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Naissance | Ancien 11e arrondissement de Paris |
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Décès |
(à 46 ans) Paris, France |
Sépulture |
Cimetière du Montparnasse |
Nom de naissance |
Charles Pierre Baudelaire |
Nationalité |
française |
Domicile |
Rue d'Amsterdam () |
Formation |
Lycée Louis-le-Grand Lycée Saint-Louis |
Activité |
Poète, critique d'art, essayiste, traducteur |
Période d'activité |
- |
Rédacteur à |
Revue des Deux Mondes |
Père |
Joseph-François Baudelaire |
Mère |
Caroline Aupick |
Mouvement |
Parnasse Symbolisme Modernité poétique |
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Genre artistique |
Poésie poème en prose essai critique d'art |
Influencé par |
Edgar Allan Poe, Emanuel Swedenborg, Joseph de Maistre, Thomas de Quincey, Gustave Flaubert, Victor Hugo, Ovide, Théophile Gautier |
Adjectifs dérivés |
« Baudelairien » |
Distinction |
Concours général |
|
Charles Baudelaire, né le à Paris et mort dans la même ville le , est un poète français.
« Dante d'une époque déchue » selon les mots de Barbey d'Aurevilly, « tourné vers le classicisme, nourri de romantisme », à la croisée entre le Parnasse et le symbolisme, chantre de la « modernité », il occupe une place considérable parmi les poètes français pour un recueil qu'il aura façonné sa vie durant : Les Fleurs du mal, mais aussi pour sa poésie en prose, réunie dans Le spleen de Paris.
Au c?ur des débats sur la fonction de la littérature de son époque, Baudelaire détache la poésie de la morale, la proclame tout entière destinée au Beau et non à la Vérité, et laisse le souvenir d'un poète déchiré entre le Ciel et la Terre, entre l'Idéal et la fange, cherchant à faire du Mal un objet de contemplation esthétique (« Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or »). Comme le suggère le titre de son recueil, il a tenté de tisser des liens entre le mal et la beauté, le bonheur fugitif et l'idéal inaccessible (À une Passante), la violence et la volupté (Une martyre), mais aussi entre le poète et son lecteur (« Hypocrite lecteur, mon semblable, mon frère ») et même entre les artistes à travers les âges (Les Phares). Outre des poèmes graves (Semper Eadem) ou scandaleux (Delphine et Hippolyte), il a exprimé la mélancolie (M?sta et errabunda), l'horreur (Une charogne) et l'envie d'ailleurs (L'Invitation au voyage) à travers l'exotisme.
Il est aussi un grand critique d'art, avec ses fameux Salons, où il prendra la défense de Delacroix, un théoricien du dandysme et un défenseur de la musique de Wagner, et imprimera définitivement sa marque dans la poésie française.
Charles Pierre Baudelaire naît le au 13 rue Hautefeuille dans l'ancien 11e arrondissement de Paris : ses parrain et marraine sont les parents « adoptifs » de sa mère, Pierre Perignon et Louise Coudougnan. Celle-ci, Caroline Dufaÿs, a vingt-sept ans. Son père, Joseph-François Baudelaire, né en 1759 à La Neuville-au-Pont, en Champagne, est alors sexagénaire. Quand il meurt en 1827, Charles n'a que cinq ans. Cet homme lettré, épris des idéaux des Lumières et amateur de peinture, peintre lui-même, laisse à Charles un héritage dont il n'aura jamais le total usufruit. Il avait épousé en premières noces, le , Jeanne Justine Rosalie Janin, avec laquelle il avait eu un fils, Claude Alphonse Baudelaire, demi-frère de Charles.
Un an après la mort de son père, sa mère se remarie avec le chef de bataillon Jacques Aupick. C'est à l'adolescence que le futur poète s'opposera à ce beau-père interposé entre sa mère et lui. « Lorsqu'il arrive à Lyon, Charles a dix ans et demi? À l'égard de son beau-père aucune hostilité n'est alors perceptible. ».
