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Naissance | 16e arrondissement de Paris |
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Décès |
(à 85 ans) 7e arrondissement de Paris (France) |
Sépulture |
Moulin de Villeneuve |
Pseudonymes |
Arnaud Saint Romain, Arnaud de Saint-Roman, François la Colère, Témoin des martyrs, Albert de Routisie |
Nationalité |
française |
Domiciles |
Moulin de Villeneuve (- |
Formation |
Lycée Carnot |
Activité |
Poète, romancier, journaliste, essayiste |
Père |
Louis Andrieux |
Mère |
Marguerite Toucas-Massillon (d) |
Conjoint |
Elsa Triolet |
A travaillé pour |
L'Humanité Ce soir Les Lettres françaises |
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Parti politique |
Parti communiste français (à partir de ) |
Membre de |
Société des poètes français |
Conflits |
Première Guerre mondiale Seconde Guerre mondiale |
Mouvements |
Dada, surréalisme |
Genre artistique |
Poésie |
Distinctions | Liste détaillée Prix Renaudot () Prix Lénine pour la paix () Docteur honoris causa de l'université de Moscou () Ordre de la révolution d'Octobre () Ordre de l'Amitié des peuples () Croix de guerre 1914-1918 Médaille militaire Croix de guerre 1939-1945 |
Les Aventures de Télémaque (1922) Le Paysan de Paris (1926) Les Yeux d'Elsa (1942) Aurélien (1944) Le Roman inachevé (1956) |
Louis Aragon, né probablement le à Paris et mort le dans la même ville, est un poète, romancier et journaliste français.
Avec André Breton, Tristan Tzara, Paul Éluard, Philippe Soupault, il est l'un des animateurs du dadaïsme parisien et du surréalisme. Après sa rupture avec le surréalisme en 1931, il s'engage pleinement dans le Parti communiste français, auquel il avait adhéré en 1927, et dans la doctrine littéraire du réalisme socialiste. La défaite de 1940 marque un tournant dans sa poésie, et Aragon se tourne alors vers une réinterprétation de la tradition poétique et romanesque.
À partir de la fin des années 1950, Léo Ferré et Jean Ferrat mettent en musique ou chantent nombre de ses poèmes, ce qui contribue à faire connaître son ?uvre poétique à un large public.
Avec Elsa Triolet, il a formé l'un des couples emblématiques de la littérature française du XX siècle. Plusieurs recueils d'Aragon lui sont dédiés, et ses ?uvres font souvent référence aux ?uvres de sa compagne.
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Fils naturel et adultérin de Louis Andrieux, ex-préfet de police de la ville de Paris devenu député de Forcalquier, ex franc-maçon issu de la haute bourgeoisie protestante, et de Marguerite Toucas-Massillon, jeune fille de la moyenne bourgeoisie catholique qui tient une pension de famille avenue Carnot à Paris, Louis Aragon naît dans un lieu qui n'est pas connu avec certitude : le plus vraisemblablement Paris (sa mère accouchant place des Invalides comme il le raconte dans Je n'ai jamais appris à écrire, ou Les incipit), mais peut-être Neuilly-sur-Seine, cité par certaines sources, ou Toulon (lieu où s'est retirée sa mère enceinte pour « cacher ce malheur, moi »). Il est élevé entouré de femmes.
Le nom « Aragon » aurait été choisi par Louis Andrieux en souvenir de l'Aragon, connu lorsqu'il était ambassadeur en Espagne ; mais peut-être aussi Andrieux avait-il ce nom présent à l'esprit du fait que, étant préfet, il avait sous ses ordres le commissaire Aragon. Afin de préserver l'honneur de la famille maternelle, issue des Massillon, et celui du préfet, l'enfant est présenté comme étant à la fois le fils adoptif de sa grand-mère maternelle Claire Toucas, le frère de sa mère et le filleul de son père. L'?uvre de Louis Aragon portera en filigrane la secrète blessure de n'avoir pas été reconnu par son père, de trente-trois ans plus âgé que sa mère. Il évoquera ce qui fut le drame de sa vie, secret partagé avec sa mère qui lui rendit peut-être la paternité et la transmission d'un nom difficile à envisager, dans un ensemble de trois poèmes intitulé Domaine Privé.
Louis Aragon étudie vers 1907 à l'école Saint-Pierre de Neuilly-sur-Seine où il côtoie Henry de Montherlant et les frères Jacques et Pierre Prévert puis poursuit ses études au lycée Carnot.
