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Naissance | 9e arrondissement de Paris |
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Décès |
(à 60 ans) Neuilly-sur-Seine |
Sépulture |
Cimetière de Pellevoisin (d) |
Nom de naissance |
Louis-Émile-Clément-Georges Bernanos |
Nationalité |
française |
Activité |
écrivain |
Conjoint |
Jehanne Bernanos (d) |
Enfants |
Conflit |
Première Guerre mondiale |
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Genre artistique |
roman, essai, pamphlet |
Influencé par |
Thérèse de Lisieux |
Distinctions |
Prix Femina () Grand prix du roman de l'Académie française () Grand prix des Meilleurs romans du demi-siècle |
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Georges Bernanos, né le dans le 9 arrondissement de Paris et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un écrivain français.
Issu d'une famille d'origine lorraine et espagnole, Georges Bernanos passe sa jeunesse à Fressin, en Artois, région du Pas-de-Calais qui constitue le décor de la plupart de ses romans. Il suit des études de droit à l'Institut catholique de Paris. Il participe à la Première Guerre mondiale dans les tranchées (brigadier à la fin de la guerre) et y est plusieurs fois blessé. Il obtient le succès avec ses romans Sous le soleil de Satan, en 1926, et Journal d'un curé de campagne, en 1936. Membre de l'Action française lorsqu'il était jeune étudiant, Georges Bernanos va rapidement rompre avec les idées de ce type de partis politiques dont il ne manquera pas de dénoncer publiquement les travers.
Au cours de la guerre d'Espagne, il fut notamment témoin des exactions commises par les hommes de Franco avec le soutien du clergé local sur les populations civiles, un tout qu'il eut à c?ur de dénoncer dans Les Grands Cimetières sous la lune (1938). Une blessure handicapant à vie l'une de ses jambes à la suite de la Première Guerre mondiale l'empêche de participer à la Seconde comme il l'aurait voulu. Il se retire donc au Brésil et y soutient activement de Gaulle contre Pétain. Ses deux fils (Yves et Michel) ainsi que son neveu (Guy Hattu) s'engagent dans la France libre dès 1940.
Dans ses ?uvres, Georges Bernanos explore le combat spirituel du Bien et du Mal, en particulier à travers le personnage du prêtre catholique tendu vers le salut de l'âme de ses paroissiens perdus, ou encore par des personnages au destin tragique comme dans Nouvelle histoire de Mouchette.
Bien qu'une plaque commémorative soit placée au n 28 de la rue Joubert, dans le 9 arrondissement de Paris, Georges Bernanos est né en réalité au 26. Son père, Émile Bernanos (à l'état civil Jean François Bernanos, 1854-1927), est un tapissier décorateur d'origine lorraine (Bouzonville ou Busendorf, proche de la frontière allemande) et espagnole. Sa mère, Hermance Moreau (à l'état civil Marie-Clémence, 1855-1930), est issue d'une famille de paysans berrichons originaire de Pellevoisin, dans l'Indre. Il garde de son éducation la foi catholique et les convictions monarchistes de ses parents. C'est en platt que sa grand-mère paternelle, née à Monneren, lui aurait appris ses prières. Il passe une grande partie de sa jeunesse à Fressin en Artois. Cette région du Nord marque profondément son enfance et son adolescence et constituera le décor de la plupart de ses romans.
À Paris, en 1897, il entre en sixième au collège des pères jésuites de la rue de Vaugirard. Il y reste trois ans et n'en garde pas un bon souvenir, se plaignant de la liberté de penser remplacée par « le dressage du cirque », pour lui, des « bons élèves, dociles, studieux, appliqués [sont instruits par] le plus singe des singes, le plus effronté des singes, le prêtre humaniste, ou plutôt l'humaniste prêtre, tout grouillant de vers latins comme un cadavre d'asticots ». Il fait sa communion solennelle en 1899. Il a 13 ans quand il lit Honoré de Balzac ; il déclare plus tard que cette lecture a été la découverte la plus marquante de son adolescence. En 1901, la loi sur les congrégations contraint les jésuites à fermer leur établissement. Georges Bernanos entre interne au petit séminaire de Notre-Dame-des-Champs, mais il ne s'y adapte pas et est orienté en 1903, pour son année de rhétorique, vers un autre établissement, le petit séminaire de Bourges, où il se sent enfin à son aise. Il échoue cependant en juin et en octobre à l'oral du baccalauréat. Sur la recommandation du curé de Fressin, il entre en 1904 au collège Sainte-Marie d'Aire-sur-la-Lys, en Artois. Il est enfin reçu au baccalauréat en 1906. De retour à Paris, il obtient sa licence de lettres et de droit à l'Institut catholique.