Peu fait pour comprendre la vive sensibilité de l'enfant, l'officier Aupick ? devenu plus tard ambassadeur ? incarne à ses yeux les entraves à tout ce qu'il aime : sa mère, la poésie, le rêve et, plus généralement, la vie sans contingences.
« S'il va haïr le général Aupick, c'est sans doute que celui-ci s'opposera à sa vocation. C'est surtout parce que son beau-père lui prenait une partie de l'affection de sa mère. [?] Une seule personne a réellement compté dans la vie de Charles Baudelaire : sa mère. »
En 1831, le lieutenant-colonel Aupick ayant reçu une affectation à Lyon, le jeune Baudelaire est inscrit à la pension Delorme et suit les cours de sixième au collège royal de Lyon. En cinquième, il devient interne. En , la famille revient à Paris, où Aupick sera promu colonel en avril. Alors âgé de quatorze ans, Charles est inscrit comme pensionnaire au collège Louis-le-Grand, mais il doit redoubler sa troisième.
En seconde, il obtient le deuxième prix de vers latins au concours général.
Renvoyé du lycée Louis-le-Grand en pour ce qui a passé pour une vétille, mais que son condisciple au lycée, Charles Cousin (1822-1894) a expliqué comme un épisode d'amitié particulière, Baudelaire mène une vie en opposition aux valeurs bourgeoises incarnées par sa famille. Il passe son baccalauréat au lycée Saint-Louis en fin d'année et est reçu in extremis.
Jugeant la vie de l'adolescent « scandaleuse » et désirant l'assagir, son beau-père le fait embarquer pour Calcutta. Le Paquebot des Mers du Sud quitte Bordeaux le 9 ou 10 juin 1841. A bord, l'isolement du poète se fait presque complet. Les poèmes La Musique ou L'Albatros permettent, parmi de très nombreux poèmes consacrés à la mer, de se représenter la longue traversée maritime.
Mais en septembre, une violente tempête oblige le capitaine à faire escale à Port-Louis, dans l'île Maurice, alors colonie britannique. Baudelaire est reçu chez les Autard de Bragard, colons planteurs d'origine française.
Arrivé ensuite le à Saint-Denis sur l'île Bourbon (aujourd'hui La Réunion), il adresse une lettre à M. Autard de Bragard à laquelle il joint le poème À une dame créole, en l'honneur de sa femme, Emmeline de Carcénac. cette dernière a une jeune servante « malabaraise », fille d'une indienne de Bénarès, nommée Dorothée. Selon Solange Rosenmark, petite nièce de Madame Autard de Bragard, il s'agirait de celle qui inspira À une Malabaraise.
Selon l'universitaire Alexander Ockenden, Baudelaire aurait fréquenté sur place une ancienne esclave affranchie, Dorothée Dormeuil, ancêtre d'Arnaud Dormeuil, qui lui aurait inspiré son poème La Belle Dorothée. Il aurait aussi peut-être participé financièrement à l'affranchissement de sa petite s?ur Marie, âgé de 10 ans, par son maître Édouard Lacaussade.
Refusant de poursuivre le voyage jusqu'à Calcutta, Baudelaire repart sur un autre bateau, l'Alcide le et arrive en métropole le 15 février 1842.
De retour à Paris, Charles s'éprend de Jeanne Duval, une jeune mulâtresse haïtienne, qui avait joué deux ou trois fois au Théâtre du Panthéon et avec laquelle il connaît les charmes et les amertumes de la passion. Cette liaison va durer près de vingt ans, malgré les trahisons et les mensonges de cette femme qui pour certains ne fut jamais attachée au poète que par intérêt et que Baudelaire devait aimer jusqu'à sa fin lamentable au dépôt de mendicité de Saint-Denis. Elle représente pour lui tout le côté satanique de l'amour. Une idylle au sujet de laquelle certains de ses contemporains, comme Nadar, se sont interrogés en s'appuyant sur les déclarations d'un amant de Jeanne Duval (en fait, Nadar lui-même) et de prostituées connues, qui témoignent au contraire de la chasteté surprenante de Baudelaire.
