ai une peine d'amour minable), Louise Forestier, Dan Bigras (Pour vous aimer) et Chloé Sainte-Marie (Bonjour Tendresse). C'est toutefois sa collaboration avec le rockeur Gerry Boulet qui est la plus fructueuse. Les deux artistes se rencontrent en 1985 et contribuent au succès d'Angela, Un beau grand bateau et Qui te soignera, qui te guérira avant de concevoir, en 1989, la « tragédie gospel » que constitue l'album Jézabel. Les chansons de cet opus racontent une histoire se déroulant au IX siècle avant notre ère. Elle met en scène Jézabel, la puissante épouse du roi Achab contre qui se dresse le prophète Élie. Jézabel est défenestrée et dévorée par des chiens, événement biblique que Denise Boucher considère comme l'acte de naissance du patriarcat. Quand Gerry Boulet meurt du cancer le , l'album Jézabel est complété par Dan Bigras.

Romans et récits

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Vers la fin des années 1990 et dans les années 2000, Denise Boucher continue de diversifier sa production artistique et littéraire. En 2007, elle publie ses mémoires sous le titre Une voyelle (féminin inventé de « voyou »). Elle y retrace l'évolution des femmes de sa génération ainsi que les destins croisés de personnages marquants de l'histoire du Québec tels que Gaston Miron, Germaine Guèvremont, Gérald Godin et Pauline Julien. En 2011, elle publie le roman Au beau milieu, la fin aux éditions Leméac. Le récit évoque l'histoire d'Adèle, une artiste vieillissante qui rentre d'un long voyage en Italie pour retrouver un appartement en état de délabrement. En 50 courriels adressés à son amie d'enfance Brigitte, disparue sans laisser de note, l'alter ego de Denise Boucher reconstruit sa vie des quatre dernières décennies.

Mort

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Denise Boucher meurt le au Centre hospitalier de l'Université de Montréal quelques semaines après son admission à la suite de problèmes respiratoires. Elle a demandé l'aide médicale à mourir et l'auteur-compositeur-interprète Dan Bigras lui interprète une chanson dans ses derniers moments.

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  11. ? Bruno Roy, « Une voix pour écrire », Lettres québécoises, n 94,‎ , p. 14-15
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