Entre 13 et 15 ans, il lit énormément, appréciant particulièrement Honoré de Balzac. Ses autres auteurs de prédilection sont Barbey d'Aurevilly, Hugo, Michelet, Pascal et Walter Scott. Son père, le matin, lit à haute voix le journal La Libre Parole, avec lequel il découvre Édouard Drumont, qui aura une influence sur ses premières pensées politiques, et dont il souhaitera rédiger une sorte de biographie (La Grande Peur des bien-pensants, sous-titrée Édouard Drumont, 1931).
Vers ses 17 ans, il correspond longuement avec l'abbé Lagrange. Il envisage un temps de devenir prêtre, mais abandonne par manque de vocation. Catholique fervent et, dans sa jeunesse, monarchiste passionné, il milite au départ dans les rangs de l'Action française en participant aux activités des Camelots du roi pendant ses études de lettres. Dans cette période étudiante il fréquente Charles Maurras, avec lequel il rompra après la Première Guerre mondiale.
Il prend ensuite la tête du journal L'Avant-garde de Normandie, jusqu'à la Grande Guerre. Réformé (Georges Bernanos avait été incorporé au 6 régiment de dragons à partir d'octobre 1910 pour effectuer son service militaire mais avait été réformé dès novembre de la même année), il décide tout de même de participer à la guerre en se portant volontaire, d'abord dans l'aviation, en particulier à Issy-les-Moulineaux et sur la future base aérienne 122 Chartres-Champhol, puis dans le 6 régiment de dragons. Il est plusieurs fois blessé. C'est après la guerre qu'il rompt définitivement avec l'Action française.
Ayant épousé en 1917 Jeanne Talbert d'Arc (1893-1960), descendante d'un frère de Jeanne d'Arc, il mène à l'époque une vie matérielle difficile et instable (il est employé par une compagnie d'assurances), dans laquelle il entraîne ses six enfants et son épouse à la santé fragile.
Par nécessité ou par goût, il est longtemps un adepte de la moto comme moyen de transport quotidien, et cette pratique se retrouve dans ses ?uvres. Ainsi, dans Les Grands Cimetières sous la lune, il évoque ses chevauchées à travers l'île de Majorque pendant la guerre d'Espagne, afin de porter aide et assistance aux populations civiles : « Comme à l'avant-dernier chapitre du Journal d'un curé de campagne, la haute moto rouge, tout étincelante, ronflait sous moi comme un petit avion. »
Ce n'est qu'après le succès de Sous le soleil de Satan que Bernanos peut se consacrer entièrement à la littérature. En moins de vingt ans, il écrit l'essentiel d'une ?uvre romanesque où s'expriment ses hantises : les péchés de l'humanité, la puissance du mal et le secours de la grâce.
Écrit à Bar-le-Duc, non loin des tranchées de Verdun et de Saint-Mihiel, et publié en 1926 chez Plon, sur la recommandation de l'écrivain Robert Vallery-Radot auquel il est dédié, ce premier roman est un succès aussi bien public que critique. André Gide place Bernanos dans la lignée de Barbey d'Aurevilly, mais « en diablement mieux ! », ajoutera Malraux.
Sous le soleil de Satan est, selon Bernanos, un « livre né de la guerre ». Il commence à l'écrire pendant un séjour à Bar-le-Duc, en 1920, époque où pour lui « le visage du monde devenait hideux ». Il confie « être malade » et « douter de vivre longtemps », mais ne pas vouloir « mourir sans témoigner ».
Inspiré du curé d'Ars, le personnage principal du livre, l'abbé Donissan, est un prêtre tourmenté qui doute de lui-même, jusqu'à se croire indigne d'exercer son ministère. Son supérieur et père spirituel, l'abbé Menou-Segrais, voit pourtant en lui un saint en devenir. Et en effet, cet « athlète de Dieu », tel que le définit Paul Claudel, possède la faculté de transmettre la grâce divine autour de lui. Plus tard, il recevra même le don de « lire dans les âmes », au cours d'une rencontre nocturne extraordinaire avec Satan lui-même, celui dont la haine s'est « réservé les saints ». Son destin surnaturel le confronte aussi à Mouchette, une jeune fille qu'il ne parviendra pas à sauver malgré un engagement total de lui-même.
