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Naissance | Reims (Marne, France) |
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Décès |
(à 77 ans) 6e arrondissement de Paris |
Sépulture |
Cimetière du Montparnasse |
Époque |
Époque contemporaine |
Nationalité |
française |
Formation |
Université de Paris |
Activités |
Philosophe, professeur, critique littéraire, sociologue, photographe, traducteur, anthropologue |
Conjoints |
A travaillé pour |
European Graduate School |
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Membre de |
Collège de 'Pataphysique |
Mouvements |
Post-structuralisme, décroissance, philosophie occidentale |
Influencé par |
Marx, Nietzsche, Freud, Wiener, Mauss, Lévi-Strauss, Lefebvre, Barthes, Bataille, Debord, Dick, Borges, McLuhan, Castoriadis |
Le Système des objets, La Société de consommation |
Jean Baudrillard, né le à Reims et mort le à Paris, est un philosophe et sociologue français, théoricien de la société contemporaine, connu surtout pour ses analyses des modes de médiation et de communication de la postmodernité.
D'origine paysanne, Jean Baudrillard est fils unique. Il est remarqué à l'école primaire par ses instituteurs, qui l'aident à intégrer le lycée et à devenir boursier. C'est au lycée Henri-IV à Paris qu'il prépare le concours d'entrée à l'École normale supérieure. Cependant, durant cette préparation, il fait sa première rupture radicale en tournant le dos au concours, pour aller s'établir comme ouvrier agricole, dans la région d'Arles.
À son retour, il finit ses études supérieures à la Sorbonne et obtient le CAPES d'allemand. Nommé successivement dans différents lycées en France, puis lecteur résident des universités en Allemagne et lecteur de littérature allemande aux éditions du Seuil, il traduit plusieurs ouvrages, notamment avec Gilbert Badia Dialogue d'exilés de Bertolt Brecht, pour l'Arche, Marat-Sade de Peter Weiss, d'autres avec Gilbert Badia, Henri Auger, et Renée Cartelle, pour Les Éditions sociales, ainsi que L'Idéologie allemande de Karl Marx. Il traduit également les poèmes de Hölderlin qui restent inédits jusqu'à leur publication dans Les cahiers de l'Herne, en 2005. Il publie plusieurs articles critiques en littérature internationale dans Les Temps modernes.
De son premier mariage avec Lucile, il a deux enfants, Gilles et Anne. En pleine guerre d'Algérie, sa paternité lui vaut de rester dans la région parisienne pendant son service militaire, comme archiviste au Centre du cinéma des armées.
Jean Baudrillard fait sa seconde rupture en cessant l'enseignement secondaire, et opte pour la philosophie politique en entreprenant une thèse de doctorat en troisième cycle de sociologie de la vie quotidienne (soutenue en 1966 sous le titre Le Système des objets devant un jury composé de Roland Barthes, Pierre Bourdieu et Henri Lefebvre) discipline associée à la sociologie urbaine et fondée en France par le philosophe Henri Lefebvre, tout en suivant les cours de Roland Barthes à la VI section de l'École pratique des hautes études.
Son premier ouvrage théorique, Le Système des objets, paraît en 1968 ? tardivement selon ses propres mots, puisqu'il est alors âgé de 39 ans. En même temps, Jean Baudrillard est devenu chargé de cours (puis assistant et maître de conférences) à l'Université Paris-Nanterre, dans le département dirigé par Henri Lefebvre. N'ayant jamais voulu préparer une thèse de Doctorat d'État, il n'obtiendra pas le statut de Professeur des universités, malgré plus de vingt ans passés à enseigner à Nanterre.
Jean Baudrillard est l'une des figures pédagogiques de référence des activistes du mouvement du 22-Mars. Des années plus tard, Baudrillard déclare :
« On passait de l'histoire transcendante, la grande Histoire, à une sorte de contre-histoire. On descendait vers l'anodin et la banalité qui devenaient des objets dignes d'intérêt sur le plan historique (?) On était déjà redescendu de l'Histoire, des grands mouvements sociaux et historiques. Et finalement, sous ses airs un peu bénins, cette plongée dans la vie quotidienne, même si je n'aime pas beaucoup ce terme qui est un peu réducteur, c'était quand même une espèce de révolution. En fait, plutôt une involution par rapport à l'Histoire. On descendait de la transcendance de l'Histoire dans une espèce d'immanence de la vie quotidienne, et à travers elles toutes ces choses telles que la sexualité qu'on avait largement oubliées dans l'idéalisme historique. »
Il est également l'un des créateurs de la revue-groupe « Utopie » (1967/1980), enseignant à l'université Paris-X Nanterre et directeur scientifique à l'université Paris-IX Dauphine (1986/1990), et cofondateur du comité de rédaction du CCI en 1967 puis du CNAC Pompidou, Traverses. Il était enfin membre de la direction de la revue canadienne anglophone Ctheory (en).
Un des passeurs de l'?uvre de Jean Baudrillard aux États-Unis est l'éditeur de Semiotext(e) et ancien membre du Cerfi, dont la thèse a également été informée par Roland Barthes, Sylvère Lotringer ; il a émigré à New York pour devenir professeur en littérature comparée et française, à l'université Columbia, et poursuit son activité d'éditeur chercheur avant-gardiste. Notamment, dans les années 1980, il organise l'accès du philosophe à l'art contemporain et aux avant-gardes new-yorkaises et sa rencontre avec Andy Warhol, sur lequel l'auteur écrit Le Snobisme machinal, texte inaugural de la rétrospective du CNAC Pompidou, en 1997. Auparavant, Jean Baudrillard fait un premier séjour aux États-Unis, dans le Colorado, à l'occasion du colloque de Aspen en 1970, puis il découvre les universités californiennes, rencontrant lors de ses voyages les grandes figures intellectuelles et littéraires du moment, tels Marshall Mac Luhan, Philip K. Dick, Paul Watzlawick et probablement d'autres membres de l'école de Palo-Alto ou de la pensée Cyber. C'est aussi l'époque d'une carrière italienne du sociologue philosophe, invité chaque année par le mouvement sémiotique d'Umberto Eco, à Urbino. En même temps et après, les autres pays le demandent. Il ne faut pas plus d'une dizaine d'années pour qu'il devienne connu sur le plan international.