Il mène dès 1842 une vie dissolue. Il commence alors à composer plusieurs poèmes des Fleurs du mal. Critique d'art et journaliste, il défend Delacroix comme représentant du romantisme en peinture, mais aussi Balzac lorsque l'auteur de La Comédie humaine est attaqué et caricaturé pour sa passion des chiffres ou sa perversité présumée. En 1843, il découvre les « paradis artificiels » dans le grenier de l'appartement familial de son ami Louis Ménard, où il goûte à la confiture verte. Cette expérience le fascine mais engage chez lui une réflexion morale sur la création qui aboutit à une condamnation des drogues. "Or, je veux faire un livre non pas de pure physiologie, mais surtout de morale. Je veux prouver que les chercheurs de paradis font leur enfer, le préparent, le creusent avec un succès dont la prévision les épouvanterait peut-être."(Exorde et notes pour les conférences données à Bruxelles, en 1864. ?uvres complètes I, Pléiade p. 520). Il renouvellera cette expérience occasionnellement sous contrôle médical, en participant aux réunions du « club des Haschischins ». En revanche, son usage de l'opium est plus long : il fait d'abord, dès 1847, un usage thérapeutique du laudanum, prescrit pour combattre des maux de tête et des douleurs intestinales consécutives à une syphilis, probablement contractée vers 1840 durant sa relation avec la prostituée Sarah la Louchette. Comme De Quincey avant lui, l'accoutumance lui dicte d'augmenter progressivement les doses mais elles restent modérées. Croyant ainsi y trouver un adjuvant créatif, il en décrira les enchantements, les tortures et la stérilité. ("l'intelligence, libre naguère, devient esclave" ?uvres complètes I, Pléiade p. 428.)
En dandy, Baudelaire a des goûts de luxe. Ayant hérité de son père à sa majorité, il dilapide la moitié de cet héritage en 18 mois. Ses dépenses d'apparat sont jugées outrancières par ses proches, qui convoquent un conseil judiciaire.
Le , maître Narcisse Ancelle, notaire de la famille, est officiellement désigné comme conseil judiciaire qui lui alloue une pension mensuelle de 200 francs. En outre, Baudelaire doit lui rendre compte de ses faits et gestes. Cette situation infantilisante inflige à Baudelaire une telle humiliation qu'il tente de se suicider d'un coup de couteau dans la poitrine le . Outre sa réputation de débauché, Baudelaire passait pour homosexuel auprès de certains de ses amis : « C'est moi-même », écrit-il « qui ai répandu ce bruit, et l'on m'a cru »?
En 1848, il participe aux barricades. La révolution de février instituant la liberté de la presse, Baudelaire fonde l'éphémère gazette Le Salut public (d'obédience résolument républicaine), qui ne va pas au-delà du deuxième numéro.
Le paraît, dans La Liberté de penser, un texte d'Edgar Allan Poe traduit par Baudelaire : Révélation magnétique. À partir de cette période, Baudelaire ne cessera de proclamer son admiration pour l'écrivain américain, dont il deviendra le traducteur attitré. La connaissance des ?uvres de Poe et de Joseph de Maistre atténue définitivement sa « fièvre révolutionnaire ». Plus tard, il partagera la haine de Gustave Flaubert et de Victor Hugo pour Napoléon III, mais sans s'engager outre mesure d'un point de vue littéraire (« L'Émeute, tempêtant vainement à ma vitre / Ne fera pas lever mon front de mon pupitre » ? Paysage dans Tableaux parisiens du recueil Les Fleurs du mal).