L'adaptation cinématographique du roman vaudra à Maurice Pialat la Palme d'or au Festival de Cannes 1987.
Sous le soleil de Satan est suivi de L'Imposture en 1927 et de sa suite La Joie, qui reçoit le prix Fémina en 1929.
Publié en 1931, ce livre polémique, considéré comme le premier pamphlet de Georges Bernanos, avait au départ comme titre Démission de la France. Bernanos commence par une condamnation sévère de la répression de la Commune, pour poursuivre sur un violent réquisitoire contre son époque, la Troisième République et ses hommes politiques, la bourgeoisie bien-pensante et surtout les puissances d'argent. Bernanos, qui a fait la guerre de 1914-1918, fustige aussi l'humiliation de l'Allemagne défaite après le traité de Versailles, considérant cela comme un patriotisme perverti et dangereux, dans la mesure où il hypothèquerait l'avenir.
En 1932, sa collaboration au Figaro entraîne une violente polémique avec l'Action française et sa rupture publique définitive avec Maurras.
Le , en se rendant en moto d'Avallon ? où l'un de ses enfants est pensionnaire ? à Montbéliard, il est renversé par la voiture d'un instituteur à la retraite qui lui barre le passage : le garde-boue de la voiture lui entre dans la jambe, celle-là même qui avait été blessée en 14-18.
En 1934, Bernanos s'installe aux Baléares, en partie pour des raisons financières, car la vie y est moins chère. Il y écrit Journal d'un curé de campagne. Publié en 1936, le roman est couronné par le Grand prix du roman de l'Académie française, puis sera adapté au cinéma sous le même titre par Robert Bresson en 1950.
Ce livre est l'expression d'une très profonde spiritualité. Le style en est limpide et épuré. La figure du curé d'Ambricourt rejoint celle de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, portée sur les autels par Pie XI en 1925. Il est possible qu'elle soit aussi inspirée par un jeune prêtre (l'abbé Camier), mort de tuberculose à 28 ans, que Bernanos a côtoyé dans son enfance. De Thérèse, son personnage suit la petite voie de l'enfance spirituelle. Le « Tout est grâce » final du roman n'est d'ailleurs pas de Bernanos mais de la jeune carmélite de Lisieux. Ce roman lumineux, baigné par « l'extraordinaire dans l'ordinaire », est l'un des plus célèbres de son auteur, probablement parce qu'il s'y révèle lui-même, de manière profonde et bouleversante, à travers la présence du curé d'Ambricourt. Il est vrai que Bernanos a la particularité d'être toujours très proche de ses personnages, tel un accompagnateur témoignant d'une présence extrêmement attentive et parfois fraternelle.
Dans cet extrait du Journal d'un curé de campagne, un vieux curé s'adresse à un jeune confrère.
« Une paroisse, c'est sale, forcément. Une chrétienté, c'est encore plus sale. Attendez le grand jour du Jugement, vous verrez ce que les anges auront à retirer des plus saints monastères, par pelletées ? quelle vidange ? Alors, mon petit, ça prouve que l'Église doit être une solide ménagère, solide et raisonnable. [...]
Au premier essai, sous prétexte que l'expérience du ministère dément leur petite jugeote, [les jeunes] lâchent tout. Ce sont des museaux à confitures. Pas plus qu'un homme, une chrétienté ne se nourrit de confitures. Le bon Dieu n'a pas écrit que nous étions le miel de la terre, mon garçon, mais le sel. Or, notre pauvre monde ressemble au vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d'ulcères. Du sel sur une peau à vif, ça brûle. Mais ça empêche aussi de pourrir. Avec l'idée d'exterminer le diable, votre autre marotte est d'être aimés, aimés pour vous-même, s'entend. »
? Georges Bernanos. Journal d'un curé de campagne, Paris, Plon, 1936, p. 12-14.