Il est en deuxième année de médecine avec André Breton au « Quatrième fiévreux » du Val-de-Grâce, le quartier des fous, où les deux carabins se sont liés à Philippe Soupault, quand il est mobilisé, à ce titre, comme brancardier, puis adjudant médecin auxiliaire. C'est à cette occasion que Marguerite Toucas lui révèle le secret de naissance qu'il pressentait. Il est mobilisé en 1917 et rejoint le front au printemps 1918 comme médecin auxiliaire.
Sur le front, il fait l'expérience des chairs blessées, de la violence extrême de la Première Guerre mondiale, d'une horreur dont on ne revient jamais tout à fait mais qui réapparaîtra constamment dans son ?uvre et qui est à l'origine de son engagement futur pour la paix. Il reçoit la croix de guerre et reste mobilisé jusqu'en juin 1919 en Rhénanie occupée, épisode qui lui inspirera le célèbre poème Bierstube Magie allemande.
En 1920, Aragon publie son recueil Feu de joie aux éditions Au sans pareil, fondées par René Hilsum, où publient également André Breton et Philippe Soupault. Il écrit régulièrement dans la revue Littérature fondée par Breton et éditée par Hilsum. En 1921, la NRF publie Anicet ou le Panorama, roman commencé dans les tranchées.
Dans le Paris dandy de l'après-guerre, il se lie avec Pierre Drieu la Rochelle, pour qui le quitte une dessinatrice américaine, Eyre de Lanux. Il se console auprès de Denise Lévy, qui choisira d'épouser un autre de ses amis, Pierre Naville, tout en commençant la rédaction du Paysan de Paris. L'?uf dur publie quelques-uns de ses textes.
En 1922, il renonce à devenir médecin, fonde avec Breton et Soupault la revue Littérature et publie Les Aventures de Télémaque. Grâce à Breton, il trouve du travail chez le couturier Jacques Doucet, grand collectionneur de tableaux modernes, mais aussi de manuscrits, dans l'achat desquels il le conseille en tant que secrétaire.
Après avoir illustré le dadaïsme et connu les expériences d'écriture automatique auprès de Robert Desnos, auquel il consacrera des années plus tard l'émouvante Complainte de Robert le Diable chantée par Jean Ferrat, il rejoint, en 1924, André Breton, Paul Éluard et Philippe Soupault dans le mouvement surréaliste et cosigne, à l'occasion de l'enterrement d'Anatole France, le scandaleux Un cadavre qui invite à jeter à la Seine toute la littérature passée. Il dévore, comme pour oublier Denise Lévy, les ?uvres d'Engels, de Lénine, de Proudhon, de Schelling, de Hegel et de Freud.
En 1926, démuni, il signe avec Jacques Doucet un contrat par lequel le jeune romancier s'engage à livrer mensuellement sa production au collectionneur en échange d'une rente mensuelle de mille francs. Il écrit ainsi un cycle de mille cinq cents feuillets, La Défense de l'infini. Il devient simultanément l'amant de l'écrivaine anarchiste Nancy Cunard, qui l'emmène à sa suite à travers toute l'Europe.
Avec Breton et après Éluard, il adhère en janvier 1927 au Parti communiste français. À l'été, il rédige Traité du style, un essai militant pour une littérature engagée dans lequel figure une violente protestation contre l'exécution de Sacco et Vanzetti et qui ne paraîtra que l'année suivante. En novembre, dans un hôtel de la Puerta del Sol à Madrid, Nancy sauve une poignée d'exemplaires de La Défense de l'infini que le poète, dans une crise de rage, a jetés au feu. Cette rupture, qui est aussi une rupture avec l'argent, marque le début d'une remise en cause personnelle profonde dont l'engagement politique sera l'issue.
En avril 1928, privé du soutien financier de Doucet, il fait paraître, mais anonymement, Le Con d'Irène qui a été sauvé des flammes. La nouvelle est interdite par la police et Aragon nie devant le juge d'instruction en être l'auteur. À Venise en septembre 1928, ruiné par l'échec de l'ouvrage, il découvre la liaison de Nancy avec Henry Crowder et tente de se suicider, épisode à l'origine d'un de ses plus célèbres poèmes, qui sera chanté par Léo Ferré, Il n'aurait fallu.
Deux mois plus tard, le , il rencontre à la brasserie La Coupole Elsa Triolet, s?ur de Lili Brik ? la muse de Vladimir Maïakovski. Elsa « entre dans le poème » et devient sa muse pour la vie, formant avec le poète un couple mythique dont la célébration, en particulier dans Les Yeux d'Elsa, mêlera à partir des années 1940 l'éros, la philia et l'engagement au service d'une cause (la Résistance, le communisme, la décolonisation, le féminisme, la littérature, etc.).