Baudelaire se voit reprocher son style d'écriture et le choix de ses sujets. Il n'est compris que par certains de ses pairs tels Armand Baschet, Édouard Thierry, Champfleury, Jules Barbey d'Aurevilly, Frédéric Dulamon ou André Thomas? Cet engouement confidentiel contraste avec l'accueil hostile que lui réserve la presse. Dès la parution des Fleurs du Mal en 1857, Gustave Bourdin réagit avec virulence dans les colonnes du Figaro du : « Il y a des moments où l'on doute de l'état mental de M. Baudelaire, il y en a où l'on n'en doute plus ; ? c'est, la plupart du temps, la répétition monotone et préméditée des mêmes choses, des mêmes pensées. L'odieux y côtoie l'ignoble ; le repoussant s'y allie à l'infect? » Cette appréciation négative deviendra le jugement dominant de l'époque .
Moins de deux mois après leur parution, Les Fleurs du mal sont poursuivies en justice pour « offense à la morale religieuse » et « outrage à la morale publique et aux bonnes m?urs ». Seul ce dernier chef d'inculpation sera retenu. Baudelaire est condamné à une forte amende de trois cents francs, réduite à cinquante francs, par suite d'une intervention de l'impératrice Eugénie. L'éditeur Auguste Poulet-Malassis s'acquitte, pour sa part, d'une amende de cent francs et doit retrancher six poèmes dont le procureur général Ernest Pinard a demandé l'interdiction (Les Bijoux ; Le Léthé ; À celle qui est trop gaie ; Lesbos ; Femmes damnées [Delphine et Hippolyte] ; Les métamorphoses du Vampire).
Le , Victor Hugo, à qui Baudelaire a fait parvenir son recueil, lui envoie de son exil à Guernesey une lettre d'encouragement : « Vos Fleurs du Mal rayonnent et éblouissent comme des étoiles. Je crie bravo de toutes mes forces à votre vigoureux esprit. Permettez-moi de finir ces quelques lignes par une félicitation. Une des rares décorations que le régime actuel peut accorder, vous venez de la recevoir. Ce qu'il appelle sa justice vous a condamné au nom de ce qu'il appelle sa morale ; c'est là une couronne de plus ». Malgré la relative clémence des jurés eu égard au réquisitoire plus sévère qui vise onze poèmes, ce jugement touche profondément Baudelaire. Contraint et forcé, il fera publier une nouvelle édition en 1861, enrichie de trente-deux poèmes.
En 1862, Baudelaire est candidat au fauteuil d'Eugène Scribe à l'Académie française. Il est parrainé par Sainte-Beuve et Vigny. Mais le , il n'obtient aucune voix et se désiste. Par la suite, il renoncera à se présenter au fauteuil d'Henri Lacordaire. En 1866, il réussit à faire publier à Bruxelles (c'est-à-dire hors de la juridiction française), sous le titre Les Épaves, les six pièces condamnées accompagnées de seize nouveaux poèmes.
Le , très endetté, il part pour la Belgique afin d'y entreprendre une tournée de conférences. Cependant, ses talents de critique d'art éclairé rencontrent peu de succès. Il se fixe à Bruxelles, où il rend plusieurs visites à Victor Hugo, exilé politique volontaire. Il prépare un pamphlet contre son éphémère pays d'accueil qui représente, à ses yeux, une caricature de la France bourgeoise. Le féroce Pauvre Belgique restera inachevé. Souhaitant la mort d'un royaume qu'il juge artificiel, il en résume l'épitaphe en un mot : Enfin !
C'est en Belgique que Baudelaire rencontre Félicien Rops, qui illustre Les Fleurs du mal en 1866.
Lors d'une visite à l'église Saint-Loup de Namur, le 15 mars 1866, Baudelaire perd connaissance. Cet effondrement est suivi de troubles cérébraux, en particulier d'aphasie. La mère de Charles Beaudelaire mourra également aphasique. Le demi- frère du poète est atteint d'hémiplégie.
L'hémiplégie dont il souffre, et consécutive à son malaise, l'empêche d'écrire correctement. La dernière lettre écrite de sa propre main est adressée à sa mère, Madame Aupick, et date du 23 mars 1866. Les lettres suivantes ne seront que dictées par le poète.