C'est également lors de son exil que Bernanos rédige Les Grands Cimetières sous la lune. Ce livre de 305 pages est un violent pamphlet antifranquiste. Il a en France un grand retentissement lors de sa publication, en 1938. Il se met ainsi volontairement et consciemment à dos les mouvements d'extrême droite du champ politique.
Bernanos séjourne à Majorque lorsque la guerre civile éclate. D'abord favorable au camp nationaliste pendant les trois premiers mois qui suivent le soulèvement (son fils Yves s'est engagé dans la Phalange), l'écrivain est rapidement horrifié par la répression franquiste et désespéré par la complicité du clergé local. Rapidement, Georges Bernanos se place du côté des populations civiles. Mettant ainsi sa tête à prix par les hommes de Franco, il évita la mort de peu à deux reprises. En désertant la Phalange qu'il avait intégré quelques mois plus tôt et dont les agissements ne convenaient pas à ses convictions, son fils Yves évitait aussi de peu le peloton d'exécution. En , il évoque les arrestations commises par les franquistes :
« pauvres types simplement suspects de peu d'enthousiasme pour le mouvement. [?] Les autres camions amenaient le bétail. Les malheureux descendaient ayant à leur droite le mur expiatoire criblé de sang, et à leur gauche les cadavres flamboyants. L'ignoble évêque de Majorque laisse faire tout ça. »
Dans Les Grands Cimetières sous la lune, qui paraît après une série d'articles sur l'Espagne dans l'hebdomadaire Sept (entre mai 1936 et février 1937), il ironise sur le « cardinal Goma » (Isidro Gomá y Tomás, archevêque de Tolède, qui identifiait le combat des franquistes à une véritable croisade catholique, dans une « guerre d'amour ou de haine envers la religion »). Le prélat est dépeint prêt à bénir la légalité, pour peu qu'elle soit devenue militaire, ou vantant l'esprit dans lequel, à ses dires, les républicains envoyés au mur accueillent les secours du « saint ministère ».
Alors qu'il réside encore à Palma de Majorque, il apprend que sa tête aurait été mise à prix par Franco. Son pamphlet offre « un témoignage de combat » qui prend rapidement une actualité extraordinaire pour se révéler une prophétie des grandes catastrophes du siècle. Ce livre qui, comme L'Espoir d'André Malraux, est un témoignage important sur la guerre d'Espagne, lui vaut l'hostilité d'une grande partie de la droite nationaliste, en particulier de l'Action française, avec laquelle il avait rompu définitivement en 1932.
Au cours de cette période, la gauche, les communistes parlent de ceux qui considèrent que « mieux vaut Hitler que le Front populaire ». Georges Bernanos, venu d'un autre bord politique, écrit : « Ils sentent le sol qui tremble et rassemblent leurs dernières forces pour protester contre la semaine de quarante heures, cause de tout le mal. » « Si M. Hitler et M. Mussolini ne sont pas bien-pensants comme nous, ne le dites pas ! Le Front populaire serait trop content. » Et, dit-il : « Il n'y aura plus vraiment en Europe qu'un seul peuple et un seul maître. »
Bernanos quitte l'Espagne en (se rendant notamment aux conseils de José Bergamin, un ami républicain espagnol, qui le convainc que cette guerre n'est pas sa guerre) et retourne en France. Le , deux mois avant les accords de Munich, la honte que lui inspire la faiblesse des hommes politiques français face à l'Allemagne de Hitler et son handicap, l'empêchant de s'engager au front comme il l'aurait souhaité, le poussent à s'exiler en Amérique du Sud. Réalisant un rêve d'enfance, il envisage d'abord d'aller au Paraguay. Il fait escale à Rio de Janeiro, au Brésil, en . Enthousiasmé par le pays, il décide d'y demeurer et s'installe en à Barbacena, dans une petite maison au flanc d'une colline dénommée « Cruz das almas », la « Croix-des-âmes ». Il y reçoit entre autres l'écrivain autrichien Stefan Zweig auquel il ne manquera pas d'apporter son soutien, cela peu de temps avant son suicide.
Entre 1939 et 1940, depuis son exil brésilien, il écrit Les Enfants humiliés, dans lequel il affirme son amour pour l'esprit d'enfance, synonyme de grâce et d'insoumission en se souvenant : « J'ai connu le temps où notre position n'était pas si différente de celle des anarchistes ».