En 1929, l'expulsion d'URSS de Trotski fige, au sein du groupe des surréalistes, les querelles de personnes en fractures idéologiques. Aragon s'oppose en particulier à un Breton dictatorial qui récuse la forme romanesque et qui juge la poésie seule apte à exprimer l'inconscient.
En 1930, six mois après le suicide de Maïakovski, Aragon est envoyé avec Georges Sadoul au Congrès des écrivains révolutionnaires de Kharkov représenter un mouvement surréaliste accusé d'anarchisme par la ligne dure du PCF. Aragon se range à cette ligne orthodoxe et publie à son retour Front rouge, un poème sous forme d'ode à l'URSS et au marxisme-léninisme, appelant à diverses actions violentes ? « L'amas splendide et chaotique qu'on produit aisément avec une église et de la dynamite - Essayez pour voir » ?, dénonçant également l'esthétique surréaliste et les réformistes au cri de « Feu sur Léon Blum », ce qui lui vaut d'être inculpé pour appel au meurtre. La rupture avec Breton, qui, beau joueur, prend tout de même sa défense au cours du procès, est consommée.
Avec Elsa, il part vivre un an en URSS. Il montre sans conteste dans plusieurs textes une approbation de la terreur organisée par le régime stalinien. Les recueils Persécuté persécuteur (1931) et Hourra l'Oural (1934) traduisent pleinement cet engagement. Le premier contient Front rouge et le second Vive le Guépéou. Selon Lionel Ray, ces deux recueils sont ses moins bons.
Il épouse Elsa le . Sa poésie est largement inspirée, depuis les années 1940, par l'amour qu'il lui voue (voir Les Yeux d'Elsa).
Il est mobilisé en septembre 1939 comme médecin auxiliaire d'abord au 220 régiment régional des travailleurs en avant de rejoindre la 3 division légère mécanique et part pour la frontière belge. Il participe aux combats de la campagne de France au printemps 1940, est évacué vers l'Angleterre depuis Dunkerque, à bord du torpilleur La Flore de la classe La Melpomène, avant d'être débarqué en France, à Brest, depuis Plymouth, pour reprendre le combat. Il est fait prisonnier par les Allemands à Angoulême mais parvient à s'échapper. La campagne de 1940 lui vaut deux citations, la médaille militaire et la Croix de guerre avec palme, cette dernière pour être allé plusieurs fois rechercher ses camarades blessés à travers les lignes adverses.
Il est aussi, avec Robert Desnos, Paul Éluard, Pierre Seghers, Jean Prévost, Jean-Pierre Rosnay et quelques autres, parmi les poètes qui prirent résolument parti, durant la Seconde Guerre mondiale, pour la résistance contre le nazisme ; c'est là le sujet d'une autre blessure profonde : la rupture avec son ami Drieu la Rochelle, lequel, après avoir « hésité entre communisme et fascisme » (voir Une femme à sa fenêtre), s'est tourné vers le fascisme. À l'autoportrait romanesque désabusé de Drieu, Gilles, répond en partie le roman d'Aragon Aurélien, qui narre l'itinéraire d'un ancien combattant dans le Paris de l'entre-deux-guerres.
Il se lance dans un roman épique, Les Communistes, qui doit évoquer l'héroïsme des militants dans l'avant-guerre et la Résistance, en défendant et justifiant leur attitude pendant la période du pacte de non-agression entre l'Allemagne nazie et l'Union soviétique. Il n'écrira finalement que la période allant jusqu'à la bataille de France en 1940.
De 1953 à 1970, le couple Aragon-Elsa vit dans la propriété le Moulin de Villeneuve, qu'Aragon a offerte à sa femme.
Après le décès d'Elsa Triolet, en 1970, Aragon affiche son attirance sexuelle pour les hommes, que Pierre Drieu la Rochelle avait évoquée dès les années 1930, dans Gilles notamment. La découverte ou l'affirmation ostentatoire quoique tardive de cette attirance demeure « sans qu'il soit clairement établi s'il s'agissait de bisexualité ou d'homosexualité. »
Il meurt le à son domicile de la rue de Varenne, dans le 7 arrondissement, veillé par son ami Jean Ristat, exécuteur testamentaire d'Elsa et de Louis. Il est inhumé dans le parc du Moulin de Villeneuve, dans sa propriété de Saint-Arnoult-en-Yvelines, aux côtés d'Elsa.
« J'appelle la terreur du fond de mes poumons. »
? La Révolution surréaliste, 1925
« L'éclat des fusillades ajoute au paysage une gaieté jusqu'alors inconnue : ce sont des ingénieurs et des médecins qu'on exécute. »
? Front rouge, 1930
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