En , on le ramène à Paris. Il est aussitôt admis dans la maison de santé du docteur Guillaume Émile Duval (1825-1899), aliéniste réputé. L'établissement se trouve 1, rue du Dôme. Le poète y occupe, au rez-de-chaussée du pavillon situé au fond du jardin, une chambre bien éclairée ornée de deux toiles d'Édouard Manet, dont la Maîtresse de Baudelaire, peinte en 1862, aujourd'hui au musée des Beaux-Arts de Budapest.
Rongé par la syphilis, affecté désormais par une forme sévère d'aphasie globale, privé de l'usage de la parole, devenu incapable de lire ou d'écrire, Baudelaire ne dispose plus que d'un langage résiduel, limité à l'expression « Cré nom » (contraction de « Sacré nom de Dieu »).
Jules Vallès témoigne : « Il ne pouvait articuler qu'un mot, comme un enfant, mais ce mot, il le gémissait, le ricanait, et, avec des hoquets de colère ou de joie, il traduisait ses impressions suprêmes ! On lui montra une fleur : il lui fit risette avec son sourire de fou. ? Cré nom ! Cré nom ! roucoulait-il en balançant la tête, et comme ému par le parfum et par l'éclat. Cré nom ! C'était tantôt un salut et tantôt un juron, suivant qu'on lui montrait une chose ou un nom qu'il avait aimés ou haïs ! Cré nom ! C'était peut-être aussi le grognement idiot du désespoir ! ».
Baudelaire meurt le , à onze heures du matin. Le lendemain, Narcisse Ancelle, son conseil judiciaire, et Charles Asselineau, son ami fidèle, déclarent le décès à la mairie du 16 arrondissement et signent l'acte d'état civil.
Le même jour, il est inhumé au cimetière du Montparnasse (6 division), dans la tombe où repose son beau-père détesté, le général Aupick, et où sa mère le rejoint quatre ans plus tard.
Son faire-part de décès indique : « de la part de Madame V Aupick, sa mère, de M Perrée, sa grand-tante et de ses enfants, de M V Baudelaire sa belle-s?ur, de M. Jean Levaillant, Général de Brigade, de M° Jean-Jacques Rousseau Levaillant, Chef de Bataillon, de M° Charles Levaillant Général de Division, ses cousins ».
Il n'a pu réaliser son souhait d'une édition définitive des Fleurs du Mal, travail de toute une vie.
Le Spleen de Paris (autrement appelé Petits poèmes en prose) est édité à titre posthume en 1869, dans une nouvelle édition remaniée par Charles Asselineau et Théodore de Banville.
À sa mort, son héritage littéraire est mis aux enchères. L'éditeur Michel Lévy l'acquiert pour 1 750 francs. Une troisième édition des Fleurs du Mal, accompagnée des onze pièces intercalaires, a disparu avec lui.
Une première demande en révision du jugement de 1857, introduite en 1929 par Louis Barthou, alors ministre de la Justice, ne put aboutir, faute de procédure adaptée.
C'est par la loi du que fut créée une procédure de révision des condamnations pour outrage aux bonnes m?urs commis par la voie du livre, exerçable par le garde des Sceaux à la demande de la Société des gens de lettres. Celle-ci décida aussitôt, à l'unanimité moins une voix, de demander une révision pour Les Fleurs du Mal, accordée le par la Chambre criminelle de la Cour de cassation.
Dans les attendus de son jugement, la Cour énonce que : « les poèmes faisant l'objet de la prévention ne renferment aucun terme obscène ou même grossier et ne dépassent pas, en leur forme expressive, les libertés permises à l'artiste ; que si certaines peintures ont pu, par leur originalité, alarmer quelques esprits à l'époque de la première publication des Fleurs du Mal et apparaître aux premiers juges comme offensant les bonnes m?urs, une telle appréciation ne s'attachant qu'à l'interprétation réaliste de ces poèmes et négligeant leur sens symbolique, s'est révélée de caractère arbitraire ; qu'elle n'a été ratifiée ni par l'opinion publique, ni par le jugement des lettrés ».