Critique du rationalisme et de l'épistémologie scientifiques et des concepts relatifs de réalité et de virtualité, sa philosophie l'a amené à accepter l'honneur de Satrape du Collège de 'Pataphysique en 2001. En fait, la Pataphysique lui est connue depuis sa classe de Philosophie à Reims, où il a été introduit à 18 ans par son professeur même, dans cette « science des solutions imaginaires ». Il est membre de l'Institut de recherche sur l'innovation sociale au CNRS et rédige de nombreux articles et critiques dans la presse. Il montre comment les tendances sociologiques contemporaines comme les commémorations, les « tsunactions » (réaction de la société comme celle qui a eu lieu après le tsunami qui a frappé les côtes sud-asiatiques en 2005) et autres excès sont les moyens obscènes de l'extension quasi- « totalitaire » du Bien pour obtenir une cohésion.
Il inspire de nombreux artistes, musiciens et cinéastes, depuis les simulationnistes de New York jusqu'aux Wachowski de Matrix, dont il dénonça la récupération : « Matrix, c'est un peu le film sur la Matrice qu'aurait pu fabriquer la Matrice ». Malgré Le Complot de l'art, critiquant vivement la « nullité » de l'art contemporain, Jean Baudrillard était un amateur d'art ; les archives au Whitney Museum l'attestent.
Jean Baudrillard est aussi l'auteur de textes chantés par Megumi Satsu, chanteuse japonaise : Motel Suicide et Lifting zodiacal.
En 1996 dans le cadre du Chance Festival (au casino Whiskey Pete's, dans la ville de Stateline dans le Nevada), il enregistre en Live un album nommé « Suicide moi », en présence de Tom Watson, Mike Kelley, George Hurley, Lynn Johnston, Dave Muller, Amy Stoll, ainsi que de la chanteuse Allucquère Rosanne Stone.
L'?uvre photographique constitue une exploration parallèle des voyages et des décors collectifs ou familiers du philosophe. Elle aurait commencé avec un appareil automatique qui lui aurait été offert lors de son premier voyage comme invité au Japon, en 1981 ; il est certain que le gadget devint un compagnon inséparable, accompagnant tous les déplacements de celui devenu l'« objecteur de vision » ; puis les photos développées changèrent de format, structurant l'?uvre seconde? Elle est complémentaire de son ?uvre écrite et permet de saisir l'« objet qui vient se débarrasser du sujet en se donnant à l'objectif », y compris son propre corps photographié, ce que l'écriture n'aurait pu actualiser.
Sa première exposition eut lieu à la Maison européenne de la Photographie en 2000, à Paris, et depuis s'est déplacée dans le monde. D'ailleurs, la photographie en général a inspiré des textes à Jean Baudrillard, y compris répondant à l'appel de photographes comme au collectif « Tendance floue », dont le livre Sommes-nous ?, avec un texte du philosophe qui les a suivis depuis leur premier ouvrage de librairie, a remporté l'Infinity Award 2007 du meilleur livre de photographie, de l'International Center of Photography à New York. Avec le colloque au sujet de sa philosophie, au centre d'Art ZKM de Karlsruhe, ce fut l'exposition La Disparition du monde dans l'espace de la Documenta, à Cassel, recension de ses photographies depuis les années 1970, qui marqua la célébration allemande de ses 75 ans, en hommage à son ?uvre, en 2004-2005. Un ensemble important de ses travaux photographiques fut également exposé en 2018 lors de L'Almanach 18 au sein du domaine de la Romanée-Conti, espace d'exposition appartenant au Consortium Museum de Dijon.
Jean Baudrillard a été solidaire et amical avec des philosophes postmodernes de sa génération et les a visités jusque dans leurs derniers moments. Lui-même a rencontré la solidarité de ses proches amis, notamment Michel Maffesoli, Edgar Morin, Marc Guillaume, Jacques Donzelot, François Barré, Paolo Fabbri, Jean-Paul Curnier, Françoise Gaillard, Sylvère Lotringer, Hubert Tonka (en), Jean Nouvel, Paul Virilio, Yann Kersalé, François Seguret, Henri-Pierre Jeudy, Guy Peellaert et d'autres rencontrés plus tard, tel François L'Yvonnet.
En 1995, il épouse Marine Dupuis, directrice de la photographie du magazine Sciences et Avenir, entre autres, qui l'accompagne dans la plupart de ses déplacements pour les conférences et les expositions.
En 2005, il reçoit la médaille d'or du Círculo de bellas artes (Espagne).
Mort le à Paris, il est mis en terre au cimetière du Montparnasse.
Cérémonie laïque et sans condoléances avec des interventions officielles et privées contradictoires faisant dire au philosophe René Schérer, présent parmi le public : « Tout ça est parfaitement normal, l'enterrement de Baudrillard n'a pas eu lieu et c'est tant mieux, à présent il va vivre ».
Son ?uvre forme un dispositif expérimental en triptyque dont chaque partie présente un miroir critique de l'autre : l'?uvre éditée, l'?uvre médiatique, l'?uvre photographique.