Après la défaite de 1940, il se rallie à l'appel lancé le depuis Londres par Charles de Gaulle et décide de soutenir la France libre dans de nombreux articles de presse où il emploie son talent de polémiste à l'encontre du régime de Vichy et au service de la Résistance. Il entretient alors une longue correspondance avec Albert Ledoux, le « représentant personnel » du général de Gaulle pour toute l'Amérique du Sud. Il qualifie Pétain de « vieux traître » et sa révolution nationale de « révolution des ratés ».
En 1941, son fils Yves rejoint les Forces françaises libres à Londres. Son autre fils, Michel, jugé au départ trop jeune par le Comité national français de Rio, partira l'année suivante à 19 ans. Il participa notamment au débarquement de Normandie et à la bataille navale de Normandie. Son neveu Guy Hattu, Second-Maître, débarqua sur les côtes Normandes au sein du commando Kieffer, qui prit part à la prise de l'île hollandaise de Walcheren à la Toussaint 1944.
Avant de rentrer en France en , Bernanos déclare aux Brésiliens :
« Le plus grand, le plus profond, le plus douloureux désir de mon c?ur en ce qui me regarde c'est de vous revoir tous, de revoir votre pays, de reposer dans cette terre où j'ai tant souffert et tant espéré pour la France, d'y attendre la résurrection, comme j'y ai attendu la victoire. »
Lors de son retour en France, Georges Bernanos est, en fait, éc?uré par l'épuration et l'opportunisme qui prévaut à ses yeux dans le pays. Reprenant la plume, il devient chroniqueur dans La Bataille et dans Combat. Il lance un avertissement solennel aux Français : avec l'avènement de l'ère atomique et la crise générale de la civilisation, la France semble avoir perdu sa place en même temps que son rôle vis-à-vis de l'humanisme chrétien. Il voyage en Europe pour y faire une série de conférences dans lesquelles il alerte ses auditeurs et ses lecteurs contre les dangers du monde de l'après-Yalta, l'inconséquence de l'homme face aux progrès techniques effrénés qu'il ne pourra maîtriser, et les perversions du capitalisme industriel (voir La Liberté pour quoi faire ? et La France contre les robots, 1947).
Le général de Gaulle, qui l'a invité à revenir en France (« Votre place est parmi nous », lui a-t-il fait savoir dans un câble daté du ), veut lui donner une place au gouvernement. En dépit d'une profonde admiration pour le dirigeant, le romancier décline l'offre.
Pour la troisième fois, on lui propose alors la Légion d'honneur, qu'il refuse à nouveau. Lorsque l'Académie française lui ouvre ses portes, il répond : « Quand je n'aurai plus qu'une paire de fesses pour penser, j'irai l'asseoir à l'Académie. »
En 1946 paraît La France contre les robots, aux éditions de la France libre, un essai dans lequel Bernanos dénonce la « civilisation des machines » et les nouvelles formes d'asservissement.
Bernanos part pour la Tunisie en 1947. Sur la suggestion du père Bruckberger, Il y rédige un scénario cinématographique adapté du récit La Dernière à l'échafaud, de Gertrud von Le Fort, lui-même inspiré de l'histoire véridique des carmélites de Compiègne guillotinées à Paris, sur la place du Trône, le . Bernanos y traite de la grâce, de la peur et du martyre.
Bien plus qu'un scénario, Dialogues des carmélites est considéré comme le « testament spirituel de Bernanos ». Alors qu'il se sait malade et condamné à brève échéance, il n'hésite pas à faire dire à l'une de ses héroïnes : « Eh quoi ! À 59 ans, n'est-il pas grand temps de mourir ? » Publié de façon posthume en 1949, l'?uvre est d'abord adaptée au théâtre par Jacques Hébertot et créée le au théâtre Hébertot, avant de devenir le livret de l'opéra homonyme du compositeur Francis Poulenc, représenté avec un grand succès en 1957 à la Scala de Milan.
Le scénario original a par la suite servi de base au film Le Dialogue des carmélites, réalisé en 1960 par Philippe Agostini et le père Bruckberger, puis en 1984 à un téléfilm de Pierre Cardinal qui fut notamment primé à la Cinémathèque française.
Georges Bernanos meurt d'un cancer du foie, en 1948, à l'hôpital américain de Neuilly.
Il est enterré au cimetière de Pellevoisin (Indre).